FICHE QUESTION
10ème législature
Question N° : 39570  de  M.   Menuel Gérard ( Rassemblement pour la République - Aube ) QE
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  03/06/1996  page :  2926
Réponse publiée au JO le :  08/07/1996  page :  3635
Rubrique :  Politique exterieure
Tête d'analyse :  Afghanistan
Analyse :  Attitude de la France
Texte de la QUESTION : M. Gerard Menuel attire l'attention de M. le ministre des affaires etrangeres sur la situation dramatique de l'Afghanistan. Alors que l'on ne parle presque plus de ce conflit qui dure depuis plus de quinze ans, les clans de Moudjahidines s'entre-tuent tandis que la population, decimee et epuisee, doit faire face a des problemes de ravitaillement et de besoins sanitaires. Apres l'offensive des Talibans, et devant l'« alliance de conjoncture » entre MM. Massoud et Hekmatyar, il lui demande quelle est la position de la France dans ce conflit et quelle initiative majeure peut esperer lancer notre pays, qui s'etait illustre dans le passe pour sa sympathie envers le peuple d'Afghanistan.
Texte de la REPONSE : L'Afghanistan connait une situation de guerre depuis plus de seize ans. Sept ans apres le retrait de l'occupant sovietique (fevrier 1989) et quatre ans apres la chute du regime communiste afghan (avril 1992), le pays est maintenant en proie a une guerre civile que perpetuent les chefs de partis issus de la resistance a l'armee rouge et d'autres mouvements plus recents. Les premieres victimes sont les populations civiles. Parmi elles, les plus exposes sont les habitants de Kaboul qui, en tant que symbole du pouvoir, est le premier enjeu des combats. Les bombardements meurtiers, les exactions de toute sorte, les difficultes materielles sont leur lot quotidien. Les biens de consommation leur sont difficilement accessibles, compte tenu du rencherissement resultant des difficultes d'approvisionnement a Kaboul, qui demeure encerclee par des factions hostiles. La situation est cependant fluctuante et l'ouverture recente de la route de l'Est, puis, tout dernierement, celle, encore partielle, de la route du Nord permettent d'esperer un mieux a cet egard. La situation generale demeure neanmoins tres precaire et le restera probablement tant qu'une solution politique n'aura pas mis un terme a ce conflit. L'alliance passee le mois dernier entre MM. Hekmatyar et Massoud ne constitue pas en elle-meme une perspective de reglement. Elle ne pourrait en marquer les premices que si elle venait a s'etendre a d'autres forces, evolution qui, a ce stade, n'est pas perceptible, mais qui ne peut cependant etre exclue. Cela etant, la France, comme l'a releve l'honorable parlementaire, ne peut rester inactive devant le sort de populations auxquelles la lie un sentiment de sympathie ancien et profond. De fait, la France apparait comme l'un des pays les plus actifs pour aider a faire triompher une solution equitable en Afghanistan. Nous sommes ainsi le seul pays occidental a avoir une presence diplomatique en Afghanistan, en la personne d'un charge d'affaires non resident - mais effectuant de frequentes missions - nomme a l'automne 1993. Nous sommes egalement, depuis le mois de mars 1996, representes au sein de la mission speciale des Nations unies qui s'efforce, par ses navettes repetees entre les differents protagonistes afghans, de faire passer des messages d'apaisement et de contribuer a l'avenement d'une paix juste et durable en Afghanistan. En attendant qu'une solution politique l'emporte, la France continue d'apporter une aide humanitaire importante (plus de 35 millions de francs en 1994, sans doute a peu pres autant en 1995), qui beneficie sans discrimination a tous nos amis afghans. Nos compatriotes travaillant pour les organisations humanitaires dans le pays constituent de loin la premiere communaute occidentale, ce qui temoigne egalement de la continuite de l'action de la France et de la permanence de notre attachement pour ce peuple meurtri.
RPR 10 REP_PUB Champagne-Ardenne O