majorité
Question de :
M. René André
Manche (2e circonscription) - Rassemblement pour la République
Question posée en séance, et publiée le 11 juin 1998
M. le président. La parole est à M. René André.
M. René André. Tout d'abord, monsieur le président, on peut regretter l'absence M. le Premier ministre tout en la comprenant, et nous la comprenons tous,...
M. le président. Je vous en donne acte.
M. René André. ... de même qu'on peut regretter l'absence de M. le président de l'Assemblée tout en la comprenant également. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. Très bien.
M. François Hollande. Et l'absence de M. Séguin ?
M. René André. Gardez votre sang-froid, mes chers collègues, parce que cela n'est pas sans intérêt. En effet, la précédente question ce n'est pas simplement M. Poignant qui l'a posée, ce sont les termes même d'une question qui a été posée le 31 janvier 1996 par l'actuel président de l'Assemblée nationale, M. Fabius. (Rires et applaudissements sur de nombreux bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
M. Richard Cazenave. Vous êtes nuls, mesdames, messieurs de la gauche !
M. René André. J'aurais donc aimé que le président de l'Assemblée nationale puisse être présent pour pouvoir se défendre face aux huées que vous lui avez adressées. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
M. Philippe Auberger. C'est l'arroseur arrosé !
M. Richard Cazenave. Ils sont ridicules !
M. René André. J'aurais également aimé que M. le Premier ministre, à qui je destinais cette question, puisse être là car elle n'est pas sans intérêt.
Votre réponse, monsieur le ministre de l'économie et des finances, est malheureusement l'illustration même des divisions qui affectent de plus en plus souvent votre majorité et votre gouvernement. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste. - Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Gardez votre calme, mes chers collègues, parce qu'il me paraît utile de vous rappeler quelles sont ces divisions auxquelles nous assistons actuellement.
Nous assistons actuellement, pour ne parler que des dernières, à une vive discussion entre Mme la garde des sceaux et M. le ministre de l'intérieur, à une opposition constante entre M. Strauss-Kahn et Mme Aubry, entre Mme Voynet et M. Chevènement. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Plusieurs députés du groupe socialiste. La question !
M. René André. Et je pourrais continuer.
Quand nous lisons, par ailleurs, dans le journal Le Parisien d'hier (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) qu'un membre éminent de votre majorité plurielle traite M. Strauss-Kahn de «roublard», vous comprendrez que nous avons tout lieu d'être inquiets. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.) M. Brard vous traite de roublard, monsieur le ministre, je n'y peux rien, mais, jusqu'à preuve du contraire, il fait toujours partie de votre majorité plurielle.
Plusieurs députés du groupe socialiste. La question !
M. René André. Plus sérieusement, tout cela aurait, me semble-t-il, nécessité des explications de M. le Premier ministre. Nous assistons à toute cette cacophonie, à toutes ces divisions, (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) à toutes ces mesquineries, à toutes ces fausses habiletés (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste. - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République), mais c'est de la France qu'il s'agit.
J'attends donc une réponse, peut-être par vous, monsieur le ministre de l'économie et des finances, dites-nous ce que vous en pensez. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe du Rassemblement pour la République et sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le député, tout le monde aura remarqué ici que je ne suis pas le seul roublard.
M. Arnaud Lepercq. Vous êtes le meilleur !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Reprendre une question qui date de plus de deux ans peut paraître malin mais ça ne l'est pas obligatoirement parce que les circonstances ne sont pas les mêmes. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Riez mais attendez la suite ! Il y a au moins une chose que l'on n'a pas pu répondre à M. Fabius il y a deux ou trois ans, c'est que le taux du livret d'épargne populaire, lui, ne bouge pas.
M. Philippe Auberger. Le livret jeunes, c'est nous !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Dans ces conditions, puisque c'est bien à l'épargne populaire que vous faites allusion, reconnaissez que la mesure que vient de prendre le Gouvernement est très différente de celle que vous aviez prise.
M. René André. Etes-vous roublard, oui ou non ?
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Quant à la division de la majorité, il ne m'appartient pas de vous répondre, mais je n'ai constaté aucune division dans les groupes de la majorité ces derniers temps (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République), alors que la création du groupe «Dérive libérale» au sein de l'opposition (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste) me semble clairement manifester le fait que vous n'avez même pas pu rester unis au sein des groupes qui existaient.
Honnêtement, laissez la majorité fonctionner comme elle l'entend. Le mouvement qui vous conduit, d'un côté, à aller vers l'alliance et, de l'autre côté, à multiplier les groupes de l'opposition n'apparaît pas clairement comme celui de la plus grande unité. En tout cas, c'est le point de vue de la majorité qui, croyez-le bien, s'en réjouit. (Applaudissement sur les bancs du groupe socialiste et sur quelques bancs du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Auteur : M. René André
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Partis et mouvements politiques
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 11 juin 1998