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N° 1745

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ASSEMBLÉE   NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

SEIZIÈME LÉGISLATURE

 

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 14 octobre 2023.

RAPPORT

FAIT

 

 

AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L’ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU CONTRÔLE BUDGÉTAIRE SUR LE PROJET DE loi de finances pour 2024 (n° 1680),

 

PAR M. Jean-René CAZENEUVE,

Rapporteur général

Député

 

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ANNEXE N° 43
 

 

SÉCURITÉS :

 

SÉCURITÉ CIVILE

 

 

Rapporteur spécial : M. Florian CHAUCHE

 

 

Député

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SOMMAIRE

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Pages

PRINCIPALES OBSERVATIONS Du RAPPORTEUR SPÉCIAl

DONNÉES CLÉS

Introduction

I. Les crÉdits en faveur des moyens opérationnels nationaux et de la prÉvention : la part prépondérante des moyens opérationnels, la prÉvention, grande oubliée du programme

A. LA PART TOUJOURS PRÉPONDÉRANTE DES CRÉDITS DES MOYENS OPÉRATIONNELS NATIONAUX DE LA SÉCURITÉ CIVILE, À L’ACTION 12 : DES PLANS DE RENOUVELLEMENT INSUFFISANTS ET TROP LENTS AU REGARD DES ENJEUX

1. Les avions et les moyens déployés contre les feux de forêt

2. Le renouvellement en cours de la flotte d’hélicoptères

3. Les dépenses relatives au maintien en condition opérationnelle

4. Le besoin d’adapter les indicateurs relatifs aux moyens aériens

B. Les autres moyens opérationnels et la prÉvention (actions 11, 12 et 14)

1. Présentation des crédits de l’action 11 Prévention et gestion des crises des crédits qui soutiennent l’activité des moyens aériens

2. Présentation des crédits de l’action 11 en faveur du financement d’actions de recherche et de prévention en matière de feux de forêt et de végétation

3. Les crédits de l’action 12 qui financent les moyens terrestres (FORMISC)

4. La multiplication par deux des crédits de l’action 14 Fonctionnement, soutien et logistique, hausse artificielle, conséquence d’une mesure de transfert

II. l’urgence de mieux considÉrer les autres acteurs qui contribuent à la sÉcurité civile et de prendre en compte le changement de doctrine opérationnelLe et financiÈre de l’agence nationale de la sÉcurité civile (action 13)

A. Les moyens en faveur des « pactes capacitaires »

B. les moyens en faveur DE LA BRIGADE DES SAPEURS POMPIERS DE PARIS

C. L’impasse du modèle actuel de soutien aux associations

1. Le rôle essentiel des associations agréées

2. Le caractère insuffisant de l’accompagnement financier de l’État

D. nexsis18-112 : UN CHANGEMENT DE DOCTRINE ET des retards de déploiement

1. L’ANSC, opérateur du programme, en charge du développement du projet NexSIS 18-112

2. Une nouvelle stratégie de déploiement, plus tardive que prévu, présentée comme incontournable pour un accompagnement « sur mesure » pour chaque SIS

3. Pour 2024, une nouvelle stratégie financière qui présente des risques

EXAMEN EN COMMISSION

ANNEXES

principaux éléments relatifs à la saison des feux 2022 apportés par la DGSCGC au rapporteur spécial

LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES  PAR LE RAPPORTEUR SPÉCIAL

 

 

 

L’article 49 de la loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF) fixe au 10 octobre la date limite pour le retour des réponses aux questionnaires budgétaires.

À cette date, 0 % des réponses relatives à la mission étaient parvenues à la commission des finances.

Le rapporteur spécial ne peut que s’étonner et regretter de n’avoir reçu aucune réponse à la date du 10 octobre. Il appelle la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises à une vigilance renforcée pour une transmission des réponses, à l’avenir, dans les délais prévus par la LOLF. Il souhaite faire remarquer qu’il avait déjà connu des difficultés semblables l’année dernière.

 


   PRINCIPALES OBSERVATIONS Du RAPPORTEUR SPÉCIAl

– Le rapporteur spécial considère que les crédits attribués au programme 161 sont loin d’être suffisants, que ce soit au regard de l’inflation, ou encore en comparaison avec les crédits attribués aux autres programmes de la mission Sécurités mais surtout au regard de la progression des risques naturels qui résulte du changement climatique, et de la mobilisation croissante des moyens consacrés à la protection des populations et à la gestion des crises.

