Question N° :
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Question publiée au JO le :
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Réponse publiée au JO le :
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Analyse : |
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Texte de la REPONSE : |
La parole est a M. Paul Chollet pour exposer sa question. M. Paul Chollet. Madame le ministre de la sante publique et de l'assurance maladie, a la veille des premieres assises nationales de medecine de l'enfant, je me fais un devoir de lancer dans cette enceinte un cri d'alarme sur l'avenir de la pediatrie. Il s'agit d'une specialite dont la mort est programmee puisque le simple renouvellement demanderait trois cents pediatres par an alors que l'on en forme cent. Faut-il rappeler, depuis sa reconnaissance grace a l'action de notre maitre Robert Debre, l'ampleur des services rendus par cette specialite qui a l'avantage de prendre en compte l'enfant dans son entier ? Qu'il s'agisse de la neonatalogie, ou la pediatrie previent bien des handicaps et bien des drames, qu'il s'agisse des agressions multiples propres a la petite enfance, de l'accompagnement des apprentissages, en particulier en milieu scolaire, de la crise de l'adolescence, le pediatre est la reference et le recours, au centre de toutes les autres specialites, portant sur l'organique ou le psychique. Faut-il rappeler que le niveau de vie moyen du pediatre est au plus egal, ou meme inferieur, a celui du generaliste ? Par ailleurs, la medecine scolaire, la protection maternelle et infantile, les directions departementales des affaires sanitaires et sociales appellent a un recrutement pediatrique pour conforter leurs disciplines. Madame le ministre, en ces temps de derive des depenses de sante, cette demande peut paraitre provocante, mais nul plus que vous n'est capable d'entendre ce plaidoyer. Tous les doyens de medecine le disent, si les regles d'acces aux etudes medicales ne sont pas adaptees, la France devra, a moyen ou a long terme, «importer» des medecins comme elle importe des veterinaires. Alors, je vous demande de bien vouloir apporter au pediatre chenu et inquiet que je suis les assurances que les familles et les praticiens sur la breche attendent sur la perennite de cette specialite. M. le president. La parole est a Mme le ministre de la sante publique et de l'assurance maladie. Mme Elisabeth Hubert, ministre de la sante publique et de l'assurance maladie. Monsieur le depute, vous avez raison de souligner l'interet que je porte au probleme que vous venez d'evoquer. Je serai d'ailleurs presente demain matin aux premieres assises nationales de la medecine de l'enfant et j'aurai certainement l'occasion de repondre aux inquietudes exprimees par l'ensemble de la profession et dont vous vous faites tres efficacement l'echo dans cette enceinte. Les problemes rencontres en pediatrie sont egalement en train de se poser pour d'autres specialites medicales. Je pense notamment a l'anesthesie-reanimation, a la gyneco-obstetrique et a la chirurgie. Ces services forment un nombre insuffisant de medecins, ce qui entraine d'ores et deja de tres grandes difficultes de recrutement dans un certain nombre d'hopitaux, notamment dans le secteur de l'hospitalisation publique. C'est, a mon sens, l'un des facteurs qui menacent le plus la perennite de certains petits hopitaux. Pour ma part, je souhaite que ces structures demeurent, mais l'impossibilite de recruter des medecins competents les menace fortement. J'ai l'intention de m'attaquer a ce probleme, qui constitue l'un de mes soucis. S'agissant plus precisement de la pediatrie, pour toutes les raisons que vous avez evoquees et compte tenu de tous les enjeux qui s'y rattachent, son avenir ne peut pas laisser indifferent. Certes, le nombre de medecins pediatres, qui etait de 5 334 au 1er janvier 1995, est encore en augmentation - les chiffres ont progresse de plus de 36 p. 100 au cours des huit dernieres annees -, cette progression a encore ete de 4 p. 100 entre 1994 et 1995. Mais en raison de l'abaissement du numerus clausus a la fin de la premiere annee et des conditions d'orientation a l'issue de l'internat, cette tendance devrait s'inverser, comme d'ailleurs pour les autres specialites medicales. La demographie des medecins pediatres est une question particulierement complexe en raison des orientations tres variees que comporte la pratique de cette specialite selon qu'elle s'exerce en ville, a l'hopital, dans un service de protection maternelle et infantile, dans le secteur liberal - presque 60 p. 100 des pediatres - ou en tant que salarie et plus generalement, en raison du probleme de la place de l'enfant dans notre societe. Aux termes d'une etude preliminaire sur l'evolution de la demographie des medecins pediatres, realisee au premier semestre de cette annee avec le concours d'experts de la profession, les besoins previsibles apparaissent comme contrastes. La baisse du taux de fecondite ainsi que la regression de pathologies pediatriques lourdes jouent dans le sens d'une diminution. En contrepartie, le developpement de la neonatologie et - au vu des chiffres de mortalite perinatale, nous savons que nous avons beaucoup de progres a faire - ainsi que l'augmentation des pathologies sociales qui entraine un accroissement sensible des urgences pediatriques et la prise en charge des psycho-pathologies de l'adolescence creent des besoins nouveaux, ainsi que vous l'avez souligne. Cette situation implique vraisemblablement une evolution de la repartition des medecins pediatres entre les differents types d'exercice de la profession, qui plus est dans un contexte de feminisation croissante de la profession. J'en reviens a ce que j'evoquais a propos de cette repartition: 60 p. 100 de pediatres dans le secteur liberal, c'est certainement trop. Il faudra donc proceder a une reorientation en faveur d'autres secteurs. Il s'agit la, je l'ai dit, d'une etude preliminaire. Elle devra donc etre completee par des etudes de situation demographique a l'echelon regional car, on le sait, la aussi existent des discordances fortes. Pour l'heure, je souhaite que, sans attendre, les directions regionales des affaires sanitaires et sociales repartissent beaucoup mieux qu'elles ne le font jusqu'a present les postes offerts au choix des internes de la filiere des specialites medicales en tenant compte prioritairement de la demographie de chacune des specialites. C'est la, je le repete, une premiere solution, mais a court terme, car il faudra s'interroger sur la necessite d'un choix plus precoce dans les etudes medicales, question qui ne peut etre dissociee de l'ensemble du probleme de la formation medicale. M. le president. La parole est a M. Paul Chollet. M. Paul Chollet. Madame le ministre, je vous remercie de votre reponse. Je rappelle que s'il est un domaine de l'art medical ou doit prevaloir l'acte intellectuel, c'est bien celui qui nous occupe. Par ailleurs, il ne faut pas l'oublier, la pediatrie de ville comporte une dimension de prevention qui n'existe pas toujours dans les autres modes d'exercice de la medecine et qui, me semble-t-il, doit etre soutenue. |