FINANCEMENT DES OUVRAGES DE PROTECTION
CONTRE LES CRUES DANS LES RÉGIONS DE MONTAGNE
M. le président.
M. Michel Bouvard a présenté une question, n° 1527, ainsi rédigée :
« M. Michel Bouvard attire
l'attention de M. le ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement sur le financement des ouvrages de protection contre les crues
dans les régions de montagne. Ces ouvrages, rendus nécessaires par le caractère
impétueux des torrents de montagne, ont le plus souvent fait l'objet d'études
précises quant à leurs caractéristiques par le service de restauration des
terrains en montagne (RTM) dont la compétence est reconnue. Suite aux crues du
mois d'octobre 2000 dans le massif alpin et notamment en haute Maurienne,
un certain nombre d'ouvrages de protection doivent être confortés et d'autres
réalisés. Plusieurs ministères, notamment les ministères de l'intérieur, de
l'équipement et de l'environnement ont mobilisé des crédits aux côtés des
communes, du conseil général de la Savoie et de la région pour le financement de
ces ouvrages indispensables dont la réalisation doit être engagée dans les
meilleurs délais pour assurer la protection des biens et des personnes. Or, le
ministère de l'environnement conditionne sa participation financière à
l'établissement de PPRN (plan de protection des risques naturels par les
communes). Compte tenu du nombre de communes concernées et de la faiblesse du
nombre des personnes qualifiées dans les services de l'Etat pour l'élaboration
de ces documents, plusieurs années seront nécessaires pour le seul département
de la Savoie. Les communes sont donc confrontées au choix suivant : différer la
réalisation d'ouvrages indispensables faute de crédits suffisants en prenant le
risque de nouveaux dégâts, ou bien augmenter les impôts ou l'emprunt dans des
conditions insupportables pour les réaliser sans concours de l'Etat. Il souhaite
savoir les dispositions qu'il entend prendre pour mettre fin à cette situation
absurde en accordant par exemple des subventions aux communes concernées dès
lors que l'engagement de réalisation du PPRN est pris et que les ouvrages ont
été validés par les services de l'Etat. »
La parole est à M. Michel
Bouvard, pour exposer sa question.
M. Michel Bouvard.
Monsieur le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, voilà
un an presque jour pour jour, le massif alpin dans son ensemble était
victime de graves intempéries. Nous avons tous en tête les images de villages
dévastés dans le Val d'Aoste, dans le Valais et en Savoie. Depuis se pose le
problème de la réalisation d'ouvrages de protection des lieux habités et de
sécurisation des populations.
Nous avons bénéficié pour financer
ces travaux de crédits de l'Etat, du ministère de l'intérieur, du département et
de la région. Une ligne budgétaire, dans le cadre de votre ministère, est
également mobilisable au chapitre 67-20, article 20.
Or plusieurs dossiers déposés par
des communes de la Haute-Maurienne ont été refusés - je dis bien
refusés - au motif que les PPRI n'avaient pas été élaborés et approuvés. La
plupart de ces communes sont bien évidemment d'accord pour établir ces
documents, au demeurant fort utiles. Malheureusement, les services de l'Etat ne
disposent pas des moyens humains nécessaires pour produire, en très peu de
temps, un grand nombre de PPRI.
Vous avez eu l'amabilité, monsieur
le ministre, de répondre, voilà quelques jours, à une question écrite que
j'avais déposée au mois de juillet sur le même sujet. Mais j'ai maintenu ma
question orale, car votre réponse laisse encore deux problèmes de côté. Le
premier, c'est que plusieurs dossiers font toujours, à cette heure, l'objet d'un
refus ; le second, c'est le fait que votre réponse à ma question écrite indique
que les crédits disponibles au titre du chapitre 67-20, article 20,
sont principalement destinés aux zones urbaines.
S'il est vrai que nos problèmes
d'érosion des sols, par exemple, peuvent être traités dans le cadre d'autres
lignes budgétaires, il se trouve que la montagne compte également des lieux
habités... Du reste, ce sont vos propres services qui nous ont suggéré de
déposer des dossiers au titre de cette ligne, dans la mesure où le but était de
protéger des villages et des hameaux établis là depuis plusieurs siècles. En
d'autres termes, et contrairement à ce que l'on a pu voir dans le Midi, il ne
s'agit pas de constructions réalisées dans des zones inondables ou dangereuses,
mais d'une évolution du risque dans des régions où l'engravement des cours d'eau
conduit à une modification des régimes torrentiels en l'espace de deux ou trois
décennies, et oblige à réaliser les dispositifs de protection appropriés.
Dans la vallée de la Maurienne, un
plan de rivière a été élaboré et plusieurs ouvrages ont été réalisés avec les
services compétents de l'eau, de l'équipement et du service de restauration des
terrains en montagne, dont la compétence est grande.
Ce que j'attends de vous
aujourd'hui, monsieur le ministre, c'est que vous me confirmiez, premièrement,
que les régions de montagne sont bien éligibles au chapitre 67-20,
article 20, quand bien même ces crédits sont principalement destinés à de
grandes zones urbaines, et deuxièmement, comme indiqué dans votre réponse à ma
question écrite, que les dossiers peuvent être acceptés dès lors que l'intention
de déposer un PPRI est manifeste et que la commune en a délibéré. On ne saurait,
connaissant l'encombrement des services compétents, prendre le temps d'attendre
que le document soit approuvé pour engager des travaux qui relèvent de l'urgence
dont le but est d'éviter des catastrophes humaines.
