RESTRUCTURATION DES ÉTABLISSEMENTS DE
SANTÉ
DANS LA MANCHE
M. le président.
M. Claude Gatignol a présenté une question, n° 1559, ainsi
rédigée :
« M. Claude Gatignol
attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur l'organisation
sanitaire dans le Cotentin. Après la fermeture de l'hôpital des armées
René-Lebas, les établissements de santé situés dans la presqu'île du Cotentin
(le centre hospitalier Louis-Pasteur et la polyclinique à Cherbourg, le centre
hospitalier de Valognes et la clinique de Carentan) sont actuellement en phase
de restructuration. Cette nouvelle organisation hospitalière doit prendre en
compte les spécificités géographiques ; elle doit également répondre au problème
du recrutement de médecins spécialistes et assurer la nécessaire complémentarité
entre les établissements publics et privés. Dans le cadre de la nouvelle
organisation sanitaire, outre le recrutement de praticiens spécialisés, le
centre hospitalier de Valognes doit pouvoir être doté d'un véritable service de
soins de suite, avec la création de vingt lits supplémentaires, mais aussi
d'un pôle d'imagerie médicale équipé de moyens en personnel et en matériels avec
l'attribution du scanner déjà prévu dans l'organisation sanitaire globale du
Cotentin ; enfin, un service d'urgence doit être mis en place avec les postes et
les moyens correspondants aux besoins d'une équipe d'urgentistes mobile. Il lui
demande donc de lui préciser ses intentions sur l'organisation sanitaire dans le
Nord Cotentin, tout particulièrement en ce qui concerne la place du centre
hospitalier de Valognes, et quels moyens humains et financiers il envisage
d'octroyer aux établissements afin de pérenniser l'offre de soins dans cette
région et assurer, dans l'intérêt des patients, des soins de qualité et de
proximité qu'ils sont légitimement en droit d'attendre. »
La parole est à
M. Claude Gatignol, pour exposer sa question.
M. Claude Gatignol.
Madame la secrétaire d'Etat aux personnes âgées, la mise en place de la nouvelle
organisation sanitaire dans le département de la Manche appelle une attention
toute particulière de la part du ministère de la santé ; elle est d'actualité
dans le sud du département et est déjà en cours depuis quelque temps dans le
nord.
En effet, après la
fermeture de l'hôpital des armées, le Cotentin dispose actuellement de quatre
établissements hospitaliers publics ou privés : Louis Pasteur et la polyclinique
dans l'agglomération urbaine de Cherbourg, le centre hospitalier de Valognes, en
plein coeur de la presqu'île du Cotentin, et la clinique de Carentan au sud,
auxquels s'ajoute, en secteur psychiatrique, l'établissement de Picauville.
La spécificité géographique de la
presqu'île du Cotentin, ses voies de communication et, surtout, la répartition
de la population sédentaire et touristique doivent être totalement intégrées
dans les choix qui seront opérés. Ainsi, le centre hospitalier de Valognes se
trouve éloigné de plus de 100 kilomètres du CHU de Caen, sans autoroute, de
70 kilomètres de Saint-Lô et de 30 kilomètres de Cherbourg et des
côtes est et ouest du littoral maritime. Et pour accéder au centre hospitalier
Louis Pasteur, il faut prévoir trente à quarante minutes en raison de la
circulation urbaine et de son emplacement, hélas, dans le centre-ville. De plus,
il est envisagé de refuser des entrées tellement cet hôpital est engorgé en
raison du manque de médecins.
Dans ces conditions, vous
comprendrez, Madame la secrétaire d'Etat, qu'il est important que le centre
hospitalier de Valognes puisse être doté de services permettant de répondre de
manière satisfaisante aux exigences d'une médecine de qualité et de proximité,
attendue légitimement par les malades.
Mais je suis inquiet. Votre
directeur d'agence régionale de l'hospitalisation inconnu, invisible et sans
doute sans stylo puisqu'il ne répond pas aux courriers, a déjà fermé la
chirurgie et la maternité, où se pratiquaient 550 accouchements par an en
moyenne. Cette décision est inacceptable et incohérente dans son principe. Il y
a maintenant plus de 2 400 accouchements à Cherbourg !
