FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 1389  de  Mme   Benayoun-Nakache Yvette ( Socialiste - Haute-Garonne ) QG
Ministère interrogé :  coopération
Ministère attributaire :  coopération
Question publiée au JO le :  27/05/1999  page :  4930
Réponse publiée au JO le :  27/05/1999  page :  4930
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  Kosovo
Analyse :  aide humanitaire
DEBAT : M. le président. La parole est à Mme Yvette Benayoun-Nakache.
Mme Yvette Benayoun-Nakache. Monsieur le ministre délégué à la coopération et à la francophonie, une délégation composée de parlementaires, d'élus locaux et de membres de votre ministère s'est rendue du 5 au 7 mai en Albanie et en Macédoine. Je faisais partie de cette mission et, tout comme vous, monsieur le ministre, j'ai entendu les demandes de la population, relatives à l'aide humanitaire, notamment en ce qui concerne les produits de première hygiène et le matériel scolaire.
Nous savons que, même si la guerre se terminait aujourd'hui, les besoins d'assistance perdureraient, tant ce conflit engendre des conséquences graves pour l'avenir des populations concernées. Elles seront une des composantes de notre Union européenne, nous leur devons assistance.
Au vu de ce que nous avons appris en visitant notamment les camps de Tirana et de Stenkovec II, comment comptez-vous organiser l'aide humanitaire en provenance de notre pays à l'égard duquel les réfugiés que nous avons rencontrés ont témoigné une confiance absolue que nous devons continuer d'honorer ? Par ailleurs, comment se déroule l'accueil des réfugiés qui arrivent en ce moment même dans nos départements et dans nos villes ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste.)
Un député du groupe du Rassemblement pour la République. C'est parler pour ne rien dire !
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Madame la députée, la déportation organisée par Slobodan Milosevic et son système a déjà jeté hors du Kosovo la moitié de ses habitants. Ici même, dès le début du mois d'avril, le Premier ministre avait résumé l'attitude de la France face à cette crise humanitaire: «aider là-bas, accueillir ici».
Là-bas, c'est surtout l'Albanie - que les chiffres du HCR créditent déjà de quelque 450 000 réfugiés -, la Macédoine, presque 250 000, et le Monténégro dont la situation particulière liée à son appartenance à la fédération yougoslave complique évidemment les modalités de cette aide.
L'accueil dans ces trois pays a d'abord été le fait des familles, des familles qui ont du reste témoigné d'une solidarité tout à fait exemplaire, qu'il s'agit de soutenir. C'est ce que nous faisons notamment par l'envoi de colis que la générosité des familles françaises a permis de collecter et que nous acheminons avec l'aide des régions françaises. Vous avez pu comme moi vous assurer que le stockage et surtout la distribution s'effectuaient dans des conditions de sécurité que garantissent notamment des liens étroits avec les collectivités albanaises. Nous intervenons également par le biais de notre participation au HCR qui met en place une aide financière à l'intention des familles d'accueil.
Aider là-bas, c'est aussi accueillir dans les camps de réfugiés que l'armée française et la sécurité civile ont aménagés, gérés et dont nous sommes en train de transférer la responsabilité aux ONG.
Mais aider là-bas, c'est aussi aider les pays d'accueil à faire face aux problèmes spécifiques que pose l'afflux de ces gens en matière de santé, en matière d'écoles, aux défis que l'été va poser en termes d'approvisionnement en eau, que l'hiver posera en ce qui concerne le chauffage; les aider également à faire face au bouleversement de leurs économies, ce qui pose le problème des aides macroéconomiques. La France, vous le savez, a déjà envoyé à Skopje 45 millions de francs. La Banque mondiale et l'Union européenne sont chargées de coordonner un programme de reconstruction et de développement auquel nous participerons. Mais, sans attendre, notre pays a déjà commencé, en matière de santé notamment, à mettre au point un programme hospitalier spécifique à Tirana, que le secrétaire d'Etat chargé de la santé, Bernard Kouchner, ira dès demain finaliser sur place.
M. Jean-Louis Debré. Il n'est pas au courant !
M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie. D'autres exemples impliquent les collectivités locales françaises et je veux y insister: l'eau à Tirana sera prise en charge par Marseille et sa région, l'hôpital d'Elbasan que nous avons visité bénéficiera de la solidarité de Saint-Etienne; d'autres collectivités apporteront bientôt leur contribution.
J'espère qu'elles s'impliqueront également demain dans le retour des Kosovars au Kosovo.
Accueillir en France enfin. Sur 56 000 réfugiés actuellement accueillis en dehors des Balkans, la France en compte d'ores et déjà à peu près 7 000, si j'inclus les visas accordés en plus de ceux que nous avons reçus dans le cadre du pont aérien mis en place à cet effet.
M. Robert Pandraud. Il y en a assez !
M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Ce chiffre est appelé à augmenter dans les semaines qui viennent. Les arrivants sont d'abord installés collectivement avant d'être hébergés dans les familles françaises qui, elles aussi, ont fait preuve d'une très grande générosité vis-à-vis de ces gens qui, je le rappelle, souhaitent en priorité rester près du Kosovo avec l'espoir d'y revenir plus rapidement. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
SOC 11 REP_PUB Midi-Pyrénées O