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement.
M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement. Monsieur le député, vous m'avez effectivement adressé une
question écrite, à laquelle j'ai officiellement répondu. Vous estimez que les
deux problèmes restent en suspens ; j'espère pouvoir vous satisfaire, au moins
partiellement.
Votre question
porte sur l'exigence, par les services du ministère de l'aménagement du
territoire et de l'environnement, de l'établissement préalable d'un PPRI sur les
communes désirant bénéficier d'une subvention de l'Etat au titre des travaux de
protection contre les inondations sur le chapitre budgétaire 67-20,
article 20, géré par le ministère de l'environnement.
J'ai déjà eu l'occasion de vous
apporter sur ce sujet des précisions par écrit le 26 juillet 2001,
alors que votre question écrite datait du 2 juillet...
M. Michel Bouvard.
Ça, c'était très bien !
M. le ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement. Les délais se
raccourcissent et c'est très bien. (Sourires.)
Lorsqu'on est parlementaire, on se dit que l'on peut poser autant de questions
écrites que l'on veut ; malheureusement, la réponse traîne souvent un peu... En
principe, le délai est de deux mois. Nous nous efforçons de le réduire au
maximum, mais nous recevons énormément de questions. Les gens s'intéressent
beaucoup à l'aménagement du territoire et à l'environnement - particulièrement
vous, monsieur Bouvard - et je m'en félicite.
Le ministère de l'aménagement et de
l'environnement recommande effectivement aux préfets de lier l'attribution de
ces subventions à l'élaboration d'un plan de prévention des risques lorsqu'un
tel plan n'a pas encore été mis en place sur les zones habitées qu'il s'agit de
protéger.
Cette recommandation
vise à rendre cohérentes les actions à entreprendre en matière de protection
contre les inondations et les presciptions à définir en matière de construction
dans les secteurs à protéger. Elle n'interdit pas, en cas d'urgence et de risque
certain, d'accorder des subventions dès lors que la commune concernée donne son
accord à l'établissement d'un PPRI. Ce qui répond, me semble-t-il, à votre
préoccupation.
Ainsi, il
n'apparaît pas que les subventions aient été refusées, dans le département de
la Savoie, au seul motif que cette recommandation ne pouvait être
satisfaite. Il semble plutôt qu'un certain nombre de demandes de subvention
présentées par les communes de montagne ne s'inscrivent pas, cette fois-ci, dans
les catégories d'opérations pour lesquelles les subventions du
chapitre 67-20, article 20, gérées par le ministère, sont attribuées.
Celles-ci, en effet, sont destinées plus particulièrement à la réduction de la
vulnérabilité aux débordements de cours d'eau des quartiers urbains aménagés en
zone inondable.
L'aide accordée
aux communes pour se protéger des risques naturels spécifiques aux territoires
de montagne, tels que les glissements de terrain, l'érosion torrentielle ou les
avalanches, relève d'une autre ligne budgétaire spécifique aux travaux de
restauration des terrains en montagne.
Je ne peux évidemment que confirmer
les propos des préfets qui sont tenus, du fait de l'existence de deux chapitres
budgétaires distincts, de respecter la répartition des opérations
subventionnables entre ces deux chapitres et d'établir des priorités dans la
répartition des subventions en fonction du montant de l'enveloppe régionale dont
ils disposent pour chacun d'eux.
M. le président. La
parole est à M. Michel Bouvard.
M. Michel Bouvard.
Monsieur le ministre, votre réponse est la même que celle qui a été faite à ma
question écrite, ce qui est cohérent. J'ai bien noté qu'il suffisait que
l'intention de faire le PPRI existe, que les communes en délibèrent, pour
qu'il n'y ait pas d'obstacle au déblocage des crédits.
Cependant, je le répète, des
dossiers ont été refusés pour ce seul motif, la DIREN Rhône-Alpes pourra
vous le confirmer. Ce sont des informations que je tiens moi-même des services
instructeurs de l'Etat dans le département : ils peuvent vous indiquer
précisément la liste des communes qui ont fait l'objet de tels refus, alors que
nous ne disposons pas des moyens humains nécessaires pour élaborer plusieurs
PPRI en même temps. La priorité avait donc été donnée à l'étude du contrat de
rivière et à l'étude sur les débits solides, du reste nécessaires à
l'élaboration de PPRI.
Effectivement, les dossiers sont
déposés sur les deux lignes budgétaires, compte tenu de l'ampleur des ouvrages à
mettre en oeuvre. Cela dit, j'insiste auprès de vous, monsieur le ministre,
sur le fait que les espaces utiles en zone de montagne étant peu nombreux, par
définition, ces ouvrages de protection sont encore plus vitaux qu'ailleurs.
L'urbanisation est très limitée, surtout dans la haute vallée, en raison de
l'existence du parc national de la Vanoise, d'une part, de zones
avalancheuses déjà inconstructibles, d'autre part.
Par conséquent, il faut parvenir à
gérer les risques et à faire en sorte que des ouvrages de protection rendent une
partie du territoire utilisable pour la population permanente - je ne parle
même pas, dans ce cas, de développement touristique. Je vous remercie, monsieur
le ministre, d'y prêter attention.
M. Michel Hunault.
Très bien !