FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 1466  de  M.   Mangin René ( Socialiste - Meurthe-et-Moselle ) QG
Ministère interrogé :  coopération
Ministère attributaire :  coopération
Question publiée au JO le :  24/06/1999  page :  6363
Réponse publiée au JO le :  24/06/1999  page :  6363
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  République fédérale de Yougoslavie et pays limitrophes
Analyse :  aides à la reconstruction
DEBAT : M. le président. La parole est à M. René Mangin.
M. René Mangin. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.
La paix s'installe enfin au Kosovo. Le retrait des forces militaires et paramilitaires s'est opéré dans l'efficacité. Les bombardements ont cessé. Le drapeau de l'ONU flotte sur Pristina et l'UCK accepte la démilitarisation. Le groupe socialiste s'en félicite.
Mais la KFOR découvre l'étendue du désastre humanitaire. Des images inouïes nous heurtent jour après jour.
De cette situation doit naître un formidable élan de solidarité. Le groupe du G8, réuni à Cologne, a évoqué la situation dans les Balkans et la gestion de l'après-conflit.
Monsieur le ministre, pouvez-nous informer la représentation nationale sur l'aide internationale pour la reconstruction du Kosovo, et sur la position de la France par rapport à l'aide au peuple serbe ?
Sur le terrain, les besoins, tant matériels qu'immatériels, sont immenses. La solidarité ne doit pas se briser dans la précipitation, mais s'installer dans la durée. Aussi apparaît-il primordial de réguler cette solidarité, notamment en aidant à la mise en place d'un parrainage entre les communes françaises et celles du Kosovo. La France pourrait y apporter sa méthode et sa cohérence.
M. Yves Fromion. La méthode socialiste ?
M. René Mangin. Ce parrainage, en alliant proximité de l'action et efficacité, faciliterait l'établissement des projets de reconstruction dont l'identification impose des moyens logistiques importants, et une coordination efficace. Nos collectivités territoriales sont de nature à répondre à ces problèmes. Pouvez-vous nous donner votre sentiment sur cette démarche ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie.
M. Yves Fromion. Quel formidable élan !
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le député, le retrait des troupes serbes laisse en effet apparaître toute l'horreur des crimes perpétrés, mais aussi l'ampleur des destructions commises pour l'essentiel par les forces serbes: armée, police ou groupes paramilitaires.
La question de la reconstruction du Kosovo est désormais prioritaire. Dès à présent, l'Union européenne et la Banque mondiale s'emploient à une première évaluation des dommages. Je rappelle que l'Union européenne a calculé que le montant de la reconstruction s'élèverait à environ 3 milliards d'euros, alors que M. Wolfensohn, président de la Banque mondiale, que nous avons rencontré hier, l'estime autour de 2,2 milliards de dollars. Quoi qu'il en soit, la somme est tout à fait considérable.
Le cadre stratégique et politique est connu: c'est le pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est, tel qu'adopté par les ministres des affaires européennes dès le mois d'avril à Luxembourg.
Une task force, comme on dit,...
M. Arthur Dehaine. En français dans le texte !
M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Même le ministre de la francophonie peut accepter d'utiliser parfois des expressions simples ! ... constituée par la Banque mondiale et l'Union européenne sera chargée de la conduite des opérations, en attendant qu'une agence européenne dont le principe a été arrêté à Cologne se mette en place. Elle devrait être opérationnelle au début du mois de septembre.
La participation de la France s'exercera tout à la fois à travers ses obligations multilatérales, dans le cadre de la Banque mondiale et de l'Union européenne, et d'une manière bilatérale. Dans ce cadre, les collectivités locales pourront apporter leur participation.
Vous avez évoqué le peuple serbe. L'expérience que nous avons acquise dans d'autres continents montre que, souvent, la coopération civile peut prendre le relais d'une coopération d'Etat rendue difficile ou impossible pour des raisons politiques. Les collectivités locales françaises peuvent s'y employer et tenter de restaurer la démocratie en même temps que le développement dans cette région. Le problème reste de coordonner des initiatives très nombreuses.
M. le président. Pouvez-vous conclure, monsieur le ministre ?
M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Pour y faire face, nous avons mis en place une cellule spécifique au sein du ministère des affaires étrangères, qui agit en étroite coordination avec les associations d'élus, en particulier les grandes fédérations que j'avais d'ailleurs impliquées en emmenant leurs présidents à Tirana et à Skopje il y a quelques semaines. Nous sommes donc très mobilisés.
M. le président. Je vous prie de conclure.
M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Enfin, la priorité donnée au Kosovo ne doit pas faire oublier le Monténégro, qui a également besoin de notre aide, ni la Macédoine et l'Albanie, où plusieurs dizaines de projets de coopération de collectivités locales sont d'ores et déjà engagés. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
SOC 11 REP_PUB Lorraine O