Texte de la REPONSE :
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Le francais a le statut de langue officielle et de travail dans l'ensemble des organes, institutions et missions des Nations Unies dont la France est membre. Son influence, comme celle des autres langues, est menacee par les progres de l'anglais qui s'est impose a la faveur d'elements geographiques (de nombreuses agences ont leur siege a New York), de l'invocation de l'economie et de l'efficacite (tenue de reunions informelles, publications de predocuments en anglais), et de la surrepresentation des pays anglophones aux echelons decisionnels. La France s'emploie depuis de nombreuses annees a combattre cette tendance. Les delegations francaises ont pour instruction de refuser, si necessaire, l'examen de points de l'ordre du jour de reunions dont les documents de travail n'auraient pas ete publies dans des delais suffisants en francais. Il a toujours ete demande a nos missions permanentes, chaque fois que fut constatee une atteinte au statut de langue de travail du francais (le plus souvent : absence de l'interpretation, de version francaise de documents, exigence de presentation de documents en anglais), de protester officiellement aupres des secretariats et d'exiger, le cas echeant, que ces situations prennent fin. Tel a notamment ete le cas cette annee s'agissant de l'Office panamericain de la sante (OPS) et de l'Office de travaux et de secours des Nations Unies pour les refugies de Palestine dans le Proche-Orient (OSTNU/UNRWA). Ces demarches conduisent le plus souvent au retablissement de nos droits. Au-dela de l'importance qui s'attache a veiller avec constance au respect du statut de notre langue au sein du systeme des Nations Unies, force est de constater que la credibilite d'une telle politique est etroitement liee a l'utilisation du francais comme langue de travail a la fois par les delegues de l'ensemble des pays francophones et par des fonctionnaires internationaux presents dans les organisations. Pour ce qui concerne ce dernier element, la reussite d'une politique de placement de fonctionnaires internationaux francophones ne saurait etre totalement dissociee du niveau des contributions volontaires que nous sommes en mesure de verser. En outre, a l'occasion du cinquantenaire des Nations Unies, une resolution traitant de l'usage des langues, de l'equilibre des recrutements et de l'intangibilite des budgets de traduction sera presentee a l'assemblee generale. Cette initiative de la France, preparee par la direction des Nations Unies en liaison avec le comite pour le francais dans les organisations internationales, aura pour objectif de defendre le multilinguisme en tant qu'expression de l'universalisme des Nations Unies. Elle sera presentee au nom de l'ensemble des delegations non anglophones. S'agissant plus particulierement des operations des Nations Unies en Haiti, l'Organisation est presente et agit dans ce pays par le biais de deux missions differentes : la mission civile internationale ONU/OEA (Micivih), chargee de l'observation des droits de l'homme en Haiti ; la mission des Nations Unies en Haiti (Minuha), qui a pris le relais le 31 mars 1995 de la force multinationale, et dont le mandat expire en fevrier 1996, qui a pour mission de maintenir un environnement sur et stable en Haiti pendant la periode de transition democratique et de contribuer a la formation de la nouvelle police haitienne. Au sein de la Micivih, qui comprend 203 personnes dont 194 observateurs des droits de l'homme, le francais et le creole sont d'un usage courant aussi bien dans les enquetes, les rapports et les communiques de la mission que comme langue de travail. Bien qu'il n'y ait que quatorze de nos compatriotes au sein de la Micivih, son directeur, de nationalite trinidadienne, est francophone et l'un de ses collaborateurs directs (M. Mattarollo, directeur des affaires juridiques) est de nationalite francaise. S'agissant de la Minuha, composee dans sa grande majorite de non francophones, l'anglais tend a etre privilegie comme langue de communication, bien que ce constat puisse etre nuance. En effet, la presence francophone au niveau de l'equipe dirigeante de la Minuha demeure relativement forte, le representant special du secretaire general des Nations Unies qui la dirige (M. Lakhdar Brahimi, de nationalite algerienne) est francophone ainsi que huit de ses treize collaborateurs directs (dont cinq francais). Ces derniers privilegient l'usage du francais dans leurs contacts, en particulier le porte-parole, dont les communiques et les declarations sont systematiquement en francais. De meme la composante police civile de la Minuha (Civpol) comprend egalement de nombreux francophones (305 sur 850 hommes, dont 95 gendarmes et policiers francais dont le travail remarquable a ete salue tant par les Nations Unies que par le gouvernement haitien). C'est au sein de la composante militaire de la Minuha que la francophonie est le plus mal representee (l'arrivee prochaine de 200 militaires djiboutiens y est cependant attendue), mais le role de dissuasion imparti a ces unites s'effectue sans veritable interaction avec la population. Le professionnalisme et le sens du contact des quelques francophones presents au sein de la composante militaire, qui constituent le lien entre la population et le reste des troupes de l'ONU, sont unanimement apprecies.
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