REVENDICATIONS DES ARBORICULTEURS DU
HAUT-RHIN
Mme la présidente.
M. Francis Hillmeyer a présenté une question, n° 1590, ainsi rédigée
:
« M. Francis Hillmeyer
attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur
les difficultés rencontrées par les arboriculteurs. La première a trait au
problème récurrent des fruits de 2e choix et donc au dossier de la
distillation en franchise. Au moment où la France a tout fait pour obtenir de
Bruxelles une nouvelle dérogation pour la production de rhum et où dans toute
l'Europe voisine, les arboriculteurs peuvent distiller leurs fruits, ce dossier
reste lamentablement en panne. La seconde raison est l'arrêté du
23 décembre 1999 sur les produits phytosanitaires utilisés dans les
vergers : il fait aujourd'hui la fortune des grandes surfaces : les
organisations arboricoles et jardinières vont se ruiner car ces mêmes produits
sont à présent 5 fois plus chers que par le passé lorsqu'ils les
composaient eux-mêmes. Pourtant, la Fédération arboricole et la Chambre
d'agriculture du Haut-Rhin ont depuis des années, créé des cycles de formation
qui ont concerné 170 personnes devenues moniteurs d'associations locales
après avoir suivi sur leur temps libre deux années d'études. Il leur est demandé
juste de recommencer, qui peut imaginer cela ? Dans le département du Haut-Rhin,
cela concerne encore 1 800 hectares de vergers familiaux. Le Gouvernement
pourtant semble particulièrement mal inspiré sur ces dossiers, et au moment où
tout le monde se convainc enfin que nos paysages ont besoin d'être préservés on
décourage les arboriculteurs bénévoles et leurs organisations. Il lui demande ce
qu'il compte faire à ce sujet. »
La parole est à M. Francis
Hillmeyer, pour exposer sa question.
M. Francis Hillmeyer.
Madame la ministre de la jeunesse et des sports, nous venons de passer la
Sainte-Catherine - or, selon un vieux dicton, à la Sainte-Catherine, tout
prend racine. Dans nos vergers, dans nos campagnes, c'est le moment où l'on
plante, en particulier les jeunes arbres fruitiers. Malheureusement ce n'est pas
l'euphorie pour deux raisons.
La
première a trait au problème récurrent des fruits de deuxième choix, donc au
dossier de la distillation en franchise. Au moment où la France a tout à fait
pour obtenir de Bruxelles une nouvelle dérogation pour la production du rhum
- et j'en suis heureux pour les DOM - et où, dans toute l'Europe
voisine, les arboriculteurs peuvent distiller leurs fruits, ce dossier reste
lamentablement en panne.
La
seconde raison tient à l'arrêté du 23 décembre 1999 sur les produits
phytosanitaires utilisés dans les vergers. Il fait aujourd'hui la fortune des
grandes surfaces alors que les organisations arboricoles et jardinières vont se
ruiner car ces mêmes produits sont à présent cinq fois plus chers, voire
davantage, que par le passé lorsqu'ils les composaient eux-mêmes.
Pourtant, la fédération arboricole
et la chambre d'agriculture du Haut-Rhin ont, depuis des années, créé des cycles
de formation, qui ont concerné 170 personnes devenues moniteurs d'association
locale après avoir suivi sur leur temps libre deux années d'études. On leur
demande de recommencer ! Qui peut imaginer cela ? Dans mon département du
Haut-Rhin, cela concerne encore 1 800 hectares de vergers familiaux.
Le Gouvernement, pourtant également
composé des Verts, me semble particulièrement mal inspiré sur ces dossiers. Au
moment où tout le monde se convainc enfin que nos paysages ont besoin d'être
préservés, on assassine toujours plus nos vergers, qui font de précieuses
couronnes de verdure à nos villages alsaciens, et on décourage les
arboriculteurs bénévoles et leurs organisations.
Le Gouvernement en est-il conscient
? Si oui, que compte-t-il faire ?
Mme la présidente. La
parole est à Mme la ministre de la jeunesse et des sports.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports.
