FICHE QUESTION
10ème législature
Question N° : 3331  de  M.   Dubourg Philippe ( Rassemblement pour la République - Gironde ) QE
Ministère interrogé :  affaires sociales, santé et ville
Ministère attributaire :  affaires sociales, santé et ville
Question publiée au JO le :  05/07/1993  page :  1864
Réponse publiée au JO le :  06/09/1993  page :  2844
Rubrique :  Tabac
Tête d'analyse :  Debits de tabac
Analyse :  Emploi et activite. commission. montant
Texte de la QUESTION : M. Philippe Dubourg souhaiterait attirer l'attention de Mme le ministre d'Etat, ministre des affaires sociales, de la sante et de la ville, sur la consommation de tabac en France. Le marche total du tabac en France a enregistre un tassement en volume de 4,6 p. 100 au cours du premier trimestre de 1993 par rapport a la meme periode de l'annee precedente. Cette difference est sans doute a rapprocher des hausses de prix des produits du tabac intervenues depuis les 27 avril 1992 et 18 janvier 1993. Il apparait en outre que se poursuit la forte progression - plus de 66 p. 100 en six ans - de la part des produits legers dans un marche global de cigarettes en leger tassement. Enfin, on a dit et redit que l'un des objectifs principaux de la loi interdisant la publicite sur le tabac etait d'enrayer sa consommation croissante par les jeunes, jugee sur ce front alarmante. Pourtant, des donnees objectives viennent contredire ces affirmations, montrant que la situation en matiere de consommation de tabac par les jeunes evolue, depuis longtemps deja, dans le sens que les pouvoirs publics ont toujours recherche. En effet, les enquetes du comite francais d'education pour la sante aupres des jeunes de douze a dix-huit ans font apparaitre dans cette tranche d'age un tiers de fumeurs de moins depuis 1977. Sans doute peut-on s'en rejouir. Il lui demande si, tout en continuant les actions poursuivies dans le domaine de la prevention, il ne lui semble pas juste, dans le meme temps, de depasser les idees recues pour mieux faire connaitre les realites constatees, ce qui pourrait couper court aux propos alarmistes trop souvent repandus sans aucun discernement et donc quelles mesures elle entend prendre dans ce sens.
Texte de la REPONSE : On ne peut, du point de vue de la sante publique, que se rejouir de la baisse de la consommation de tabac qui s'est manifestee, pour le premier semestre 1993, par une diminution des ventes de 2,8 p. 100. Cette baisse des ventes est a mettre en rapport avec la politique menee en ce domaine, et particulierement les augmentations de prix de 1992 et de 1993. Toutefois, il faut rappeler plusieurs points qui doivent temperer tout optimisme excessif a court terme. L'evolution des ventes de cigarettes, qui a ete fortement croissante jusque vers le milieu des annees 70, a connu ensuite un ralentissement. Cependant, a titre indicatif, entre 1980 et 1991, les ventes de cigarettes, exprimees en millions d'unites, sont passees de 87 628 a 97 100. Par ailleurs, l'evolution globale, qui se caracterise par une stabilisation de la proportion des fumeurs dans la population autour de 40 p. 100 des adultes de plus de dix-huit ans, ne doit pas cacher l'evolution qualitative qui se produit simultanement. D'une part, si la proportion de fumeurs a fortement diminue chez les hommes, elle a continue d'augmenter chez les femmes. D'autre part, il semble que la proportion de petits fumeurs, c'est-a-dire des fumeurs occasionnels ou des fumeurs reguliers mais de peu de cigarettes, a effectivement diminue, alors que la population de gros fumeurs a, quant a elle, peu evolue. La diminution de la consommation chez les jeunes, avec notamment une augmentation de l'age moyen de debut du tabagisme, est un bon indicateur qui permet d'esperer une regression progressive de l'endemie tabagique, mais actuellement encore pres de 35 p. 100 des jeunes de quinze a dix-huit ans sont fumeurs, et deux sur trois fument a dix-huit ans. Il n'est donc pas question de diminuer la lutte contre le tabagisme. La pathologie liee au tabagisme, pathologie qui reste tres grave, qu'il s'agisse des insuffisances respiratoires, des cancers du poumon ou des atteintes cardio-vasculaires, est aujourd'hui responsable de plus de 50 000 deces chaque annee. Ces deces ne surviennent en general que plus de vingt ans apres le debut de la consommation. L'evolution de la consommation de ces dernieres decennies laisse craindre que la mortalite liee au tabac poursuive sa progression et qu'elle se developpe considerablement chez les femmes. La baisse meme sensible de la consommation, telle qu'elle vient de se manifester et meme si elle se confirme dans les prochains mois, reste tout a fait insuffisante pour esperer a court ou moyen terme une regression significative des mefaits lies au tabagisme.
RPR 10 REP_PUB Aquitaine O