J'ai obtenu de votre prédécesseur,
Mme Gillot, la création d'un service de soins de suite et de réadaptation,
mais celui-ci doit être doté de 80 lits, les 50 prévus à ce jour se
révélant insuffisants pour répondre à l'attente de la population. Nous ne
disposons toujours pas des crédits pour aménager le plateau technique adéquat.
Disant cela, je n'oublie pas tous les emplois qu'induirait la mise en place de
ce service.
Il est également
nécessaire, pour un diagnostic de qualité, de disposer à Valognes d'un pôle
d'imagerie médicale renforcé par la présence de matériels modernes
- scanner ou IRM - avec les personnels de fonctionnement nécessaires.
Je rappelle qu'une telle implantation nouvelle dans le Cotentin a déjà été
envisagée, mais que sa situation n'a pas été précisée.
Il nous faudrait aussi répondre aux
besoins relatifs au dépistage du cancer du sein, mais nous ne disposons pas du
matériel.
La radiologie
participe à un bon service des urgences. Ce service, classé UPATOU - unité
de proximité, d'accueil, de traitement et d'orientation des urgences -,
doit aussi avoir les postes et les moyens correspondant aux besoins d'une équipe
mobile, eu égard à la géographie de notre presqu'île.
Sur tous ces points, les décisions
que prendra le CROSS, le comité régional d'orientation sanitaire et sociale,
jeudi prochain, iront-elles dans le sens souhaité ?
En complément des services
hospitaliers, le territoire rural doit être l'objet de toute votre attention
pour recevoir des lits confiés aux services de soins infirmiers à domicile. Sur
ce point, j'ai transmis à M. le ministre délégué à la santé des demandes,
et des projets sérieux sont en cours.
Quoi qu'il en soit, cette
organisation sanitaire ne peut être crédible que si une réponse rapide est
apportée au problème, énorme et grave, du recrutement, aujourd'hui très
déficitaire, de praticiens hospitaliers. Demain, ce sera le tour des médecins
généralistes, qui sont surmenés et démoralisés car ils ne trouvent personne pour
les remplacer durant quelques jours de vacances bien mérités. Nous avons
plusieurs cas de ce genre dans le département.
Le problème crucial de la pénurie
de praticiens spécialistes dans le Cotentin doit être à mon sens traité dans le
cadre d'une nécessaire et intelligente complémentarité entre les établissements
publics et privés, dans la perspective d'une vraie dynamique d'accueil de
médecins. Le ministre est-il prêt à l'organiser ? Si oui, avec quels moyens ?
Dans le but de bien mesurer
l'importance du problème, le ministre est-il prêt à accepter une mission de
l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé ?
Je serai donc très attentif aux
réponses que m'apportera M. le ministre quant aux moyens humains et
financiers qu'il envisage d'octroyer aux établissements hospitaliers tant
publics que privés, et particulièrement quant à la place et au rôle de l'hôpital
de Valognes dans le schéma sanitaire du Cotentin.
M. le président. La
parole est à la secrétaire d'Etat aux personnes âgées.
Mme Paulette
Guinchard-Kunstler, secrétaire d'Etat aux
personnes âgées. Monsieur Gatignol, permettez-moi d'abord de vous prier
d'excuser Bernard Kouchner qui, ne pouvant être présent ce matin, tient à vous
apporter les éléments de réponse suivants.
Le centre hospitalier de Valognes
est, comme vous l'avez souligné, au coeur d'une importante opération de
recomposition de l'offre de soins, qui permettra d'assurer de manière pérenne
aux usagers du Nord-Cotentin l'accès à des soins de qualité dans de bonnes
conditions de sécurité.
Le
maintien d'un système sanitaire performant, moderne, ouvert à tous, où sont
garantis les principes du service public - égalité, qualité,
continuité - constitue l'une des préoccupations constantes du Gouvernement.
Les actions entreprises par le ministère de la santé mettent l'accent sur la
coopération hospitalière.
