CONSÉQUENCES DE LA MISE EN PLACE DE
L'EURO
POUR LE PETIT COMMERCE ET L'ARTISANAT
Mme la présidente.
M. Armand Jung a présenté une question, n° 1596, ainsi rédigée :
« M. Armand Jung interroge
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur ses
remarques et commentaires sur le passage à l'euro de l'ensemble des acteurs
industriels et notamment des entreprises artisanales des secteurs des services
et de l'alimentation. Malgré ses explications très pédagogiques, les grands
syndicats bancaires annoncent une grève nationale de leur personnel pour le
2 janvier 2002. Les entreprises artisanales des secteurs des services
et de l'alimentation constituent la majorité de celles qui seront confrontées au
problème du rendu de monnaie en euro à leur clientèle. Les banques vont les
approvisionner avec des fonds de caisse limités. Mais un problème concret
subsiste : il s'agit de celui de l'assurance du rendu de monnaie en euro aux
clients si lesdites entreprises ne peuvent se réapprovisionner en pièces et
billets auprès des établissements bancaires. Les entreprises ne souhaitent pas
se substituer aux établissements bancaires dans le cadre de ce changement de
monnaie dont elles ne remettent pas le fondement en cause. Il lui demande qui
supportera la charge de ce nouveau système pour le secteur de l'artisanat qui
constitue l'un des fleurons de notre économie. »
La parole est à M. Armand
Jung, pour exposer sa question.
M. Armand Jung. Monsieur
le ministre d'Etat aux petites et moyennes entreprises, l'Union professionnelle
artisanale du Bas-Rhin a manifesté un grand intérêt aux récentes remarques et
commentaires de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur
le passage à l'euro de l'ensemble des acteurs industriels et notamment des
entreprises artisanales des secteurs des services et de l'alimentation. En
effet, comment ne pas être au coeur de cet événement dans une région telle que
la mienne, l'Alsace, zone frontalière par excellence ?
Malgré ses explications très
pédagogiques, les grands syndicats bancaires nous annoncent une grève nationale
de leur personnel pour le 2 janvier 2002. Les entreprises artisanales
des secteurs des services et de l'alimentation constituent la majorité de celles
qui seront confrontées au problème du rendu de monnaie en euro à leur clientèle.
Les banques vont les approvisionner avec des fonds de caisse limités. Mais un
problème concret subsiste : celui de l'assurance du rendu de monnaie en euro aux
clients si lesdites entreprises ne peuvent se réapprovisionner en pièces et
billets auprès des établissements bancaires.
Nous pouvons nous demander, compte
tenu des dires des syndicats des banques, comment ces établissements pourront
supprimer les fausses pièces et coupures en francs mises en circulation après le
lancement de l'euro et qui en paiera les frais. Cette remarque vaut aussi pour
le circuit financier d'argent sale. Les entreprises ne souhaitent pas se
substituer aux établissements bancaires dans le cadre de ce changement de
monnaie dont elles ne remettent pas le fondement en cause. Qui supportera alors
la charge de ce nouveau système pour le secteur de l'artisanat qui constitue
l'un des fleurons de notre économie ?
Mme la présidente. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au
commerce, à l'artisanat et à la consommation.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes
entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation. Monsieur le
député, le passage à l'euro qui a commencé avec l'euro fiduciaire depuis le
14 décembre dernier, connaît le succès que nous avions escompté. Appelant à
l'euro-vigilance, j'avais donc raison aussi d'appeler à l'euro-confiance. Quant
à l'euro-impatience, nous l'avons constatée.
Les Français s'approprient
aujourd'hui les sachets d'euros, de façon apaisée. Il n'y a pas de ruée, mais
une demande forte. Il reste encore près de 30 millions de kits à vendre et
chacun pourra obtenir à sa banque, s'il n'y en a plus dans les bureaux de tabac,
son kit d'euros.
La
pré-alimentation qui concerne tant la grande distribution que le petit commerce
et l'artisanat se fait aujourd'hui dans de bonnes conditions et il n'y aura pas
de pénurie.
Les Français se
disent aujourd'hui bien informés sur l'euro et l'Europe place la France en tête
du peloton des pays pour la préparation du passage à l'euro.
Ces éléments nous permettent
d'envisager l'échéance du 1er janvier, certes avec vigilance mais aussi
avec confiance.
Les cinq
fédérations syndicales bancaires ont effectivement appelé à une journée de grève
« éventuellement reconductible » le 2 janvier prochain. Les revendications
portent à la fois sur les questions de sécurité et sur les salaires. Sur le
premier point, je note qu'un accord a déjà été signé le 19 juin dernier
dans la profession bancaire, la concertation sociale doit se poursuivre au
niveau de la branche et des entreprises pour en assurer l'application
effective.
En ce qui concerne
l'évolution des salaires, il n'appartient pas au Gouvernement d'intervenir dans
une négociation qui concerne les seuls partenaires sociaux. Des négociations
sont en cours dans de nombreux établissements et des accords ont été parfois
déjà signés. Je suis persuadé que la raison finira bien par l'emporter dans
l'intérêt de tous.
La mise en
place de la monnaie unique européenne est un grand enjeu national qui doit
mobiliser toutes nos énergies. Je suis conscient des efforts qui sont demandés
aux salariés des banques et des sacrifices personnels qu'ils consentent, au
moment des fêtes de fin d'année, pour faire face à d'importants surcroîts de
travail. Je salue leur grand dévouement et je suis certain qu'ils feront preuve,
à cette occasion, de l'esprit de responsabilitsé qu'ils ont toujours montré dans
l'exercice de leur profession.
Enfin, j'ai rappelé aux commerçants
et artisans avec qui mon secrétariat d'Etat entretient des relations étroites et
constantes quant au passage de l'euro que les mesures de sécurité seraient
prises et que la pré-alimentation se ferait dans de bonnes conditions.
Il va de soi que si quelques
perturbations pouvaient survenir, le rendu de monnaie en euro est souhaitable
mais qu'il n'est pas obligatoire. Mais je ne pense pas compte tenu de la
préalimentation qu'il y aura pénurie.
Il faut d'abord faciliter la vie
des consommateurs qui doivent aujourd'hui s'approprier la monnaie, dépenser les
pièces des kits et utiliser les distributeurs de billets.
Je pense que l'ensemble des banques
feront face, elles aussi, avec détermination et responsabilité à cette échéance
qui revient au mieux, tous les siècles !