RETRAIT DU MARCHÉ DE MÉDICAMENTS
ANTICHOLESTÉROL
Mme la présidente.
Mme Cécile Helle a présenté une question, n° 1601, ainsi rédigée :
« Alors que vient d'être adoptée
par notre assemblée la loi sur le droit des malades qui vise à mieux prendre en
compte l'aléa thérapeutique et à répondre efficacement aux soucis de
transparence envers les patients, Mme Cécile Helle souhaite attirer
l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur les interrogations que
se posent encore aujourd'hui les consommateurs utilisateurs des médicaments
anticholestérol du groupe pharmaceutique Bayer (Cholstat, Staltor, Lipobay,
etc.), retirés précipitamment de la vente début août. Comme il le sait sûrement,
près de 500 000 personnes sont concernées en France. Dans le département du
Vaucluse, l'association de défense des utilisateurs de cérivastatine regroupe
aujourd'hui plus de cent adhérents et a été sollicitée par près de
500 personnes pour des informations et conseils. Au-delà des démarches
judiciaires entamées par certaines d'entre elles pour obtenir réparation et
indemnisation, ces personnes soignées pendant des années pour certaines au
Cholstat ou Staltor souhaitent obtenir une clarification sur l'évolution
attendue des troubles et pathologies secondaires. Conscient du drame humain et
du problème de santé publique posé par ce dossier, il a lui-même, conjointement
avec Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité, souhaité réagir dès
le début du mois d'août en demandant des explications à l'Agence française de
sécurité sanitaire des produits de santé. Or ce rapport sur les conditions de
retrait de la cérivastatine et les conditions de mise en oeuvre des obligations
par le code de la santé publique en matière de pharmacovigilance n'a pas encore
été à ce jour rendu public. C'est précisément en ce sens qu'elle le saisit
aujourd'hui pour lui demander comment les pouvoirs publics entendent répondre
aux légitimes soucis d'information, de transparence et de vérité attendus par
les patients utilisateurs de cérivastatine. »
La parole est à Mme Cécile
Helle, pour exposer sa question.
Mme Cécile Helle. Ma
question s'adresse à M. le ministre délégué à la santé.
Monsieur le ministre, alors qu'a
été adoptée par notre assemblée il y a quelques semaines la loi sur le droit des
malades qui vise à mieux prendre en compte l'aléa thérapeutique et à répondre
efficacement aux soucis de transparence envers les patients, je souhaite attirer
votre attention sur les interrogations que se posent encore aujourd'hui les
consommateurs utilisateurs des médicaments anticholestérol du groupe
pharmaceutique Bayer, retirés précipitamment de la vente début août, en pleine
période estivale. Comme vous le savez sûrement, près de 500 000 personnes
sont concernées en France.
Dans
mon département, le Vaucluse, l'association de défense des utilisateurs de
cérivastatine regroupe aujourd'hui plus de cent adhérents et a été sollicitée
par près de 500 personnes pour des informations et des conseils. Au-delà
des démarches judiciaires entamées par certaines d'entre elles pour obtenir
réparation et indemnisation, ces personnes soignées pendant des années, pour
certaines au Cholstat ou pour d'autres au Staltor, souhaitent obtenir une
clarification sur l'évolution attendue des troubles et pathologies
secondaires.
Conscient du drame
humain et du problème de santé publique posé par ce dossier, vous avez
vous-même, conjointement avec Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et
de la solidarité, souhaité réagir dès le début du mois d'août en demandant des
explications à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé.
C'est précisément en ce
sens que je vous saisis aujourd'hui, monsieur le ministre, pour vous demander
comment les pouvoirs publics entendent répondre aux légitimes soucis
d'information, de transparence et de vérité attendus par les patients
utilisateurs de cérivastatine.
Mme la présidente. La
parole est à M. le ministre délégué à la santé.
M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé. Madame la
députée, comme vous l'avez souligné - et je vous en remercie - nous nous
somme attachés depuis plusieurs années, mais particulièrement depuis un an, à
développer, en lien avec les associations de patients, non en les consultant ou
en les recevant de temps en temps mais en travaillant vraiment avec eux, une
politique d'information et de transparence qui me paraît essentielle si nous
voulons créer cette démocratie sanitaire qui, d'ailleurs, est proche de voir son
accomplissement dans notre pays.
Le projet de loi relatif aux droits
des malades renforce encore cette approche, et la qualité du système de santé
s'en ressent de manière positive. Adopté en première lecture à l'Assemblée
nationale, il comporte des dispositions majeures dans le domaine de
l'information sur les bénéfices, mais aussi, évidemment, sur les risques des
traitements et dans celui de la formation continue des médecins. Tout cela
répond à une attente et, pourtant, dans bien des cas, dont celui que vous citez,
nous sommes dépassés par l'ampleur des exigences.
Le retrait des spécialités
contenant de la cérivastatine à la suite d'une décision unilatérale prise par le
groupe Bayer avait suscité l'inquiétude des personnes traitées, dont vous vous
faites l'écho.
Dès le
8 août, jour de ce retrait, et encore les 9 et 10 août, l'Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé et le ministère de la
santé avaient assuré l'information des professionnels et du public par la
diffusion de communiqués de presse invitant notamment les patients à consulter
leur médecin afin d'adapter le traitement. Par ailleurs, des informations
étaient mises en ligne sur le site Internet de l'AFSSAPS.
De plus, j'avais demandé à l'Agence
d'établir un rapport sur les conditions de ce retrait et sur le respect des
obligations en matière de pharmacovigilance. Comme tous les rapports au
ministère de la santé, celui-ci a été rendu public le 5 décembre.
Il a été transmis aux associations
de patients qui l'avaient demandé, et en particulier à trois associations
regroupant des patients traités par la cérivastatine.
Les présidents des associations de
patients ont été reçus à mon cabinet dès le début du mois de septembre, et à
l'AFSSAPS peu après. Des réponses avaient pu ainsi leur être apportées dans
l'attente des conclusions du rapport de l'Agence. Je les rencontrerai
personnellement prochainement afin, notamment, d'envisager avec eux les réponses
à apporter dans ce type de situation, en particulier en termes d'information sur
les effets indésirables et la pharmacovigilance.
J'ajoute que nous avons pu
constater que les renseignements, qui doivent pourtant être communiqués aux
divers pays d'Europe, ne l'avaient peut-être pas été en temps et en heure, et
que la communication avec les Etats-Unis, et en particulier avec la Food and
Drug Administration, ne se faisait pas assez rapidement.
Quoi qu'il en soit, aux Etats-Unis
comme en Europe, nous avons été tous surpris par la décision unilatérale du
laboratoire, que nous ne pouvions pas prévoir.
Je terminerai en rappelant que ce
n'est pas seulement à l'occasion du retrait d'un médicament que nous devrions
améliorer l'information des médecins, mais également sur la présentation, voire
le marketing des produits de santé. Nous avons d'ailleurs créé une agence, qui
entrera en fonctions à partir de l'année prochaine et sera chargée de faire en
sorte que l'information scientifique des médecins dépende moins des laboratoires
pharmaceutiques. Evidemment je n'accuse pas ces derniers : ils sont les
responsables de l'investissement, de l'innovation, de la recherche et de la mise
au point de nouveaux médicaments. Mais il faudrait que les praticiens de notre
pays aient plus facilement accès à l'information, cela simplifierait les
choses.