Texte de la QUESTION :
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M. Georges Sarre interroge M. le ministre des affaires etrangeres sur la politique conduite par son departement dans le domaine des fouilles archeologiques a Beyrouth. A cette operation relevant d'un projet de l'UNESCO, concourent plusieurs initiatives francaises, notamment celles de la ville de Paris, de la region d'Ile-de-France, de l'universite de Nice. Mais dans un domaine relevant si exactement de l'action culturelle a l'etranger, et plus precisement dans un pays francophone, ou l'archeologie francaise a joue un role de premier plan, il est surprenant de constater sur le ministere des affaires etrangeres, ses services consacres aux relations culturelles scientifiques et techniques comme notre poste a Beyrouth sont absents. Ce desinteret est d'autant plus attristant que de nombreux concours sont apportes a l'immense chantier archeologique lie a la reconstruction de la capitale libanaise par plusieurs autres pays. C'est pourquoi il lui demande s'il entend prendre des mesures propres a retrouver le role d'animateur de l'action culturelle a l'etranger confere a son departement, et tenir la place eminente qu'a toujours tenue l'archeologie francaise au Liban.
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Texte de la REPONSE :
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L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre des affaires etrangeres sur les fouilles archeologiques conduites a Beyrouth et lui faire part de ses preoccupations quant a l'action culturelle de la France au Liban. Les services du ministere des affaires etrangeres s'etaient immediatement mis en relation avec M. Louis Faton, apres la parution du dernier numero de la revue Archeologia, afin qu'il dispose des informations qui lui faisaient manifestement defaut. Celles-ci lui ont ete apportees. Il a rendu par ailleurs visite a la sous-direction des sciences sociales, humaines, et de l'archeologie le 16 novembre, afin de presenter dans le prochain numero un bilan plus equilibre de nos activites archeologiques au Liban. En effet, les credits mis a la disposition de la commission consultative des recherches archeologiques a l'etranger (commission des fouilles) sont passes de 12,31 MF en 1994 a 15,68 MF en 1995. De 150 en 1994, le nombre des missions est maintenant de 193. Les travaux menes au sein du « groupe interministeriel informel sur l'archeologie » ont permis au ministere des affaires etrangeres, au ministere de la culture, au ministere de l'enseignement superieur et de la recherche, au CNRS et a l'Academie des inscriptions et belles- lettres de mettre au point un document commun regissant d'importants problemes de deontologie : acces aux archives, obligation de publier, « propriete scientifique », duree des fouilles, etc. Le ministere des affaires etrangeres a redige dans la ligne de ce document des regles applicables aux missions archeologiques qu'il finance a l'etranger. Celles-ci ont recu l'approbation unanime de la commission. Il n'existait jusqu'a present aucun texte de ce type. La commission des fouilles elle-meme a ete elargie avec l'admission de representants du ministere de la cooperation, cela dans le but de retablir l'unite de notre archeologie a l'etranger. Le directeur de l'Institut francais d'archeologie du Proche-Orient (IFAPO) y siegera desormais lui aussi, ce qui n'etait pas le cas, au titre des directeurs des ecoles relevant du ministere de l'enseignement superieur et de la recherche. Les moyens dont disposent les editions Recherches sur les civilisations (ERC), structure editoriale subventionnee dont dispose la sous-direction au sein de l'Association pour la diffusion de la pensee francaise (ADPF), ont ete releves de 15 p. 100. Grace a cet effort, ERC sortira en decembre son deux cent cinquantieme volume. La grande majorite du catalogue est composee d'ouvrages d'archeologie, publications scientifiques de qualite mais dont le lectorat serait trop etroit pour interesser l'edition privee. Une enquete et une etude ont ete realisees sur le mecenat d'entreprises au service de nos missions archeologiques a l'etranger. Enfin, le traitement des dossiers de nos missions archeologiques et l'organisation de la commission des fouilles ont ete informatises. Tout cela a ete realise en moins d'un an, en tres etroite concertation avec les representants de la communaute archeologique francaise. L'effort ainsi consenti par le ministere est du au fait qu'il considere notre archeologie a l'etranger comme une activite d'excellence, laquelle a donc echappe a la rigueur budgetaire dont vous savez qu'elle affecte les activites de la direction generale des relations culturelles, scientifiques et techniques prises dans leur ensemble. S'agissant des fouilles archeologiques au Liban, la tache est d'une ampleur telle que les bonnes volontes sont naturellement recherchees. Les moyens de la direction generale ne pourraient y suffire s'agissant de la seule participation francaise. C'est pourquoi d'autres initiatives que celles du ministere des affaires etrangeres sont nees et sont les bienvenues, notamment celles des collectivites locales ou de l'AFAN. Pour ce qui concerne l'IFAPO, institut de recherche archeologique dont la direction generale assure la tutelle, il a presente un projet concernant Beyrouth lors de la derniere commission des fouilles, tenue en decembre 1994, celui de la fouille dite de « Beyrouth-centre ». Cette demande, la seule, a recu un accueil tout a fait favorable de la commission ainsi que le financement adequat. Le ministere des affaires etrangeres ne peut envisager le financement de projets archeologiques a l'etranger que dans la mesure ou nos archeologues eux-memes obtiennent les permis de fouille indispensables. Un financement ou une promesse de financement de notre part ne peuvent en effet valoir autorisation de fouiller sur le territoire d'un pays etranger. Enfin, la problematique des fouilles a Beyrouth est complexe, comme l'a explique Archeologia, et le principe comme les modalites d'une intervention doivent etre soigneusement peses de la part d'un Etat etranger.
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