Texte de la QUESTION :
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M. Jean-Pierre Pont appelle l'attention de M. le ministre de la communication au moment ou le Parlement se preoccupe a juste titre de la defense de la langue francaise, face a l'envahissement des vocables anglais. Il est inquietant de constater le traitement deplorable inflige a notre langue sur les ondes et a la television. Or, qu'il faille s'en feliciter ou le regretter, il est evident que radios et televisions representent aujourd'hui le vehicule essentiel de la culture et de la langue parlee pour la grande majorite de notre jeunesse. Il est navrant d'entendre le plus connu des presentateurs des chaines publiques annoncer dans un journal de 20 heures qu'il « s'excuse (sic) d'avoir un peu enduit d'erreur les telespectateurs (sic) ! » meme s'il s'agit d'une plaisanterie ! De meme les journalistes d'une chaine d'information continue ignorent totalement que les liaisons font partie de la langue parlee et qu'elles concourent aussi, pour les jeunes, a l'apprentissage de l'orthographe. Pourrait-il intervenir pour que le service responsable, au Conseil superieur de l'audiovisuel, de la bonne utilisation de la langue francaise se montre un peu plus vigilant ? D'autre part, pourrait-il demander au president du CSA d'inciter les presidents des chaines de radio et de television a veiller rigoureusement a la qualite de la langue francaise utilisee sur leurs antennes par les journalistes et les presentateurs ?
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Texte de la REPONSE :
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Comme le sait l'honorable parlementaire, l'article 1er de la loi du 30 septembre 1986 modifiee ayant affirme le principe de la liberte de communication, les services de communication audiovisuelle sont donc seuls responsables du traitement et du contenu de l'information et par consequent du langage des journalistes et animateurs, dans le cadre des missions qui leur sont imparties par leur cahier des charges ou leur autorisation, sous le controle du Conseil superieur de l'audiovisuel. En effet, l'article 1er de la loi du 30 septembre 1986 modifiee relative a la liberte de communication a confie au Conseil superieur de l'audiovisuel la mission de veiller a la defense et a l'illustration de la langue et de la culture francaises. A ce titre, l'instance de regulation est tres attentive a sa mission qu'elle accomplit avec beaucoup de diligence. Tout d'abord, le CSA veille au respect des obligations envers la langue francaise inscrites aux cahiers des missions et des charges des societes nationales de programmes ainsi que dans les decisions d'autorisation et les conventions passees avec les diffuseurs prives. A cet egard, la reforme en cours du cahier des charges de France 2 et France 3 integre une nouvelle disposition portant proscription des termes etrangers lorsque leurs equivalents existent en francais. Le CSA est ainsi conduit a intervenir aupres des professionnels soit pour appeler leur attention sur « certaines pratiques langagieres », soit pour leur demander de respecter les dispositions de la loi du 31 decembre 1975 relative a l'emploi de la langue francaise. Cette mission sera d'autant plus importante que le nouveau texte, actuellement en phase de discussion au Parlement, renforce sensiblement les obligations des services de communication audiovisuelle en la matiere. Ainsi, si les efforts du CSA aux fins de defense de la langue francaise n'ont pu supprimer quelques incorrections qui affectent la langue employee dans les medias audiovisuels, ils n'ont cependant pas ete inutiles comme le souligne son rapport d'activite pour 1993. C'est ainsi qu'ont pu etre elimines certains anglicismes (« sniper » etant remplace le plus souvent par les equivalents « tireur isole » ou « franc tireur »), certaines improprietes (« consequent » au sens « d'important », par exemple) ou encore certaines formules que leur repetition rendait insupportables (comme le « patron » ou le « chef » ou le « leader » de l'Elysee). Le CSA a en outre constate une prise de conscience de plus en plus affirmee des journalistes et des animateurs qui n'hesitent plus a evoquer a l'antenne des points de syntaxe, de vocabulaire ou de prononciation. Par ailleurs, le bulletin mensuel de l'instance de regulation, la Lettre du CSA, consacre a la langue francaise une rubrique reguliere qui denonce les incorrections : fautes de syntaxe, improprietes, vocabulaire argotique ou vulgaire, anglicismes pour lesquels des equivalents francais sont rappeles. Ces articles sont repris a la radio, dans la presse nationale et regionale, ainsi que dans les revues et bulletins specialises dans la promotion de la langue francaise. Parallelement, le CSA participe aux travaux de plusieurs commissions ministerielles de terminologie, et notamment a ceux de la commission des sports, de l'informatique, du tourisme et des affaires etrangeres. Enfin, le CSA repond aux demandes de renseignements linguistiques ou terminologiques, emanant de journalistes, d'auditeurs ou de telespectateurs.
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