FICHE QUESTION
10ème législature
Question N° : 2896  de  M.   Lauga Louis ( Rassemblement pour la République - Landes ) QE
Ministère interrogé :  environnement
Ministère attributaire :  environnement
Question publiée au JO le :  28/06/1993  page :  1784
Réponse publiée au JO le :  27/12/1993  page :  4760
Rubrique :  Recuperation
Tête d'analyse :  Papier et carton
Analyse :  Recyclage. emploi et activite. concurrence etrangere
Texte de la QUESTION : M. Louis Lauga expose a M. le ministre de l'environnement que l'activite de recyclage des vieux papiers et cartons est penalisee par l'affaiblissement des entreprises de recuperation francaises. Cette evolution compromet durablement l'avenir de l'industrie de recyclage dans notre pays alors que le taux de recuperation n'est deja pas favorable : 34 p. 100 pour la France en 1992, contre 45 p. 100 en Allemagne et 45 p. 100 aux Pays-Bas, l'Espagne elle-meme faisant mieux que la France avec un taux de 40 p. 100. Par ailleurs, faute d'une harmonisation de notre politique de gestion des dechets, les prix des vieux papiers imposes par les effets de la loi Topfer sont a la fois trop faibles pour permettre aux recuperateurs de vivre et trop eleves pour permettre la competitivite de l'industrie papetiere francaise. Les reglementations differentes dans les pays de la CEE conduisent ainsi a des distorsions de concurrence sur les produits issus du recyclage. Il lui demande quelles mesures il compte prendre pour pallier les consequences de cette situation.
Texte de la REPONSE : Le marche des materiaux de recuperation, et particulierement des vieux papiers, est gravement perturbe du fait que les autorites allemandes, a tous les niveaux, donnent une priorite absolue a la collecte separee de ces dechets. Des quantites importantes de vieux papiers sont ainsi mises sur le marche a des prix defiant toute concurrence, puisque les collectivites comme les entreprises allemandes n'hesitent pas a payer pour les faire eliminer par la voie du recyclage. Le probleme commence a se poser de maniere similaire pour les dechets plastiques, voire le verre. Ainsi que le demandent les recuperateurs professionnels, c'est bien dans une harmonisation des contraintes faites a l'elimination classique de ces dechets, qu'elles soient reglementaires ou financieres, que se situe l'essentiel de la solution. En donnant clairement la priorite a la valorisation des dechets et en fixant un delai de dix ans pour que le simple stockage en decharge ne concerne plus que des dechets ultimes, la loi adoptee par le Parlement le 13 juillet 1992 a pose le cadre necessaire a cette evolution. Divers textes reglementaires sont pris ou sur le point de l'etre en application de cette loi ainsi que des directives communautaires correspondantes, qu'il s'agisse de renforcer les prescriptions relatives aux decharges et aux unites d'incineration ou d'obliger les entreprises a prendre en charge la valorisation des dechets engendres par leurs produits. Pour completer le decret du 1er avril 1992 sur les emballages menagers et la creation de la societe Eco-Emballages, le ministere de l'environnement prepare un second texte qui rendra obligatoire la valorisation des emballages industriels et commerciaux. Ce texte concerne tout particulierement les caisses cartons et repondra donc aux attentes des professionnels de la recuperation. Toutefois, face a l'urgence, une « table ronde » permanente a ete instituee des le debut du mois d'avril 1993 afin d'assurer un suivi de la situation, de favoriser le dialogue entre les differentes parties et de mettre en place des mesures transitoires dans l'attente de ce decret, dont l'application pourrait intervenir au debut de l'annee 1994. C'est ainsi qu'une circulaire a ete adressee aux prefets en date du 26 avril 1993 pour qu'ils interviennent des a present dans ce sens. Il leur a ete demande d'engager sans attendre une concertation locale avec l'ensemble des acteurs concernes (entreprises jetant des papiers et cartons, recuperateurs, maitres d'ouvrage et exploitants de decharges, etc.) afin de stopper la fuite de ces dechets vers les decharges et de les reorienter vers la filiere de recuperation, pour permettre a celle-ci de vivre de ses prestations de service. Ces mesures ont besoin, pour etre traduites dans les faits, de la determination de l'ensemble de ces acteurs. Il convient donc d'attirer l'attention sur le role que peuvent jouer les collectivites locales. L'elimination a trop bon compte des materiaux recuperables, notamment de dechets industriels et commerciaux dits « banals », se fait en effet generalement dans des centres de stockage essentiellement destines aux ordures menageres, dont les communes ou leurs groupements ont une maitrise plus ou moins directe. En fonction des resultats de cette concertation, les prefets reglementent l'admission de dechets de papiers et cartons venant des entreprises dans les installations d'elimination de residus urbains sans valorisation, c'est-a-dire les installations de stockage et d'incineration sans recuperation d'energie. Ces dispositions seront bientot de toute facon rendues obligatoires par le decret sur les emballages industriels et commerciaux. Des discussions ont ete engagees tant au plan communautaire que de facon bilaterale avec nos voisins allemands afin que ceux-ci traitent davantage le probleme sur leur propre territoire, en donnant sa juste place regulatrice a l'incineration, et que soient trouvees des solutions transitoires pour stopper l'accroissement des exportations de matieres recyclables depuis ce pays ainsi que la chute des prix correspondants. Toutefois, en cas d'absence de progres concret dans ces negociations et de degradation de la situation, le Gouvernement pourrait etre conduit a soumettre les importations de vieux papiers, cartons et dechets de plastiques destines a une elimination par voie de recyclage a une autorisation prealable du prefet du departement ou se trouve l'usine d'accueil.
RPR 10 REP_PUB Aquitaine O