CONDITIONS DE SÉCURITÉ DANS LES TUNNELS
Mme la présidente.
M. Jean-Jacques Guillet a présenté une question, n° 1579, ainsi
rédigée :
« L'accident qui s'est
produit le 24 octobre dernier dans le tunnel du Gothard comme celui du
tunnel du Mont-Blanc en mars 1999 ne font qu'augmenter les interrogations
sur les conditions de sécurité dans les tunnels. L'année dernière, la parution
du rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et
technologiques, traitant des moyens nécessaires à mettre en oeuvre pour
améliorer la sécurité des tunnels routiers et ferroviaires français, inquiétait
vivement les élus et la population de la ville de Vaucresson. En effet, ce
rapport consacrait une partie importante de son analyse au bouclage de l'A 86 et
aux dangers du projet Cofiroute. Concernant le tunnel Est, il est remarqué qu'il
est troublant de voir que dans tous les documents fournis par Cofiroute
- et notamment la note du 14 février 1999 sur la sécurité et les
secours dans le tunnel Est du bouclage de l'A 86 - figurent dans les
schémas trois véhicules de front, alors que les autorités de tutelle
continuent à parler de 2 voies de circulation et d'une bande d'arrêt
d'urgence. Il est bien dans l'esprit du concessionnaire d'utiliser cette
troisième voie, et donc par là même, de réduire la sécurité. Un peu plus loin,
ce rapport fait état d'une « autre inquiétude... la largeur de 1,80 mètre
est très restrictive... les véhicules dépassent 1,80 mètre avec leurs
rétroviseurs... que faire donc des rétroviseurs ? Qui sera responsable et les
assurances couvriront-elles longtemps ce risque ? ». Au sujet de cette même
largeur, les conclusions des responsables du SAMU 92 notent que les
services médicaux seront pénalisés par ces dimensions et que « la préconisation
de véhicules spéciaux... pour le tunel Est, est un pis aller qui risque de
fragiliser encore davantage... d'éventuels blessés graves ». Concernant le
tunnel Ouest, on peut lire « c'est un tunnel classique... dont les documents
antérieurs faisant référence à la sûreté du tunnel du Mont-Blanc... A ce jour et
après le drame du tunnel du Mont-Blanc "l'accident du tunnel du Gothard n'avait
pas encore eu lieu, construire a minima un tel
tunnel semble de la provocation ». La conclusion est d'autant plus inquiétante :
« Il est temps de réétudier une solution plus conforme à la nécessaire sécurité
des passagers dans un tunnel. » M. Jean-Jacques Guillet demande à
M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement quelles
mesures il entend prendre tant à l'égard de cet aménagement, dont les plans ont
été élaborés par son ministère que sur les dispositions destinées à garantir la
sécurité des passagers. »
La
parole est à M. Jean-Jacques Guillet, pour exposer sa question.
M.
Jean-Jacques Guillet. Monsieur le ministre de l'équipement, des
transports et du logement, il y a quelques mois déjà je vous avais interrogé à
l'occasion d'un courrier puis d'une question écrite sur un problème lancinant,
qui inquiète nombre de nos concitoyens et en particulier les habitants concernés
par la réalisation du bouclage de l'A 86 en souterrain entre Rueil-Malmaison et
Jouy-en-Josas, et notamment du pont Colbert pour ce qui est de la partie ouest
de cet équipement.
N'ayant pas
reçu de réponse, je vous pose aujourd'hui une question orale. Entre-temps, au
dramatique accident du tunnel du Mont-Blanc ont succédé celui tout aussi
dramatique du Gothard et celui qui a eu lieu en Norvège. Inutile de vous dire
que l'inquiétude des riverains et des futurs usagers de l'ouvrage prévu s'en est
trouvé accentuée.
Monsieur le
ministre, permettez-moi de vous rappeler les termes du rapport rédigé l'année
dernière pour l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et
technologiques par notre collègue Christian Kert, qui s'inquiétait précisément
de la réalisation des tunnels est et ouest dans le cadre du bouclage de l'A
86.
