Question N° :
|
de
|
|
Ministère interrogé : |
| |
Ministère attributaire : |
| |
Question publiée au JO le :
| ||
Réponse publiée au JO le :
| ||
| ||
Rubrique : |
| |
Tête d'analyse : |
| |
Analyse : |
| |
|
| |
Texte de la REPONSE : |
La parole est a M. Remy Auchede, pour exposer sa question. M. Remy Auchede. Un projet de liaison autoroutiere entre Lille et Amiens est depuis longtemps a l'etude. Baptise dans un premier temps A1 bis, il visait a delester l'autoroute A1 Lille-Paris d'une partie de son trafic, il est vrai imposant. Ce projet, inscrit au plan national autoroutier de 1992, semblait abandonne, entre autres raisons parce qu'il avait souleve beaucoup de protestations quant a son opportunite. Mais voila qu'il revient, et du meme coup renait le debat sur l'utilite d'une telle realisation. Certes, personne ne conteste la necessite de trouver de nouvelles solutions concernant le trafic et les flux routiers dans la region lilloise, notamment sur l'axe Nord-Sud. Il faut reconnaitre que la conception de l'amenagement du territoire qui a prevalu ces dernieres annees, avec la concentration d'activites sur la metropole regionale, le refus de developper d'autres modes de transport que la route, malgre des discours en faveur du rail ou des voies navigables rarement suivis d'effet, n'a guere arrange la situation. Et je ne sais si la tendance s'inversera, alors qu'il est question d'ajouter a ces difficultes en implantant une plate-forme multimodale pres de Lille plutot que dans le Pas-de-Calais, sur un site bien plus favorable. Cela dit, il existe sans doute d'autres solutions que celle consistant a creer une nouvelle autoroute dont le trace aggravera considerablement les degats subis par l'environnement et l'agriculture, alors que les populations concernees sont deja bien servies de ce point de vue. Pour ce que l'on connait du trace, la portion comprise entre Lille et le croisement de la A 26 n'est pas modifiable. Et pour cause: elle traverse une zone ou la densite du reseau routier, l'urbanisme et les sequelles de l'exploitation charbonniere ne laissent que peu de place a un nouveau ruban de bitume qui va sinistrer des communes entieres, notamment dans l'agglomeration lilloise et dans des petites villes comme Lorgies, coupee en trois, Violaines, Labourse et bien d'autres. Inutile de dire que les habitants sont a la fois consternes et resolument hostiles. On peut les comprendre, d'autant plus qu'aucune contrepartie n'est apportee a ces nuisances. L'argument du developpement economique, rancon d'une infrastructure routiere ou autoroutiere, s'est avere depuis longtemps plus qu'aleatoire. Pour le reste du trace, apres le croisement avec la A 26, ce sera le saccage d'espaces boises, de zones agricoles et de sites comme il en existe, helas ! trop peu dans le Pas-de-Calais. Le passage dans l'Arrageois, entre les villes d'Arras et de Saint-Pol-sur-Ternoise, serait de ce point de vue catastrophique. C'est pourquoi il faut non seulement s'interroger sur l'opportunite de la A 1 bis mais, au-dela, abandonner ce projet et envisager d'autres solutions permettant non seulement de soulager le trafic routier sur cet axe, mais aussi de respecter le bien-etre et la tranquillite de nos populations. Ces solutions existent, a la fois pour le long terme et pour l'immediat. Pour le long terme, il serait plus que temps d'envisager le developpement du trafic par le rail et par la voie fluviale, domaines ou nous sommes tres en retard par rapport a nos voisins europeens. J'ai vu avec plaisir Mme le secretaire d'Etat aux transports affirmer son soutien au projet de TGV cargo Lille-Paris-Lyon-Marseille, depuis plusieurs annees a l'etude. Il est evident pour tous que le fret marchandises achemine par le rail soulagerait d'autant nos axes routiers, les rendant du meme coup moins dangereux; or, vous le savez, l'autoroute A 1 a un niveau record d'accidents. De meme, le developpement du trafic fluvial peut permettre d'obtenir des resultats identiques, alors que, malheureusement, rien n'est fait pour aider la batellerie a se developper, bien au contraire. La encore, le projet Seine-Nord serait bien utile. La route est deja quasiment saturee mais, la encore, des solutions pourraient ete immediatement trouvees. J'avais deja insiste sur la necessite de faire passer a quatre voies les nationales A 41 de Lille a La Bassee, A 47 de La Bassee a Lens, A 17 de Lens a Arras, de facon a etablir un axe routier de delestage de l'autoroute A 1. Des travaux sont en cours sur la N 17, et l'on m'a fait savoir que d'autres commenceraient sur la N 41 et la N 47. C'est un debut de solution, mais il ne sera efficace que si la N 41 est egalement amenagee dans son prolongement