Dans
ce cadre, l'agence régionale de l'hospitalisation de Basse-Normandie mène ainsi,
avec les autres acteurs locaux de santé, une réflexion sur l'organisation de
l'offre de soins. La complémentarité entre les établissements publics et privés
devrait permettre de valoriser l'offre de soins disponible, et notamment de
faire face à la difficulté de recrutement de médecins spécialistes.
Soyez assuré, monsieur le
député, que le centre hospitalier de Valognes trouvera toute sa place dans la
nouvelle organisation. En effet, un service de 50 lits de soins de suite et
de réadaptation vient d'y être ouvert. En plus des 20 lits déjà autorisés,
30 lits ont été transférés du centre hospitalier Louis-Pasteur. C'est un
signe fort de la recherche d'une bonne complémentarité entre Cherbourg et
Valognes, au service de tous les habitants.
En 2002, la capacité sera portée à
70 lits, l'objectif étant de faire de ce service de soins de suite et de
réadaptation un pôle d'excellence dans le Nord-Cotentin. Il convient d'y ajouter
la création d'une unité de six lits de soins neurovégétatifs.
D'autre part, une unité de
géronto-psychiatrie de 15 à 18 lits devrait, à très court terme, être
installée sur le site de l'hôpital de Valognes, par le transfert de cette unité
de l'hôpital du Bon-Sauveur de Picauville. Cette unité intersectorielle
s'intègre parfaitement dans la filière gérontologique qui doit se développer au
sein de la communauté d'établissements du Nord-Cotentin, afin d'assurer une
prise en charge globale et cohérente des personnes âgées. Elle permettra en
outre au service de radiologie et au laboratoire du centre hospitalier de
Valognes de consolider leurs activités.
La mise en oeuvre d'une unité
mobile de soins palliatifs référente destinée aux deux hôpitaux de Valognes et
de Cherbourg est également envisagée.
La constitution de fédérations
médicales inter-hospitalières entre le centre hospitalier Louis-Pasteur de
Cherbourg et celui de Valognes sera encouragée. Le rapprochement ainsi favorisé
de l'activité médicale des urgences, de la radiologie ou encore du laboratoire
pourrait contribuer à pérenniser ces services au centre hospitalier de
Valognes.
S'agissant de
l'activité d'imagerie médicale, une complémentarité sera recherchée avec le
centre hospitalier Louis-Pasteur pour l'utilisation du scanner par le biais de
la transmission d'images. Le centre hospitalier de Valognes pourra, grâce à
cette coopération, remplir pleinement son rôle d'urgence de proximité, et aussi
renforcer la sécurité de la prise en charge des patients hospitalisés et
développer des consultations de dépistage.
Le centre hospitalier de Valognes a
déjà trouvé toute sa place au sein de la communauté hospitalière du
Nord-Cotentin. Je puis vous assurer que les services de Bernard Kouchner
appuieront les différentes étapes de sa reconversion en liaison avec les élus
locaux. Une table ronde sera prochainement organisée, sous l'égide du directeur
de l'ARH, pour poursuivre la réflexion en faveur de l'amélioration des soins
attendue par l'ensemble de la population du Nord-Cotentin.
M. le président. La
parole est à M. Claude Gatignol, à qui je demande d'être bref.
M. Claude Gatignol.
J'ai bien noté, madame la secrétaire d'Etat, les différentes informations que
vous venez de m'apporter, dont la confirmation de la création de 20 lits,
peut-être de 30 lors d'une deuxième étape. Vous savez que nous disposons déjà de
20 lits, mais nous en demandons 30 de plus.
Nous veillerons à ce qu'il y ait
également des lits de soins palliatifs et de soins neurovégétatifs.
J'insiste sur la nécessité de
disposer du matériel de radiologie et de l'équipe nécessaire. A Cherbourg, la
radiologie est sinistrée. Le seul radiologue de Valognes lit entre 60 et 80
clichés par jour, parfois en fin d'après-midi. Nous devons donc faire
attention.
Nous serons prêts à
suivre vos propositions.