Voici ce qu'il indiquait à
propos du tunnel est : « Il est troublant de voir que, dans tous les documents
fournis par Cofiroute - et notamment la note du 14 février 1999 sur la sécurité
et le secours dans le tunnel est du bouclage de l'A 86 -, figurent dans les
schémas trois véhicules de front, alors que les autorités de tutelle continuent
à parler de deux voies de circulation et d'une bande d'arrêt d'urgence. Il est
bien dans l'esprit du concessionnaire d'utiliser cette troisième voie, et donc
par là même de réduire la sécurité. »
Un peu plus loin, ce rapport fait
état d'une autre inquiétude : « La largeur de 1,80 mètre est très
restrictive.[...] Les véhicules dépassent en effet 1,80 mètre avec leurs
rétroviseurs. Que faire des rétroviseurs ? Qui sera responsable et les
assurances couvriront-elles longtemps ce risque ? »
S'agissant toujours de la largeur du
tunnel, les conclusions des responsables du SAMU 92 notent que les services
médicaux seront pénalisés par ces dimensions et que « la préconisation de
véhicules spéciaux pour le tunnel est, est un pis-aller qui risque de fragiliser
encore davantage [...] d'éventuels blessés graves ».
Voici ce qu'on peut lire dans le
rapport de M. Kert à propos du tunnel ouest, sur le destin duquel on peut
d'ailleurs s'interroger aujourd'hui : « C'est un tunnel classique A ce jour, et
après le drame du tunnel du Mont-Blanc - l'accident du tunnel du Gothard
n'avait pas encore eu lieu - construire a minima
un tel tunnel semble de la provocation. » Et la conclusion de notre collègue
était inquiétante : « Il est temps de réétudier une solution plus conforme à la
nécessaire sécurité des passagers dans un tunnel. »
Alors, monsieur le ministre, ma
question est très simple : que dire à nos concitoyens sur votre action en faveur
de la sécurité dans un tunnel qui, je le rappelle, sera long de dix kilomètres
environ ?
Mme la présidente. La
parole est à M. le ministre de l'équipement, des transports et du
logement.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du
logement. Monsieur le député, après les problèmes posés par la décision du
Conseil d'Etat, l'autoroute A 86 a été concédée à la Compagnie financière
et industrielle des autoroutes - Cofiroute - par convention du
3 septembre 1999 approuvée par décret en Conseil d'Etat du
25 novembre 1999, j'insiste sur les dates.
Comme je l'avais demandé, le contrat
de concession a pris en compte les enseignements de la catastrophe du tunnel du
Mont-Blanc après l'intervention d'une commission de sécurité incluant les
experts en charge de l'analyse de cette catastrophe.
Conformément à la circulaire
interministérielle du 25 août 2000 - et même si elle est
postérieure à la concession - relative à la sécurité dans les tunnels du
réseau routier national, élaborée après la catastrophe du Mont-Blanc, et qui
prend largement en compte les recommandations du rapport de M. le députe
Kert, le tunnel Est reliant Rueil-Malmaison à Versailles et réservé aux
véhicules légers fait l'objet en ce moment même d'une étude spécifique de
dangers, laquelle sera soumise, pour avis, à un expert indépendant, et au comité
d'évaluation de la sécurité dans les tunnels routiers, créé après la catastrophe
du Mont-Blanc.
L'ouvrage sera mis
en service avec deux voies et une bande d'arrêt d'urgence. L'exploitation à deux
voies et une voie affectée pour les échanges, sur un ou plusieurs tronçons,
pourra être décidée ultérieurement en fonction des besoins du trafic, et après
instruction d'un nouveau dossier de sécurité et actualisation de l'étude
spécifique de dangers.
C'est sur
ces bases que le creusement du tube principal du tunnel Est a été engagé.
La mise en service de l'ouvrage ne
pourra être réalisée qu'après élaboration du dossier de sécurité mis à jour et
complété, comportant notamment le plan d'intervention et de sécurité établi en
liaison avec les services de secours publics, et après qu'auront été une
nouvelle fois consultés un expert indépendant et le comité d'évaluation de la
sécurité dans les tunnels routiers.
Donc, vous le voyez d'après les
éléments qui m'ont été communiqués, monsieur le député, ce tunnel est en tous
points d'un niveau de sécurité au moins équivalent à celui exigé par
l'instruction technique du 25 août 2000. Il comporte même des mesures
exceptionnelles telles que des puits de secours espacés de moins de 1
250 mètres équipés d'un ascenseur, des escaliers de communication entre les
deux niveaux implantés tous les 200 mètres environ, et la mise à
disposition des services de secours publics et des services d'aide médicale
d'urgence de véhicules au gabarit de l'ouvrage.
Pour ce qui concerne le tunnel Ouest
reliant Rueil-Malmaison à Bailly, conformément à la circulaire
interministérielle du 25 août 2000, un dossier de sécurité sera
instruit avant l'approbation du projet.
Mme la présidente. La
parole est à M. Jean-Jacques Guillet.
M. Jean-Jacques
Guillet. Madame la présidente, je remercie M. le ministre de ces
précisions qui sont très utiles. Je n'en disposais pas encore, ce que je
regrette.