TAUX DU CRÉDIT CONSENTI
AUX MÉNAGES SURENDETTÉS
M. le président.
Mme Geneviève Perrin-Gaillard a présenté une question, n° 1525, ainsi
rédigée :
« Mme Geneviève
Perrin-Gaillard Geneviève souhaite attirer l'attention de M. le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie sur la multiplication des situations
de surendettement des plus démunis, dont le quotient journalier est lourdement
obéré par les charges de remboursement de multiples crédits à la consommation
consentis abusivement par les prêteurs. Or, ces populations déshéritées ne
constituent pas la clientèle des banques classiques qui pratiquent en général
des taux de crédit raisonnables, mais s'adressent à des officines qui pratiquent
des taux insupportables, par exemple, une offre de crédit de 25 000 francs
au taux de 16,44 % sans autre formalité que la fourniture d'un RIB et d'un
chèque annulé. Ce taux de 16,44 % est tout juste inférieur à celui de l'usure.
Le règlement ponctuel des mensualités devient très rapidement insurmontable et
conduit les plus pauvres au dénuement total. Peu importe pour ces établissements
financiers de faire face à des impayés car leur marge bénéficiaire est tellement
forte qu'ils peuvent subir des déboires et garder, quand même, un profit net
très intéressant. En conséquence, elle souhaiterait savoir si des mesures
pourraient être prises pour réduire le taux de l'usure afin qu'il revienne dans
des limites plus raisonnables par exemple le double du taux du marché, ce qui
laisserait une marge bénéficiaire raisonnable aux prêteurs et permettrait aux
plus démunis de voir s'améliorer leur quotient familial. »
La parole est à Mme Geneviève
Perrin-Gaillard, pour exposer sa question.
Mme Geneviève
Perrin-Gaillard. Dans les Deux-Sèvres, 10 301 familles vivent en
situation de pauvreté ou de grande difficulté. Leurs revenus financiers sont
lourdement obérés par les charges de remboursement de multiples crédits à la
consommation consentis abusivement par les prêteurs. D'autres familles, aux
ressources un peu plus élevées, sont confrontées au même problème.
Ces populations ne constituent pas
la clientèle des banques classiques qui pratiquent en général des taux de crédit
raisonnables. En effet, elles s'adressent à ce que nous pouvons appeler des «
officines », qui, elles, pratiquent des taux insupportables. Pour exemple, on
peut obtenir un crédit de 25 000 francs au taux de 16,44 % sans autre
formalité que la fourniture d'un RIB et d'un chèque annulé. Or ce taux est tout
juste inférieur à celui de l'usure. Le règlement ponctuel des mensualités
devient, vous l'imaginez, très rapidement insurmontable et conduit les plus
pauvres, mais aussi des familles un peu plus aisées, au surendettement. Peu
importe pour ces établissements financiers d'avoir à faire face à des impayés
car leur marge bénéficiaire est tellement forte qu'ils peuvent subir des
déboires et garder, quand même, un profit net très intéressant.
Je souhaite donc savoir si le
Gouvernement pourrait prendre des mesures pour réduire le taux de l'usure afin
qu'il revienne dans des limites plus raisonnables, par exemple le double du taux
du marché. Cela laisserait une marge bénéficiaire aux prêteurs et permettrait
aux personnes les plus en difficulté de voir s'améliorer leur quotient
familial.
M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat au commerce extérieur.
M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur.
Madame la députée, Laurent Fabius, qui n'a pu être présent ce matin, m'a chargé
de vous répondre à sa place.
La
réglementation du taux de l'usure est une question délicate. D'un côté, il
s'agit de protéger le consommateur contre des prêts octroyés à des taux trop
élevés. D'un autre côté, une limitation trop brutale du prix des crédits
pourrait se traduire par une limitation des volumes et une exclusion de l'accès
aux crédits des ménages les moins favorisés. Il ne faudrait pas, en effet, que
les sociétés financières cessent d'accorder des prêts dont la rémunération,
limitée par une réglementation trop stricte, ne leur permettrait pas de faire
face aux risques encourus.
D'ailleurs, l'abaissement du seuil
de l'usure pour des prêts à la consommation ne figure pas parmi les
recommandations de l'avis du 25 janvier 2000 du Conseil économique et
social consacré à l'endettement et au surendettement des ménages. L'enquête
récente de la Banque de France sur le surendettement ne met pas non plus en
évidence une difficulté spécifique liée au niveau du taux de l'usure.
Cependant, face à cette question
délicate, le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a donné
mandat au comité consultatif du Conseil national du crédit et du titre, qui
associe notamment professionnels et organisations de consommateurs, d'examiner
ce sujet de manière approfondie. Il s'agit notamment, près de dix ans après la
modification de la législation de l'usure, de s'assurer de la pertinence de la
réglementation actuelle et d'étudier les éventuels aménagements nécessaires.
Cette réflexion, amorcée depuis la
fin de l'année 1999, a d'abord porté sur le taux de l'usure des crédits aux
entreprises. Elle se poursuivra sur celui des crédits aux particuliers et
devrait bientôt aboutir. Au vu des conclusions du comité consultatif, le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie prendra les mesures les
plus à même de répondre aux besoins des entreprises et des particuliers.
M. le président. La
parole est à Mme Geneviève Perrin-Gaillard.
Mme Geneviève
Perrin-Gaillard. J'appelle l'attention du Gouvernement sur la nécessité
d'aller vite, car cette situation perdure depuis trop longtemps.