MISE EN PLACE DE L'ASSURANCE INVALIDITÉ
À SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON
M. le président.
M. Gérard Grignon a présenté une question, n° 1556, ainsi rédigée
:
« La loi d'orientation pour
l'outre-mer intègre la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon et
y rend donc applicable l'essentiel du dispositif économique en faveur de
l'emploi. L'examen de ce texte a permis d'améliorer le dispositif de protection
sociale applicable dans l'archipel. Ainsi la loi prévoit par exemple l'extension
à Saint-Pierre-et-Miquelon de la loi de 1975 en faveur des personnes
handicapées, la coordination entre les différents régimes de sécurité sociale en
vigueur dans les départements métropolitains et d'outre-mer avec ceux gérés par
la caisse de prévoyance sociale de Saint-Pierre-et-Miquelon, la mise en place de
l'allocation spéciale vieillesse ou encore de l'assurance invalidité. La
protection sociale dans l'archipel est organisée par
l'ordonnance n° 77-1202 du 26 septembre 1977 et si de
nombreuses lacunes ont été comblées ces quinze dernières années, beaucoup reste
encore à faire. Appliquer concrètement les dispositions de la loi constituerait
déjà un pas considérable. C'est le cas par exemple de l'assurance invalidité.
L'article 71 de la loi d'orientation pour l'outre-mer dispose que cette
prestation est régie par les articles L. 341-1 et L. 342-6
du code de la sécurité sociale. La caisse de prévoyance sociale de
Saint-Pierre-et-Miquelon prétend que le texte n'est pas applicable en l'état car
certains articles du code de la sécurité sociale ont été omis dans le texte de
loi. Il s'agit plus spécifiquement des articles relatifs aux dispositions
communes entre l'invalidité et l'assurance vieillesse et les dispositions
diverses sur le cumul des prestations sociales (allocation adulte handicapé par
exemple) et des pensions. Sans ces dispositions complémentaires, la CPS se
trouve dans l'impossibilité de faire bénéficier ses assurés des avantages servis
par le régime invalidité. La direction des affaires communautaires et
internationales de son ministère, qui gère certains dossiers de Mayotte et de
Saint-Pierre-et-Miquelon, a été saisie de cette question par le service
juridique de la CPS sans obtenir de réponse. M. Gérard Grignon attire donc
l'attention de Mme la ministre déléguée à la famille, à l'enfance et
aux personnes handicapées sur l'importance de la mise en place de l'assurance
invalidité à Saint-Pierre-et-Miquelon et sur la nécessité d'étendre différents
articles du code de la sécurité sociale par la voie législative. Il souhaite
bien évidemment que cela se fasse avant la fin de cette session parlementaire et
lui demande les dispositions qu'elle envisage de prendre en ce sens. »
La parole est à
M. Gérard Grignon, pour exposer sa question.
M. Gérard Grignon. A
la demande des parlementaires de Saint-Pierre-et-Miquelon, la loi d'orientation
pour l'outre-mer a intégré cette collectivité territoriale dans son champ
d'application. Elle y rend donc applicable l'essentiel du dispositif d'ordre
économique en faveur de l'emploi.
Nous avons aussi voulu saisir
l'occasion que représentait l'examen de ce texte pour améliorer le dispositif de
protection sociale en place dans l'archipel. Ainsi, cette loi prévoit
l'extension à Saint-Pierre-et-Miquelon de la loi de 1975 en faveur des
personnes handicapées, la coordination entre les différents régimes de sécurité
sociale en vigueur dans les départements métropolitains et l'outre-mer avec ceux
gérés par la caisse de prévoyance sociale de Saint-Pierre-et-Miquelon, la mise
en place de l'allocation spéciale vieillesse ou encore de l'assurance
invalidité. C'est surtout sur ce dernier point que portera mon intervention.
La protection sociale dans
l'archipel est organisée par l'ordonnance n° 77-1202 du
26 septembre 1977 et, si de nombreuses lacunes ont été comblées ces
quinze dernières années, beaucoup reste encore à faire.
Cela dit, appliquer concrètement
les dispositions de la loi existante constituerait déjà un pas considérable
- je pense notamment à l'assurance invalidité.
L'article 71 de la loi
d'orientation pour l'outre-mer dispose que cette prestation est régie par les
articles L. 341-1 et L. 342-6 du code de la sécurité sociale. La caisse de
prévoyance sociale de Saint-Pierre-et-Miquelon constate cependant que le texte
n'est pas applicable en l'état car certains articles du code de la sécurité
sociale ont été omis dans le texte de loi. Il s'agit spécifiquement des articles
relatifs aux dispositions communes entre l'invalidité et l'assurance vieillesse
ainsi que de dispositions diverses sur le cumul des prestations sociales,
l'allocation aux adultes handicapés et autres pensions.