Monsieur le député vous appelez l'attention du ministre de l'agriculture et de
la pêche sur les vergers traditionnels qui constituent un élément fondamental
des paysages de l'Alsace. L'inflexion apportée à notre politique agricole par ce
gouvernement permet une meilleure rémunération de l'ensemble des fonctions que
l'agriculture remplit pour la société, notamment par la signature de contrats
territoriaux d'exploitation, répondant ainsi à votre légitime préoccupation.
Sur le premier point de votre
question, l'ordonnance du 30 août 1960, prise en application de la loi
du 30 juillet 1960, a supprimé le privilège des bouilleurs de cru qui
consiste en une allocation en franchise pour les dix premiers litres d'alcool
pur produits. Cette franchise n'est maintenue que pour les personnes qui
pouvaient y prétendre durant la campagne 1959-1960 comme exploitant agricole à
titre principal, inscrit à la mutualité sociale agricole ou comme récoltant en
ayant bénéficié au cours de l'une au moins des trois campagnes précédant la
campagne 1952-1953. Elle est intransmissible, sauf au conjoint survivant.
Ces dispositions ont été confirmées
par le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie à l'association
française des récoltants de fruits et des syndicats de bouilleurs de cru.
Néanmoins, elles n'interdisent pas aux récoltants de distiller leurs fruits,
mais ils sont alors tenus d'acquitter le droit de consommation sur la totalité
de l'alcool produit.
Sur le
second point, vous savez que, dans un souci de protection de la santé publique,
la mise sur le marché des produits antiparasitaires à usage agricole, qu'ils
soient à usage professionnel ou non, est subordonnée à une autorisation délivrée
par le ministère chargé de l'agriculture. L'arrêté du 23 décembre 1999
est venu renforcer ce dispositif en ne permettant la délivrance de produits
antiparasitaires qui ne comportent par la mention « emploi autorisé dans les
jardins » qu'aux seuls professionnels.
Le seul objectif de cette décision
est d'assurer une meilleure protection de l'utilisateur amateur.
Mme la présidente. La
parole est à M. Francis Hillmeyer.
M. Francis Hillmeyer.
Je vous remercie, madame la ministre, pour votre réponse, mais je la connaissais
déjà. Les arboriculteurs et les bouilleurs de cru sont au courant de la
législation en vigueur. Ce qu'ils demandent - et une pétition nationale
circule en ce moment à ce sujet - ce n'est pas de ne pas payer les droits
pour pouvoir distiller leurs fruits, mais de n'en payer que 50 % sur les dix
premiers litres. C'est donc une toute petite revendication. Les droits qu'ils
paient actuellement sont si élevés que cela ne vaudra bientôt plus la peine de
produire soi-même son eau-de-vie compte tenu du temps consacré à le faire. Avec
tous les problèmes qui se posent aujourd'hui, les vergers sont de plus en plus
laissés à l'abandon et c'est bien dommage.
Mon intervention n'a pas pour but de
défendre des gens qui seraient sujets à l'alcoolisme. Vous savez très bien que
celui-ci ne se pratique pas avec de l'eau-de-vie mais généralement avec du vin
de mauvaise qualité. Et là je parle en tant que président d'un hôpital qui a une
section spécialisée dans le domaine de l'alcoolisme.
Pour les produits phytosanitaires,
il en va de même car, comme vous l'avez précisé vous-même, madame la ministre,
seuls les professionnels peuvent les utiliser. Les moniteurs d'arboriculture
sont formés pour cela par la chambre d'agriculture. Ils sont donc des
professionnels et n'utilisent pas ces produits n'importe comment. Nous
souhaiterions donc que soit accordée aux associations d'arboriculteurs
regroupées autour d'un moniteur une agrégation leur permettant d'utiliser ces
produits comme des professionnels. Ils le méritent car ils font vraiment preuve
d'une très grande compétence. Je suis moi-même allé visiter de nombreux vergers
écoles - c'est ainsi qu'on les nomme. On peut y apprendre à planter des
arbres, à les tailler et à les traiter avec beaucoup de sérieux et dans le
respect de l'environnement. J'aimerais qu'on puisse leur simplifier un peu la
vie et surtout la leur rendre un peu moins chère.