FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 1217  de  M.   Crépeau Michel ( Radical, Citoyen et Vert - Charente-Maritime ) QG
Ministère interrogé :  éducation nationale, recherche et technologie
Ministère attributaire :  éducation nationale, recherche et technologie
Question publiée au JO le :  17/03/1999  page :  2419
Réponse publiée au JO le :  17/03/1999  page :  2419
Rubrique :  enseignement secondaire
Tête d'analyse :  lycées
Analyse :  réforme
DEBAT : M. le président. La parole est à M. Michel Crépeau.
M. Michel Crépeau. Ma question est importante et je crois qu'elle nous concerne tous: il s'agit de la réforme des lycées. Cette réforme, bien nécessaire en effet, on en parle beaucoup, on mène grand tapage à son sujet dans les gazettes et dans la rue, et le seul endroit où l'on en parle, à mon sens très insuffisamment, c'est l'Assemblée nationale.
Ma question s'adresse à la fois au ministre de l'éducation nationale et au ministre des relations avec le Parlement. N'est-il pas possible que ce grand sujet qui concerne toutes les familles françaises ainsi que l'avenir de la démocratie, et qui conditionne ce que sera notre pays au xxie siècle, fasse l'objet d'un débat à l'Assemblée nationale ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe communiste.)
Les radicaux, qui ont une vieille tradition en ce qui concerne l'école, de Jules Ferry à Jean Zay en passant par Edgar Faure et bien d'autres, considèrent que le ministre fait des propositions frappées au coin du bon sens ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste.)
M. Robert Pandraud. Très bien !
M. Michel Crépeau. Est-il scandaleux de dire que les lycées sont faits pour les lycéens ? De dire qu'à la veille du troisième millénaire il convient d'adapter l'enseignement à des réalités nouvelles ? De dire que, devant l'afflux des connaissances nouvelles, le vieux principe de Montaigne selon lequel «mieux vaut avoir tête bien faite que bien pleine» s'impose aujourd'hui ?
Est-il scandaleux, au moment où tant de citoyens parlent de leurs droits mais jamais de leurs devoirs, de rétablir l'instruction civique ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert, du groupe socialiste, du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Jean-Paul Charié. Vive Allègre !
M. Michel Crépeau. Est-il scandaleux de dire que chacun dans la vie - et je sais, monsieur le ministre, que vous vous intéressez à Platon - a droit à sa part de beauté ?
Ces réformes valent vraiment que l'on en débatte. Je sais que remuer l'éducation nationale est le dernier des travaux d'Hercule. (Sourires.)
M. Jacques Myard. D'Hercule Poirot !
M. Michel Crépeau. Mais les représentants du peuple sont là pour légiférer sur des choses importantes. Or, je le constate, nous ne discutons que trop souvent du sexe des anges ! (Vifs applaudissements sur de très nombreux bancs.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie, pour répondre sur le sexe d'Hercule. (Sourires.)
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur Crépeau, d'abord merci («Ah !» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République) du soutien du groupe que vous représentez à la réforme des lycées, ainsi que des applaudissements que vous avez suscités sur tous les bancs de cette assemblée...
Plusieurs députés du groupe du Rassemblement pour la République. Ce n'était pas pour vous !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. ... car j'y ai été sensible.
Je constate que ce problème intéresse et mobilise la représentation nationale, ce qui est normal.
Mesdames, messieurs les députés, la question du lycée est centrale dans notre système éducatif. Si l'on replace les choses sur le plan historique, on peut relever que nous avons su, collectivement, grâce aux efforts consentis par les gouvernements successifs («Ah !» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants),...
M. Jean-Jacques Jégou. Il est dommage que M. Bayrou ne soit pas là !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. ... et grâce à ceux consentis par le corps enseignant, répondre au défi de la quantité.
Quelqu'un rappelait récemment que, lorsque ma génération était sur les bancs de l'école, le nombre de lycéens était égal au nombre actuel de professeurs.
Aucun autre système, qu'il soit privé ou public, n'a su faire face à un tel accroissement du nombre des élèves. Et c'est l'honneur de la République tout entière, c'est l'honneur d'un service public républicain que d'y être parvenu. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Nous devons, maintenant que s'observe une stabilisation démographique, ne pas diminuer l'effort, mais gagner le pari de la qualité pour tous. Nous devons reconnaître la diversité des talents, que doit reconnaître la diversité des filières.
Aujourd'hui, la difficulté d'apprendre, d'enseigner est plus grande qu'hier, en raison de circonstances que vous connaissez sans doute aussi bien et, pour certains d'entre vous, mieux que moi.
Il est nécessaire d'aider simultanément les élèves et les enseignants.
Il nous faut un enseignement qui soit moins dispersé et plus approfondi. Il nous faut revenir aux savoirs fondamentaux et maîtriser les outils qui permettent d'affronter la vie. Tel est l'esprit de la réforme, qui est un cadre qui se mettra en place progressivement, d'abord et avant tout grâce à l'imagination et à l'esprit d'initiative des enseignants.
Le Gouvernement est naturellement ouvert à l'idée d'un débat avec vous, parlementaires, chaque fois que vous l'estimerez nécessaire. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.) Une discussion a eu lieu en commission des affaires culturelles, et elle nous a été très profitable car nombre de remarques faites par les parlementaires ont été intégrées dans la réforme. Nous sommes prêts à reprendre le débat dès que le Parlement le jugera nécessaire.
Monsieur le député, croyez-nous: nous voulons une participation massive de l'ensemble du pays à ce que nous tenons pour une réforme essentielle. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
RCV 11 REP_PUB Poitou-Charentes O