Sans ces dispositions
complémentaires, la caisse de prévoyance sociale se trouve dans l'impossibilité
de faire bénéficier ses assurés des avantages servis par le régime
invalidité.
Le service compétent
du ministère, la direction des affaires communautaires et internationales, qui
gère certains dossiers de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon, a été saisi de
la question par le service juridique de la caisse de prévoyance sociale en mars,
en avril, en juillet, en septembre et, plus récemment, en octobre, sans obtenir
de réponse.
Madame la secrétaire
d'Etat aux personnes âgées, je n'ai pas, bien entendu, à vous convaincre de
l'importance de la mise en place de l'assurance invalidité à
Saint-Pierre-et-Miquelon. Mais une extension complémentaire de différents
articles du code de la sécurité sociale par la voie législative est absolument
nécessaire. Je souhaite évidemment que cette extension intervienne avant la fin
de la présente session parlementaire, ce qui, comme chacun sait, ne nous laisse
pas beaucoup de temps.
Quand le
Gouvernement compte-t-il y procéder et à quel texte législatif prévoit-il
d'intégrer les dispositions concernées ?
M. le président. La
parole est à Mme la secrétaire d'Etat aux personnes âgées.
Mme Paulette
Guinchard-Kunstler, secrétaire d'Etat aux
personnes âgées. Monsieur Grignon, l'article 71 de la loi
d'orientation pour l'outre-mer a effectivement introduit le risque invalidité
dans le régime de protection sociale applicable à Saint-Pierre-et-Miquelon. A
cet effet, les articles L. 341-1 à L. 352-6 du code de la sécurité sociale
ont été étendus à l'archipel. Or il s'est révélé que les seuls articles étendus
ne permettaient pas une mise en application correcte du régime d'assurance
invalidité à Saint-Pierre-et-Miquelon, en raison de l'omission de l'extension de
certains articles du code de la sécurité sociale, relatifs notamment aux règles
de cumul entre la pension d'invalidité et d'autres prestations sociales
- je pense notamment à l'octroi de la majoration pour tierce personne.
Les services du ministère de
l'emploi et de la solidarité procèdent actuellement, sur la base des documents
très pertinents produits par la caisse de prévoyance sociale de
Saint-Pierre-et-Miquelon, à l'expertise technique de l'ensemble des dispositions
législatives du code de la sécurité sociale, qui doivent impérativement être
étendues à l'archipel afin de rendre son régime invalidité opérationnel tant au
niveau de la prestation d'invalidité que des prestations complémentaires
auxquelles peuvent prétendre les titulaires de cette prestation
- allocation supplémentaire et droits spécifiques en matière d'assurance
maladie.
Dès que cet examen sera
terminé, des propositions de dispositions législatives complémentaires seront
présentées au Parlement afin que le nouveau régime saint-pierrais d'assurance
invalidité puisse fonctionner de façon satisfaisante.
Soyez assuré, monsieur le député,
que Mme Royal, ministre déléguée à la famille, à l'enfance et aux personnes
handicapées, et M. Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, s'attacheront à
ce que ces mesures complémentaires puissent intervenir dans les délais les plus
rapprochés, le Gouvernement étant très attentif à la mise en application
concrète de toutes les dispositions de la loi d'orientation pour l'outre-mer.
M. le président. La
parole est à M. Gérard Grignon.
M. Gérard Grignon.
Madame la secrétaire d'Etat, cette réponse me satisfait, à condition que
l'extension à l'archipel de l'application des dispositions en question soit
réalisée le plus rapidement possible, en la « raccrochant », si je puis dire, au
projet de loi relatif aux droits des malades et à la qualité du système de
santé, que nous allons examiner en deuxième lecture. Il n'y a en effet pas de
raison pour que les assurés de Saint-Pierre-et-Miquelon soient plus mal traitées
que les assurés métropolitains.
Nous accusons un grand retard. A
Saint-Pierre-et-Miquelon, il n'y a ni allocation pour jeune enfant, ni
allocation parentale d'éducation, ni complément familial, ni allocation de
rentrée scolaire, ni allocation d'adoption, ni allocation de parent isolé. Et je
rappelle que le système d'assurance vieillesse ne date que de la loi
de 1987.
C'est pourquoi je
me permets d'insister pour que le régime invalidité puisse s'appliquer à
Saint-Pierre-et-Miquelon le plus rapidement possible.
M. le président. Mes
chers collègues, en attendant l'arrivée de Mme Parly, secrétaire d'Etat au
budget, qui doit répondre maintenant à plusieurs questions, je vais suspendre la
séance.