– Il s’inquiète tout particulièrement du renouvellement et de l’agrandissement de la flotte d’aéronefs de la sécurité civile, au regard des incertitudes pesant sur la capacité du constructeur De Havilland de tenir les délais de fabrication et de livraison d’avions bombardiers d’eau amphibie. Pour lui, il est nécessaire d’envisager d’autres pistes pour renforcer la flotte de la sécurité civile. À ce titre, le rapporteur spécial constate le caractère complémentaire des hélicoptères lourds bombardiers d’eau aux côtés des Canadair et des DASH et plaide pour l’acquisition par l’État de tels appareils. Ces appareils sont également utilisés et loués par certains SIS ainsi que par la DGSCGC, dont le coût est important et qui posent par ailleurs des problèmes opérationnels et ne permettent pas les vols de nuit.

– Il s’étonne de l’absence d’augmentation des crédits consacrés aux subventions aux organismes de recherche et de prévention par rapport dont les subventions stagnent depuis plusieurs années, d’autant que leurs montants lui semblent particulièrement sous-dimensionné par rapport au rôle essentiel de ces organismes dans la compréhension et l’anticipation des crises.

– Cette préoccupation du rapporteur spécial s’applique aussi au montant de la participation de l’État au financement de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, nettement inférieure aux besoins exprimés par cette institution. Il évalue à un minimum de 3 millions d’euros le besoin de financements supplémentaires à l’action 13, en AE et en CP.

– Le rapporteur spécial souhaite également insister sur la fragilité du mode de financement actuel de nos associations agréées de sécurité. Fortes de 250 000 bénévoles, les associations agréées de sécurité civile sont un acteur majeur de la sécurité civile. Elles sont toutefois insuffisamment reconnues et considérées pour les missions qu’elles réalisent et le rapporteur spécial demande à l’État de prendre la mesure de la gravité de la situation et d’agir de toute urgence. Il prône enfin la mise en place de pactes capacitaires au profit de nos AASC sur le modèle de ce qui a été fait pour les SDIS.

 Le rapporteur spécial s’inquiète des forts retards dans le déploiement par l’ANSC, seul opérateur du programme, du projet NexSIS 18-112. Si l’ANSC a présenté des arguments solides pour justifier d’un changement de doctrine dans le déploiement du système NexSIS 18-112, il n’en demeure pas moins que ce changement se traduit par un nouveau retard dans le déploiement du système NexSIS18-112.

 


   DONNÉES CLÉS

Évolution des crÉdits du programme SÉcuritÉ civile

(en millions d’euros)

 

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

 

LFI
2023

PLF
2024

Évolution 2023-2024

LFI
2023

PLF
2024

Évolution 2023-2024

Programme 161

1 472

686,5

– 53,4 %

714,1

734,6

+ 2,87 %

Source : commission des finances d’après le projet de loi de finances pour 2024.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS DU programme SÉcuritÉ civile

(en millions d’euros)

Source : commission des finances, d’après les documents budgétaires.

RÉpartition des CP DU programme 161, par fonction

Source : commission des finances, d’après les documents budgétaires.


   Introduction

Le programme 161 Sécurité civile relève de la mission Sécurités. Il porterait en 2024 2,74 % de ses autorisations d’engagement (AE) soit 686,48 millions d’euros et 3 % de ses crédits de paiement (CP) soit 734,64 millions d’euros.

Le rapporteur spécial rappelle d’emblée que si l’État est « garant de la cohérence de la sécurité civile au plan national » et s’il « en définit la doctrine et les moyens » ([1]), le programme 161 n’est pas le principal vecteur de financement de la sécurité civile au quotidien. En effet, la sécurité civile est assurée en large partie par les services d’incendie et de secours (SIS), dont les budgets reposent notamment sur de la fiscalité transférée aux collectivités territoriales (fraction de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance – TSCA). De plus, d’autres programmes du budget général financent l’effort de l’État en la matière.

