FICHE QUESTION
10ème législature
Question N° : 1369  de  M.   Perrut Francisque ( Union pour la démocratie française et du Centre - Rhône ) QE
Ministère interrogé :  éducation nationale
Ministère attributaire :  éducation nationale
Question publiée au JO le :  24/05/1993  page :  1422
Réponse publiée au JO le :  18/10/1993  page :  3553
Rubrique :  Enseignement
Tête d'analyse :  Programmes
Analyse :  Histoire. periode de l'Occupation
Texte de la QUESTION : M. Francisque Perrut appelle l'attention de M. le ministre de l'education nationale sur la necessite d'ameliorer les conditions de formation de l'esprit civique des jeunes en age scolaire, en apportant notamment un interet plus grand a l 'enseignement de certaines etapes essentielles de notre histoire, et tout particulierement aux evenements qui ont marque la periode de juin 1940 a mai 1945. Alors que les acteurs et les temoins de ces faits historiques, qui ont ete determinants pour l'avenir de notre pays, deviennent de moins en moins nombreux, il convient en effet de perpetuer leur souvenir aupres des nouvelles generations. Il lui demande quelles initiatives il compte prendre en ce domaine, et tout naturellement a l'occasion des principales dates commemoratives de ces evenements.
Texte de la REPONSE : Le ministre a ete tres sensible a la demarche de l'honorable parlementaire. En effet, la formation de l'esprit civique des eleves est pour lui une des missions principales de l'ecole. Il est egalement convaincu que, face au reveil des integrismes et des nationalismes et a la tentation de l'individualisme, le devoir de memoire est une necessite d'aujourd'hui pour transmettre les valeurs de liberte et d'humanite qui fondent notre culture et notre societe. C'est particulierement vrai a propos de la Seconde Guerre mondiale, qui est la derniere tres grande epoque de courage et d'heroisme, individuel et collectif que notre pays ait eu a connaitre. C'est une epoque fondatrice de notre conscience contemporaine, de notre foi dans les droits de l'homme, de notre refus du totalitarisme et de la barbarie humaine. Ce devoir de memoire est d'autant plus necessaire que les jeunes generations ont une connaissance de plus en plus indirecte des faits et des hommes de la Seconde Guerre mondiale. L'ecole doit et peut participer a ce devoir de memoire d'une facon privilegiee. Elle le fait deja au moyen de l'education civique, mais surtout grace a l'enseignement de l'histoire. La Seconde Guerre mondiale est ainsi etudiee a plusieurs moments de la scolarite des enfants, notamment a l'ecole elementaire (« La Seconde Guerre mondiale »), puis, au college, en classe de troisieme, enfin, au lycee, en premiere et en terminale. Les contenus traitent de tous les aspects de cette guerre. Ils insistent notamment, des la troisieme, sur le « caractere total du conflit » et mettent l'accent sur « la solution finale » ainsi que sur « la guerre d'extermination conduite par l'Allemagne ». Un chapitre special du programme de premiere, intitule « Occupation et Resistance dans l'Europe hitlerienne - Systeme concentrationnaire et genocide », invite les enseignants a souligner les atrocites qui ont marque l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. En ce qui concerne la France, l'etude de la periode de l'Occupation s'accompagne d'une analyse de la « nature du regime de Vichy » et des « diverses formes de la collaboration d'Etat » et rappelle le role joue par la France libre et la Resistance, presente comme une veritable « lecon morale et civique ». Les instructions accompagnant ces programmes assignent a l'historien la mission de « parler clair, de preciser le vocabulaire (camps de concentration, camps d'extermination, genocide), de decrire avec precision les etapes qui conduisent a la solution finale », d'evoquer enfin « le bouleversement des consciences face a la revelation officielle de l'existence de camps de deportes et des horreurs du systeme concentrationnaire » et « les variations jusqu'a nos jours de la memoire et de l'oubli ». Les enseignements d'histoire consacrent donc deja une part appreciable des contenus a ces evenements et a l'analyse exemplaire qu'ils appellent. L'ecole doit aussi participer au souvenir collectif de la nation a l'occasion des principales dates commemoratives. Elle leur accorde deja une place importante. Ainsi, a l'occasion de la journee nationale du souvenir de la deportation et de l'anniversaire de la victoire de 1945, des instructions sont donnees aux autorites academiques afin que les eleves approfondissent leurs connaissances sur cette periode. De meme, les directeurs d'ecole et les enseignants sont invites a proposer des sequences pedagogiques sur ces themes, a partir, par exemple, de documents, de recits ou de temoignages directs d'anciens combattants, resistants et deportes, propres a susciter l'interet et l'emotion des eleves et a les inciter a une reflexion a la mesure de leur maturite. Le ministre tient a ce que ces programmes et ces instructions soient respectes. Il faut egalement evoquer les concours proposes aux eleves, comme le concours national de la Resistance ou le concours organise par l'association « Rhin et Danube » : le ministre a tenu, dans ce dernier cas, a remettre personnellement les recompenses aux laureats en presence de la marechale de Lattre. Par ailleurs, le ministre tient a ce que la nouvelle chaine televisee educative accorde une grande place dans ses programmes a l'evocation, souvent plus suggestive pour les jeunes grace a la force des images de ces evenements. « L'ideal, disait Jean Moulin, l'ideal n'est pas une chose qui se consomme, mais une valeur qui s'entretien et se passe comme un flambeau. » Au-dela des contenus, des programmes ou des commemorations, le ministre fait aussi confiance a la conviction des enseignants eux-memes pour transmettre a nos enfants les ideaux de tolerance, de liberte mais aussi de courage qui fondent la Republique.
UDF 10 REP_PUB Rhône-Alpes O