Texte de la QUESTION :
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M. Alain Bocquet souhaite interroger M. le ministre des affaires etrangeres sur l'attitude de la France concernant la situation actuelle mais qui perdure au Tchad. Le president Idriss Deby est aux commandes du pays depuis le 1er decembre 1990 mais force est de constater qu'aucune amelioration notable par rapport au regime de son predecesseur Hissen Habre n'est perceptible. Bien au contraire, l'insecurite ne cesse de s'aggraver, les arrestations s'intensifient. Les paysans et les eleveurs sont continuellement rackettes, l'economie nationale est paralysee. Les organisations humanitaires, tant tchadiennes qu'internationales, ont etabli des rapports soulignant les violations permanentes des droits de l'homme. La France, par sa presence economique, politique et militaire, ne peut ni ignorer la repression qui s'abat sur les organisations humanitaires et syndicales ni se degager de ses responsabilites. Le soutien a un regime honni par la population risquerait de radicaliser les differentes forces politiques et militaires en presence. Aussi il lui demande ce qu'il compte entreprendre afin que les droits de l'homme, la democratie et la liberte soient enfin respectes au Tchad.
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Texte de la REPONSE :
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Le Tchad est un pays a l'unite fragile dont la vie politique a manque de stabilite depuis de nombreuses annees. Comme l'a constate l'honorable parlementaire, les forces armees du Tchad n'ont pas toujours contribue autant qu'on pouvait le souhaiter a la paix et a la stabilite interieure et il est avere que de graves violations des droits de l'homme ont ete rapportees a plusieurs reprises et encore tout recemment au mois d'avril dernier dans les provinces meridionales. En depit de ces faits preoccupants, le Tchad a connu un certain progres ces derniers temps. Le president Idriss Deby, arrive au pouvoir en 1990, a engage une politique de dialogue pour moderniser son pays. Les partis politiques ont ete autorises et la liberte de la pensee assuree. L'opinion a ete consultee a travers une conference nationale qui a reuni, de janvier a avril, ses principaux representants. Un premier ministre, choisi par les conferenciers, a ete nomme par le chef de l'Etat. M. Fidel Moungar a forme un gouvernement transitoire d'union qui a entame, en attendant des elections prevues dans douze a dix-huit mois, un assainissement economique et financier indispensable a la bonne marche de l'Etat. Le Gouvernement s'est par ailleurs engage a assurer le respect des droits de l'homme et a poursuivre le plan de reduction des effectifs militaires, beaucoup trop nombreux. Cette politique ambitieuse est evidemment tres difficile a reussir dans un pays aussi divise par d'ancestrales rivalites ethniques, et vulnerable aux ambitions averees (Libye) ou probables (islamistes soudanais) d'Etats voisins. Mais dans leur entreprise, les autorites du Tchad beneficient de l'aide et du soutien de la France, qui s'exerce et s'exercera, comme le sait bien l'honorable parlementaire, dans le sens de la moderation, du dialogue, de l'ouverture et des droits de l'homme. Les revers constates dans le passe dans ces domaines encouragent la France a maintenir au Tchad une presence constante, amicale et vigilante, en accord avec les autorites de ce pays, auquel le notre est attache par des liens historiques. C'est a ce niveau, et non a celui de la gestion directe des affaires, que se situent les responsabilites de la France, qu'elle a toujours pleinement assurees.
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