S’agissant du programme 161, les crédits demandés pour 2023 s’inscrivent en recul de 53,36 % en AE et en légère hausse de 2,87 % en CP. Le rapporteur spécial souhaite faire remarquer que les diminutions importantes entre la LFI 2023 et le PLF 2024 en AE, résultent de la contractualisation en 2023 d’importants marchés de renouvellement des moyens opérationnels : 150 millions d’euros en AE pour les pactes capacitaires ; 471,6 millions d’euros en AE pour l’acquisition de 36 hélicoptères du type H 145 ; 240 millions d’euros en AE pour le renouvellement et l’extension de la flotte d’avions bombardiers d’eau amphibie

Après un important programme d’auditions et de déplacements, le rapporteur spécial ne peut que qualifier d’insuffisantes les dotations proposées, qui permettent à peine de prendre en compte l’évolution de l’inflation et les différentes revalorisations salariales (mise en œuvre par exemple du décret du 28 juin 2023 portant revalorisation du point d’indice, différentes mesures visant à favoriser le pouvoir d’achat des personnels civils et militaires de l’État). Le budget alloué au programme 161, est, de l’avis du rapporteur, insuffisant au regard des enjeux majeurs auxquels les moyens nationaux de la sécurité civile sont confrontés.

Il fait également remarquer que la hausse en crédits de paiement est la hausse la plus faible, tant en valeur réelle que relative, des quatre programmes composant la mission Sécurités. Si l’on prend en considération les perspectives actuelles d’inflation pour l’année 2024 (+ 2,6 %), telles qu’inscrites dans le rapport économique, social et financier annexé au PLF pour l’année 2024, la hausse des crédits de paiement est inférieure à 0,3 %. Ce budget stagne alors qu’encore une fois, de l’avis du rapporteur, il devrait augmenter considérablement pour préparer nos forces de sécurité civile aux défis à venir.

*

*     *

 

Le programme 161 se décompose en 4 actions :

– l’action 11 Prévention et gestion des crises est dotée de 49,5 millions d’euros en AE et de 75,78 millions d’euros en CP pour 2024. Cette action comprend la veille, l’alerte et la gestion interministérielle des crises, la solidarité nationale – et à ce titre les colonnes de renfort et les crédits d’extrêmes urgences – ainsi que la prévention opérationnelle et la protection des populations. ;

– l’action 12 Préparation et interventions spécialisées des moyens nationaux porte la majorité des crédits du programme et est dotée de 414 millions d’euros en AE et 442,9 millions d’euros en CP. Cette action porte les moyens aériens nationaux (avions et hélicoptères de la sécurité civile), les moyens terrestres (Formations militaires de la sécurité civile), les moyens nationaux dédiés au déminage et les moyens nationaux de soutien ;

– l’action 13 Soutien aux acteurs de la sécurité civile est dotée de 190,2 millions d’euros en AE et de 183,9 millions d’euros en CP, en faveur des activités de coordination et de formation des autres acteurs de la sécurité civile ;

 l’action 14 Fonctionnement, soutien et logistique est dotée de 32,8 millions d’euros de crédits en AE et de 32 millions d’euros en CP, elle regroupe les fonctions de soutien général du programme, à l’instar des dépenses informatiques mutualisées, du carburant des véhicules terrestres ou des services d’état-major. Elle connaîtrait la hausse la plus importante du programme, soit 127,9 % des AE et + 122,2 % des CP. Le rapporteur tient toutefois à relativiser cette hausse qui relève du transfert de 16,4 millions d’euros en AE et 15,6 millions d’euros en CP en provenance du programme 216 Conduite et pilotage des politiques du ministère de l’intérieur » en vue d’une réintégration des dépenses liées aux systèmes d’information au sein de chaque direction « métier ».

Évolution des crédits par action du programme Sécurité civile en plf 2024

(en millions d’euros)

Actions

Autorisation d’engagement

Crédits de paiement

LFI
2023

PLF
2024

Évolution
(%)

LFI
2023

PLF
2024

Évolution
(%)

11. Prévention et gestion des crises

76,2

49,5

– 53,4

55,3

75,8

+ 37,1

12. Préparation et interventions spécialisées des moyens nationaux

1 060

414

– 35,1

442,1

442,9

+ 0,2

13. Soutien aux acteurs de la sécurité civile

321,4

190,2

– 61

202,3

184

– 9

14. Fonctionnement, soutien et logistique