APPLICATION DE LA RÉDUCTION DU TEMPS DE
TRAVAIL
AUX ASSOCIATIONS D'AIDE À DOMICILE
M. le président.
M. Jean-Michel Marchand a présenté une question, n° 1542, ainsi
rédigée :
« M. Jean-Michel Marchand attire
l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur les
difficultés financières que l'application de l'aménagement et de la réduction du
temps de travail (ARTT) engendre pour les associations en charge de l'aide à
domicile. Leur volonté de mettre en oeuvre l'ARTT ne peut être soupçonnée mais
le surcoût engendré ne manque pas d'inquiéter les différents responsables.
Ainsi, pour l'association ASSAD (association de services d'aide à domicile), ce
surcoût financier s'élèverait à près de 400 000 francs. Le déséquilibre
budgétaire provoqué mettrait en péril l'emploi de soixante-quinze salariés
qui viennent en aide à près de sept cents personnes dont la très grande
majorité sont des personnes âgées. La Caisse nationale d'assurance vieillesse a
d'ores et déjà accepté de financer la moitié du différentiel entre le tarif
horaire appliqué (87,50 francs) et le montant des aides diverses accordées
(79,50 francs). La collectivité locale est déjà très impliquée puisqu'elle
contribue à ce budget pour plus de 200 000 francs sans compter les moyens
techniques mis à disposition (secrétariat, bureau, etc.). La solution de
facilité serait d'appliquer une augmentation des tarifs. Mais ce serait priver
de ces services toutes celles et tous ceux dont les revenus sont les plus
faibles et donc, pour l'association, ne plus jouer son rôle social (pour
mémoire, le potentiel fiscal à Saumur est de 30 % inférieur à la moyenne des
villes de même importance). A l'heure où le Gouvernement décide d'assouplir
l'application des 35 heures pour les PME-PMI, il lui demande si elle
envisage de proposer des modalités spécifiques aux associations d'aide à
domicile afin qu'elles puissent continuer à assumer leur fonction sociale au
service des personnes dans le respect d'un équilibre budgétaire nécessaire. »
La parole est à M. Jean-Michel
Marchand, pour exposer sa question.
M. Jean-Michel
Marchand. Madame le secrétaire d'Etat aux personnes âgées, ma question
a pour objet l'application de la réduction du temps de travail pour les
associations en charge de l'aide à domicile. Cette question témoigne de la
préoccupation récurrente tant elle préoccupe de très nombreuses associations sur
l'ensemble du territoire. Leur volonté de mettre en oeuvre la réduction du temps
de travail ne peut être soupçonnée, mais le surcoût engendré par cette
législation ne manque pas d'inquiéter les différents responsables.
Pour être plus explicite, je
prendrai l'exemple de Saumur et du département du Maine-et-Loire. L'association
de services d'aide à domicile envisage un surcoût de 400 000 francs. Le
déséquilibre budgétaire provoqué mettrait ainsi en péril l'emploi de
75 salariés, certes pas tous à temps plein, qui viennent en aide à
700 personnes, dont une très grande majorité de personnes âgées.
La Caisse nationale d'assurance
vieillesse a d'ores et déjà accepté de financer la moitié du différentiel entre
le tarif horaire appliqué et le montant des aides diverses accordées,
c'est-à-dire environ 4 francs de l'heure. Quant à la collectivité locale,
vers laquelle on se tourne dans un premier réflexe, elle est déjà, vous le savez
bien, madame la secrétaire d'Etat, très impliquée puisqu'elle contribue très
largement à ce budget non seulement par des moyens financiers, mais aussi par
des moyens techniques mis à disposition. Une solution consisterait à appliquer
une augmentation de tarif, mais cette solution de facilité reviendrait à priver
toutes celles et tous ceux dont les revenus sont les plus faibles d'un accès à
ces services, et l'association ne pourrait plus alors jouer son rôle social.
A l'heure où le Gouvernement décide
d'assouplir l'application des 35 heures pour les PME-PMI, pour des raisons
que je ne développerai pas ici, envisagez-vous, madame la secrétaire d'Etat, de
proposer des modalités spécifiques aux associations d'aide à domicile pour
qu'elles puissent continuer à assumer leur fonction sociale au service des
personnes dans le respect d'un équilibre budgétaire bien sûr nécessaire ?
M. le président. La
parole est à Mme la secrétaire d'Etat aux personnes âgées.
Mme Paulette
Guinchard-Kunstler, secrétaire d'Etat aux
personnes âgées. Monsieur le député, vous attirez mon attention sur les
difficultés que rencontrent les associations d'aide à domicile dans la mise en
oeuvre de la réduction du temps de travail. Alertée depuis quelque temps sur ce
sujet à l'occasion des nombreux déplacements que j'effectue, je puis vous
assurer que je suis particulièrement sensible à ce problème.
Tout d'abord, je souhaite vous
rappeler que le dispositif de réduction du temps de travail dans l'aide à
domicile visait non seulement à une diminution de la durée du travail mais
également - objectif tout aussi important à mes yeux - à une réduction
de la précarité sociale et salariale régnant dans ce secteur par une
redistribution des heures de travail ainsi libérées aux salariées effectuant de
faibles quotités horaires.
De
plus, il avait été convenu avec la caisse d'assurance vieillesse, principale
financeur, que cette réduction du temps de travail ne devait entraîner ni
réduction des heures effectuées auprès des usagers ni augmentation de leur
participation financière. C'est dire que l'intégralité du coût financier de ce
dispositif devait être prise en charge par les différents financeurs. Voilà pour
le contexte.
En mai de cette
année, le conseil d'administration de la CNAV a adopté une augmentation du taux
de participation horaire à l'aide ménagère à domicile. Cette augmentation
sensible - 5,90 francs dont 4,90 francs pour la RTT, soit un
nouveau taux horaire égal à 85,10 francs - s'est cependant avérée
insuffisante pour couvrir le coût des dispositions de la loi Aubry II sur
la garantie de rémunération des salariés payés au SMIC, et la très grande
majorité des professionnels de ce secteur sont dans ce cas.
De nombreux échanges avec la CNAV,
que j'ai saisie dès juillet 2001, ont permis d'arriver à une analyse
commune de la situation, ce qu'il fallait déjà faire. Nous travaillons
actuellement à résoudre la difficulté aussi vite qu'il est possible compte tenu
de la situation de blocage des accords locaux de réduction du temps de travail,
blocage qui est lié au déséquilibre financier des accords ainsi que vous venez
de le démontrer.
Je suis
d'autant plus attachée à trouver une solution que nous sommes à la veille de la
mise en oeuvre de l'allocation personnalisée d'autonomie, et je souhaite que les
associations puissent se mobiliser et participer activement à cette grande
ambition dans une perspective dégagée de l'hypothèque de l'ARTT. Voilà ce à quoi
je m'emploie et je compte, à l'occasion du prochain congrès de l'UNASSAD,
pouvoir annoncer que cette question est définitivement réglée.
M. le président. La
parole est à M. Jean-Michel Marchand.
M. Jean-Michel
Marchand. Je souhaite moi aussi vivement que l'application des
dispositions sur l'ARTT permette de réduire, voire de faire disparaître la
précarité dont sont victimes les employés. J'espère que ma question vous
fournira des arguments, non pas pour vous inciter à défendre ce dossier, vous le
faites déjà, mais pour convaincre vos interlocuteurs.