FICHE QUESTION
10ème législature
Question N° : 1638  de  M.   Carrez Gilles ( Rassemblement pour la République - Val-de-Marne ) QG
Ministère interrogé :  éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère attributaire :  éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Question publiée au JO le :  22/05/1996  page :  3236
Réponse publiée au JO le :  22/05/1996  page :  3236
Rubrique :  Enseignement maternel et primaire
Tête d'analyse :  Illettrisme
Analyse :  Lutte et prevention
DEBAT : M. le president. La parole est a M. Gilles Carrez.
M. Gilles Carrez. Ma question s'adresse a M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche.
Le ministere de l'education nationale vient de rendre public le bilan des epreuves d'evaluation realisees lors de la derniere rentree aupres des eleves qui entrent en classe de CE 2 et de ceux qui entrent en sixieme au college.
Les resultats sont contrastes: s'il apparait que les bons eleves sont plus nombreux qu'autrefois et que le niveau moyen s'eleve, une donnee, en revanche, suscite l'inquietude. En effet, un ecolier sur quatre ne maitrise pas les competences de base en lecture ou en calcul a l'entree au college.
Nous connaissons, monsieur le ministre, les efforts que vous deployez afin de lutter contre l'echec scolaire et contre l'illettrisme. Ainsi, dans le primaire, les programmes de l'ecole ont ete reecrits afin d'etre centres sur l'essentiel, privilegiant une approche concrete des matieres a aborder et des notions fondamentales a acquerir. De meme, l'institution depuis la rentree 1994 des etudes dirigees a raison d'une demi-heure quotidienne apparait de nature a ameliorer la maitrise des connaissances fondamentales.
M. Louis Mexandeau. C'est la rentree 1998 qui va etre dure !
M. Gilles Carrez. Au college, la mise en place progressive des heures d'etudes dirigees pour la nouvelle sixieme s'integre parfaitement dans le dispositif visant a resorber l'echec scolaire.
Cette etude ne remet pas en cause l'efficacite globale de notre systeme educatif qui, depuis trente ans: se traduit par une elevation constante du niveau general des eleves. Toutefois, elle me conduit, monsieur le ministre, a vous poser deux questions. («Ah !» sur les bancs du groupe socialiste.)
Tout d'abord, comment accroitre l'efficacite pedagogique aupres des ecoliers en grande difficulte ?
M. Jean Glavany. Il n'en sait rien !
M. Gilles Carrez. Ensuite, comment, compte tenu des contraintes budgetaires incontournables, reorienter les moyens existants afin de repondre aux objectifs retenus dans la loi de programmation pour le nouveau contrat pour l'ecole ? (Applaudissement sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. le president. La parole est a M. le ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche.
M. Francois Bayrou, ministre de l'education nationale, de l'enseignement superieur et de la recherche. Monsieur le depute, vous avez a juste titre rappele les efforts considerables menes pour lutter contre la part toujours trop importante d'eleves en echec dans notre systeme educatif.
Je tiens cependant a expliciter le chiffre que vous avez donne, trop souvent mal interprete. Ce quart, ces 23 ou 24 p. 100 resultent de l'addition des eleves en difficulte sur le plan de la lecture et de la langue et de ceux en difficulte pour le calcul. Ceux qui se heurtent a des echecs dans les deux disciplines ne representent que 6 ou 7 p. 100 des eleves - ce qui est deja trop, evidemment.
Mais, dans cette affaire, les querelles de statistiques restent secondaires. Notre societe, nous le savons bien, fait naitre certaines difficultes sociales, psychologiques ou affectives chez les enfants, auxquelles l'ecole a le plus grand mal a trouver une reponse. Pour y repondre, il n'y a qu'une strategie; vous l'avez rapidement definie, je la reprends apres vous.
Premierement, recentrer les programmes et les exigences de l'ecole sur l'essentiel. L'ecrire, le lire et le compter, s'ils sont moques ici ou la, ne meritent pas ce ton de derision. Nous avons raison d'affirmer que c'est la le centre de ce que nous devons transmettre aux enfants.
Deuxiemement, chaque fois que possible, rechercher des pedagogies differenciees. Dans cet esprit, les etudes dirigees, l'aide au travail personnel tous les jours, pour tous les eleves de France, en application depuis la rentree derniere, sont la bonne reponse.
Troisiemement, recentrer, redeployer les moyens disponibles ou rendus disponibles par la baisse demographique vers les eleves les plus en difficulte. C'est ce que nous avons fait. Le monde rural profond et les zones d'education prioritaires ont vu leur encadrement ameliore, grace, pour l'essentiel, aux marges degagees par la baisse demographique. On peut, me semble-t-il, gerer mieux et au plus pres de l'interet des eleves. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la democratie francaise et du Centre et sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la Republique.)
M. Christian Bataille. Des mots !
RPR 10 REP_PUB Ile-de-France O