vers Bethune, ce qui n'est pas prevu dans le projet actuel, que si la nationale 39 est elle aussi amenagee a quatre voies pour assurer la liaison et la circulation vers le littoral. D'ailleurs, lors de l'examen des premiers projets d'A 1 bis, on parlait deja de la necessite de mettre ces nationales a quatre voies. Je veux me faire l'interprete d'une partie non negligeable de la population du Nord - Pas-de-Calais, et meme au-dela, pour ce qui concerne le projet A 1 bis, rebaptise A 24. Les gens n'en veulent pas. Il ne s'agit pas, je le repete, d'une opposition negative qui ne laisserait pas place a une alternative, puisque d'autres solutions existent. Certains esperent, j'imagine de bonne foi, des retombees economiques du fait de la construction de cette autoroute. Mais le Nord - Pas-de-Calais a deja plusieurs experiences a ce sujet. Je me souviens de la campagne qui, il y a quatre ou cinq ans, affirmait que 100 000, voire 150 000 emplois seraient crees grace a la construction du tunnel sous la Manche. Le tunnel est la, il fonctionne, et nul ne conteste la prouesse technique. Mais les emplois ne sont jamais arrives et on en a, au contraire, supprime. C'est pourquoi je demande au Gouvernement de bien vouloir abandonner le projet d'autoroute A 1 bis et d'etudier les autres solutions proposees; elles auraient non seulement l'avantage de laisser nos regions indemnes, mais aussi celui de developper des activites concretes par le biais de la SNCF et de la batellerie. M. le president. La parole est a M. le ministre des relations avec le Parlement. M. Roger Romani, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le depute, M. Pons, ministre de l'equipement, du logement, des transports et du tourisme, empeche, me prie de vous transmettre ses excuses. Il m'a demande de vous assurer qu'il comprend les inquietudes des populations concernees par la realisation d'une grande infrastructure de transport. C'est pourquoi il attache une importance toute particuliere a ce que les projets soient etudies de la maniere la plus detaillee, en amont au niveau de leur interet socio-economique, puis lors de leur realisation, en soignant - je dis bien: en soignant - leur insertion dans l'environnement naturel et humain. Dans un souci de transparence, il a demande que soit diffusee tres rapidement l'etude realisee par ses services sur une approche multimodale des transports dans le nord de la France, autour de l'axe Paris-Lille. Cette etude demontre la necessite de realiser l'autoroute A 24 selon trois objectifs: repondre au problemes de saturation de l'A 1 en dechargeant celle-ci d'une partie des trafics de longue et moyenne distance; ameliorer l'accessibilite des bassins de Lens, Bethune, Arras et Lille, tout en renforcant les liaisons entre les capitales regionales de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais; repartir les trafics a l'approche de la region parisienne entre l'A 16 et l'A 1. Cette nouvelle infrastructure devra permettre de renforcer la position de carrefour europeen des regions traversees et de favoriser ainsi les echanges avec l'Europe du nord. L'amenagement en cours des routes nationales a l'approche de Lille ne pourra qu'ameliorer les deplacements de proximite entre Lens, Arras, Lille ou Bethune, sans toutefois constituer un itineraire de grand transit pour les echanges avec l'Europe du Nord, compte tenu notamment des niveaux de trafic attendus localement sur certains troncons, par exemple sur le contournement de Lens. M. Pons peut vous affirmer que les etudes necessaires a la definition de l'autoroute nouvelle se poursuivront dans la plus grande transparence et qu'elles devront aboutir a un projet qui soit le plus respectueux de l'environnement et qui conduira a rehabiliter certains secteurs et ainsi a ameliorer le cadre de vie de leurs habitants, ne serait-ce qu'en delestant quelques itineraires actuels traversant des sites tres urbanises. M. le president. La parole est a M. Remy Auchede. M. Remy Auchede. Monsieur le ministre, je regrette que nous ne soyons d'accord que sur un point: la necessite d'ameliorer les transports dans le Nord-Pas-de-Calais. Je persiste a croire que la solution d'une nouvelle autoroute A 1 bis-A 24 n'est pas la bonne. Dans le texte de ma question, j'ai en outre fait ressortir qu'aucune autre proposition n'avait ete avancee pour delester un trafic qui est effectivement important, notamment par la SNCF et les voies fluviales. Vous avez parle de transparence. Je souhaite pour le moins que l'information soit donnee dans les plus brefs delais. Quoi qu'il en soit, je ne vous cacherai pas que, dans la region, beaucoup de personnes, dont je fais partie, continueront de contester le projet. |