REMBOURSEMENT DES FRAIS DE DÉPLACEMENT
DES AGENTS PUBLICS
M. le président. M. Jean
Vila a présenté une question, n° 1554, ainsi rédigée :
« M.
Jean Vila attire l'attention de Mme la secrétaire d'Etat au budget sur le taux
des indemnités kilométriques servant de base au remboursement des déplacements
effectués avec un véhicule personnel, par les agents de l'Etat et des
collectivités locales. L'arrêté du 20 septembre 2001 prévoit une
revalorisation de ces indemnités avec effet rétroactif au
1er février 2001. Malgré cette revalorisation, les tarifs restent
nettement inférieurs aux prix de revient kilométriques. Ils sont nettement en
deçà des tarifs retenus par l'administration fiscale lors des déclarations
d'impôts pour les contribuables optant pour les frais réels. Il lui demande
quelle mesure elle compte prendre pour que ces remboursements soient conformes
aux prix de revient réels des kilomètres parcourus. »
La parole est à M. Jean Vila, pour
exposer sa question.
M. Jean Vila.
Madame la secrétaire d'Etat au budget, la question du taux des indemnités
kilométriques servant de base au remboursement des déplacements effectués avec
leur véhicule personnel par les agents de l'Etat, des collectivités locales et
des élus, vous a été posée à maintes reprises. Toutefois, les diverses réponses
obtenues ne me paraissent pas satisfaisantes.
En effet, les remboursements sont
effectués selon les taux fixés par un arrêté conjoint du ministre chargé de la
fonction publique et du ministre du budget. Or malgré sa revalorisation, qui
vient d'intervenir le 20 septembre dernier, l'écart est toujours aussi
important entre le taux de remboursement et celui retenu par l'administration
fiscale lors des déclarations d'impôts pour les contribuables optant pour les
frais réels.
Le taux officiel
2000 du prix de revient du kilomètre, que vos services reconnaissent être réel,
prend évidemment en compte la puissance fiscale du véhicule utilisé, ainsi que
d'une grille des kilomètres parcourus, décomposée en trois tranches. Ce
taux de l'indemnité couvre effectivement le prix de revient du kilomètre. En
prenant en compte la dernière revalorisation, un véhicule d'une puissance
fiscale de sept chevaux sera remboursé sur la base de 1,71 franc le
kilomètre.
Sachant que le prix
de revient, dont vous ne contestez pas le montant et que vos services prennent
en compte pour les déclarations de revenus, est de 3,18 francs, comment
pouvez-vous expliquer un tel écart ?
Aujourd'hui, il est devenu d'usage,
dans la plupart des conventions collectives, que les salariés, autorisés à
utiliser leur véhicule personnel pour les besoins du service, perçoivent une
indemnité kilométrique selon le barème de l'administration fiscale.
En réponse à une question de mon
collègue Pierre Goldberg, le ministre de la fonction publique avait déclaré le
18 juin 2001 : « Le choix d'un barème distinct des frais réels
professionnels s'explique par le fait que seuls les frais supplémentaires
occasionnés à l'agent par l'utilisation de son véhicule personnel donne droit à
indemnisation et qu'il ne donne pas lieu à imposition. » Cette réponse ne peut
toutefois être satisfaisante, car un certain nombre d'agents ne payent
malheureusement pas d'impôts : les agents des premiers indices de la grille,
tous les précaires de la fonction publique et l'essentiel des vacataires.
L'indemnité kilométrique retenue
par vos services est le résultat d'un calcul du prix de revient que l'on peut
apprécier comme juste. Si les agents, ou les élus, perçoivent moins, on peut
considérer qu'ils participent de fait aux frais de fonctionnement. Cela ne peut
être admis.
Madame la secrétaire
d'Etat, pouvez-vous nous donner l'interprétation du ministère des finances ?
Envisagez-vous une mise à plat de ce dossier ? Satisfaire cette légitime
revendication des agents et des élus serait de nature à faire de l'Etat un
patron exemplaire.
M. le président. La parole
est à Mme la secrétaire d'Etat au budget.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le
député, il faut distinguer, d'une part, le barème fiscal et, d'autre part,
l'indemnisation kilométrique, qui est réservée aux fonctionnaires pour leurs
frais de déplacement.
En
application de l'article 83 du code général des impôts, les contribuables
- quelle que soit leur profession - dont les rémunérations sont
imposées à l'impôt sur le revenu dans la catégorie des traitements et salaires
peuvent renoncer à la déduction forfaitaire de 10 % et opter pour la déduction
de leurs frais professionnels réels justifiés.
Dans ce cadre, ces contribuables
peuvent évalueur leurs frais de transport au moyen du barème du prix de revient
kilométrique qui est publié chaque année par l'administration fiscale au Bulletin officiel des impôts. Ce barème fiscal obéit à
une logique d'amortissement du véhicule en tant qu'outil de travail. A ce titre,
le barème fiscal du prix de revient kilométrique est dégressif.
En revanche, le décret du
28 mai 1990 prévoit une indemnisation kilométrique pour les agents qui se
déplacent sur le territoire métropolitain pour des raisons liées à l'exercice de
leur fonction et ne répond pas aux mêmes préoccupations que celles du barème
fiscal.
En effet, contrairement
au dispositif fiscal de déduction pour frais professionnels, le barème des
indemnités kilométriques s'inscrit, quant à lui, dans une logique de
compensation des frais à la charge de l'agent qui utilise son véhicule personnel
pour permettre un meilleur fonctionnement du service public.
Le bénéfice des indemnités
kilométriques prévues par ce décret du 28 mai 1990 ne fait pas
obstacle, bien sûr, à la possibilité pour les agents de recourir, sur le plan
fiscal, à la déduction pour frais professionnels réels, justifiés et calculés
par application du barème fiscal du prix de revient kilométrique. Dans ce cas,
il leur appartient évidemment de se conformer à l'obligation de réintégrer dans
leur revenu imposable la totalité des indemnités kilométriques qu'ils auraient
perçues en application du décret de 1990.
Une première revalorisation de
5 % des indemnités kilométriques est intervenue au
1er juillet 1999. Elle a ensuite été complétée par un arrêté du
20 septembre 2001, lequel a de nouveau relevé ces indemnités de
8,7 %, et cela à compter du 1er février 2001, pour tenir compte
de l'évolution du prix des carburants et pour couvrir les frais exposés.
Le même arrêté a d'ailleurs prévu
le relèvement de 9,7 % de l'indemnité de repas en cas de mission en
métropole, à la date du 1er septembre 2001, et de 11,1 % au
1er juin 2002, afin de couvrir les tarifs pratiqués en dehors des
restaurants administratifs.
Toutes ces revalorisations
s'inscrivent dans le prolongement de la révision de différents barèmes opérée
en 1999 et en 2000, à la suite des travaux d'un groupe de travail
interministériel qui a été chargé de réfléchir sur les modalités et le niveau de
remboursement des frais de déplacement des fonctionnaires.