FICHE QUESTION
10ème législature
Question N° : 1055  de  M.   Quilès Paul ( Socialiste - Tarn ) QG
Ministère interrogé :  défense
Ministère attributaire :  défense
Question publiée au JO le :  19/10/1995  page :  1960
Réponse publiée au JO le :  19/10/1995  page :  1960
Rubrique :  Defense nationale
Tête d'analyse :  Politique de la defense
Analyse :  Essais nucleaires. reprise. consequences
DEBAT : M. le president. La parole est a M. Paul Quiles.
M. Paul Quiles. L'un des deux essais nucleaires effectues ces dernieres semaines avait pour objectif de valider la tete nucleaire TN 75. Meme si l'on partage l'opinion que cet essai etait necessaire, il apparait de plus en plus evident, monsieur le Premier ministre, que ceux qui sont encore programmes seront inutiles. (Vives protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Pierre Lellouche. Et les quatre-vingt-six essais realises sous Mitterrand !
M. Andre Fanton. Et ceux que vous avez faits !
M. Paul Quiles. Ecoutez-moi jusqu'au bout, mes chers collegues ! Vous y avez interet. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. le president. Veuillez poursuivre, monsieur Quiles !
M. Paul Quiles. C'est un sujet serieux qui merite que l'on s'ecoute !
Ces essais seront inutiles, c'est en tout cas ce que pensent de nombreux scientifiques et experts.
M. Richard Cazenave. Demagogue !
M. Paul Quiles. C'est ce que nous pensons. C'est aussi ce que vient de declarer l'un de nos collegues de la majorite, ancien president de la Republique. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.) Ecoutez ce qu'il dit !
«Notre force de dissuasion n'a pas besoin, dans les prochaines annees, d'etre perfectionnee. («C'est faux !» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Andre Fanton. Vous representez le syndicat des anciens Presidents !
M. le president. Veuillez poursuivre, monsieur le depute !
M. Paul Quiles. «Elle est largement dimensionnee par rapport a des menaces strategiques nucleaires qui n'existent pas dans le present et dont on n'apercoit pas l'apparition a echeance previsible.» (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.) Vos cris n'empechent pas que M. Giscard d'Estaing ait ecrit cet article dans Le Figaro, il y a quelques jours !
Monsieur le Premier ministre, etes-vous pret a demander au President de la Republique d'arreter le programme d'essais nucleaires en cours ? («Non !» sur les bancs du Rassemblement pour la Republique.) Cela apaiserait l'emotion considerable qu'a provoquee, en France et dans le monde, sa decision du 13 juin. Cela permettrait aussi a notre pays, sans mettre en cause sa capacite de dissuasion, de retrouver l'autorite morale, diplomatique et politique indispensable...
M. Jean Glavany. Parfaitement !
M. Paul Quiles. ... au moment ou le monde doit s'engager dans la desescalade nucleaire et dans la lutte contre la proliferation. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.) Prendre cette decision aujourd'hui serait certainement percu comme un service rendu a la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Protestations et huees sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique et du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre.)
M. le president. Je vous en prie, mes chers collegues, ne prenez pas exemple sur la mauvaise conduite des parlements exterieurs !
La parole est a M. le ministre de la defense.
M. Charles Millon, ministre de la defense. Monsieur le depute, en vous ecoutant me revenait en memoire le jugement d'un ancien ministre des affaires etrangeres, M. Cheysson, qui, lorsqu'il a pris connaissance de la position de certains dignitaires socialistes sur la campagne d'essais nucleaires, a dit simplement: «J'ai honte d'etre socialiste.» (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
En vous ecoutant, monsieur le depute, m'est revenue en memoire la prise de position d'un ancien ministre de la defense, M. Chevenement, qui a explique sur tous les tons et avec grande pertinence que la France devait absolument avoir une force de dissuasion nucleaire...
M. Jean Glavany. Cela n'a rien a voir !
M. le ministre de la defense. ... si elle voulait rester une grande puissance influente. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
En vous ecoutant, monsieur le depute, m'est revenue en memoire l'analyse du philosophe Glucksmann...
M. Jean-Pierre Brard. Ce n'est pas un philosophe, c'est un saltimbanque !
M. le ministre de la defense. ... qui expliquait que si la France voulait pouvoir intervenir pour faire respecter les droits de l'homme en Bosnie, elle devait etre une grande puissance, et que, aujourd'hui, l'un des attributs d'une grande puissance c'etait la detention d'une force qui evite la guerre, qui dissuade l'ennemi: une force de dissuasion nucleaire. («Bravo !» et applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Paul Quiles. Vous n'aviez pas besoin d'essais nucleaires supplementaires ! C'est ce que dit M. Giscard d'Estaing !
M. le president. Monsieur Quiles, je vous en prie !
Poursuivez, monsieur le ministre !
M. Martin Malvy. Qu'il reponde a la question !
M. le ministre de la defense. N'ayez crainte, monsieur Malvy, je reponds precisement a la question. Simplement je tiens a dire a M. Quiles qu'il devrait prendre des cours de lecture et relire l'article signe par l'ancien president de la Republique, Valery Giscard d'Estaing. Selon lui, les essais qui ont actuellement lieu en Polynesie, a Mururoa, doivent avoir un double objectif. Premier objectif: valider la TN 75.
M. Paul Quiles. C'est fait !
M. le ministre de la defense. Second objectif: permettre l'accumulation de donnees scientifiques pour pouvoir effectuer les simulations et accorder une credibilite certaine a notre force de dissuasion. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Pierre Lellouche. Voila !
M. le ministre de la defense. Alors je sais, monsieur Quiles, erreur en deca, verite au-dela ! Lorsque vous etiez ministre de la defense, vous etes alle vous baigner dans le lagon de Mururoa pour prouver l'inocuite des essais nucleaires (Huees sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique) et vous jugiez alors qu'ils etaient necessaires. Mais maintenant que vous etes dans l'opposition, vous changez de position, au mepris de la France. ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et du groupe du Rassemblement pour la Republique. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
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