Rubrique > enseignement technique et professionnel
Titre > Suppression de la technologie en 6e, une aberration à plus d'un titre !
Mme Charlotte Leduc interroge M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la suppression de l'enseignement de technologie en classe de 6e. Cette décision interroge en effet à plusieurs titres. D'abord, elle n'a pas été discutée dans les instances de dialogue existantes avec les organisations représentatives du personnel et les associations de parents d'élèves. Cette absence de concertation et de négociation dénote d'une logique verticale et autoritaire qui ne peut que dégrader les relations de travail au sein de la communauté éducative. Ensuite, la pertinence d'une telle décision semble discutable. Le temps ainsi libéré doit certes permettre la mise en place d'une heure de soutien hebdomadaire partagé entre le français et les mathématiques pour « renforcer la maîtrise des savoirs fondamentaux » ; mais cette annonce ne suffit pas à masquer les raisons budgétaires qui ont poussé à ce choix. Cette heure de soutien devant se faire à moyens constant, c'est la technologie qui a joué le rôle de variable d'ajustement. Et il est difficile de ne pas soupçonner que la pénurie de professeurs de technologie a guidé cet arbitrage avant toute considération pédagogique. La maîtrise du français et des mathématiques est, bien entendu, indispensable à la réussite et à l'épanouissement des élèves. Mais si les études montrent que trop d'élèves arrivent en 6e avec des lacunes, c'est en amont qu'il faut agir en renforçant les moyens à l'école élémentaire. Un véritable renforcement des mathématiques et du français au collège ne sera possible qu'avec la diminution des effectifs par classe et la revalorisation des métiers de l'enseignement afin de surmonter la crise des recrutements. Une simple heure de soutien ne suffira pas à combler les difficultés accumulées par de nombreux élèves tout au long des 5 années qui ont précédé la 6e. En revanche, avec la suppression de la technologie, les élèves perdent une possibilité de découvrir une nouvelle dimension de la connaissance ancrée dans les sciences et techniques qui concourt à leur compréhension du monde. Cette matière leur permet en effet d'apprendre des techniques diverses, d'utiliser des machines particulières, d'essayer de comprendre le fonctionnement des objets, de travailler sur les matériaux, les énergies et l'impact écologique de tout cela. L'enseignement de technologie sert également souvent à la formation au numérique des élèves. Même si cet apprentissage est censé être partagé entre les différents enseignements, les professeurs de technologie sont souvent les plus qualifiés dans ce domaine et leurs salles dotées de postes informatiques qui font défaut ailleurs. La décision actuelle va donc supprimer la seule matière qui forme tous les élèves de 6e à l'informatique alors même que le retard français dans ce domaine est connu et documenté. Dans une ère où le renforcement de la culture manuelle et technique et la montée en puissance des filières technologiques et professionnelles, notamment pour faire face au défi climatique, sont une des nécessités absolues pour le pays ; la suppression de l'enseignement de technologie est un très mauvais signal envoyé à la jeunesse. Ces différents constats doivent amener à une remise en cause de cette décision. La formation manuelle et technique des futures citoyennes et des futurs citoyens ne saurait être une variable d'ajustement dans une éducation nationale gérée suivant une logique comptable. Elle lui demande sa position sur ce sujet.