DÉPOLLUTION DU SITE DU CEA A
VAUJOURS
EN SEINE-SAINT-DENIS
M. le président.
M. Alain Calmat a présenté une question, n° 1623, ainsi rédigée :
« M. Alain Calmat interroge
M. le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la
situation des bâtiments et des terrains de l'ancien site du commissariat à
l'énergie atomique située à Vaujours dans la Seine-Saint-Denis. Du début des
années 50 jusqu'en 1997, le fort de Vaujours a exploité un centre de
recherches, dans lequel des spécialistes ont notamment mis au point la partie
explosive de la première bombe atomique française. Un rapport de la DRIRE
d'Ile-de-France paru en 1999 fait état d'une contamination résiduelle par des
matières radioactives et pyrotechniques et indique que le site de Vaujours
pourrait être inscrit au recensement national des sites pollués. Ces
informations ont conduit à la mise en place d'une commission de suivi. Au-delà
de cette initiative, des associations de défense de l'environnement ont demandé
une nouvelle étude à la CRIIRAD qui, d'après les premières informations a
confirmé la présence d'une pollution radioactive résiduelle. Les autres
résultats de l'étude ne sont pas encore connus mais il serait indispensable
d'envisager de prendre des mesures de décontamination complète du site si des
traces d'explosifs, de produit chimiques ou encore des stocks d'armes étaient
découverts. Il souhaiterait la plus grande transparence concernant les
informations relatives au CEA de Vaujours. Par ailleurs il lui demande de lui
préciser quelles dispositions le Gouvernement entend prendre afin de dépolluer
totalement un site qui, devant être réutilisé pour d'autres activités
(implantations d'entreprises notamment) doit être assurément sans danger
potentiel pour les populations qui auront à y travailler. »
La parole est à M. Alain
Calmat, pour exposer sa question.
M. Alain Calmat.
Monsieur le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, je
vous remercie d'être présent pour répondre vous-même à la question que je
souhaite vous poser.
Je
souhaite, en effet, vous interroger sur la situation des bâtiments et des
terrains de l'ancien site du Commissariat à l'énergie atomique situé dans l'une
des communes de ma circonscription, à Vaujours, dans le département de la
Seine-Saint-Denis.
Du début des
années 50 jusqu'en 1997, le fort de Vaujours a exploité un centre de
recherches, dans lequel des spécialistes ont notamment mis au point la partie
explosive de la première bombe atomique française. Un rapport de la DRIRE
d'Ile-de-France, paru en 1999, fait état d'une contamination résiduelle par des
matières radioactives et pyrotechniques et indique que le site de Vaujours
pourrait être inscrit au recensement national des sites pollués. Ces
informations, relayées par la presse se faisant l'écho d'anciens salariés du
CEA, et les réactions de nombreux élus du département de la Seine-Saint-Denis
mais aussi de la Seine-et-Marne ont conduit à la création d'une commission de
suivi.
Au-delà de cette
initiative, des associations de défense de l'environnement ont demandé une
nouvelle étude à un organisme indépendant, la CRIIRAD qui, d'après les premières
informations, a confirmé la présence d'une pollution radioactive résiduelle. Il
semble donc que la zone n'ait pas été suffisamment décontaminée. Les autres
résultats de l'étude ne sont pas encore connus, mais il serait indispensable
d'envisager de prendre des mesures de décontamination complète du site si des
traces d'explosifs, de produits chimiques ou encore des stocks d'armes étaient
découverts.
Aussi, monsieur le
ministre, je souhaiterais que la plus grande transparence se fasse concernant
les informations relatives au CEA de Vaujours. Je vous demande de me préciser
quelles dispositions le Gouvernement entend prendre afin de dépolluer totalement
un site qui, devant être réutilisé pour d'autres activités, doit être assurément
sans danger potentiel pour les populations qui auront à y travailler.
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement.
M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement. Monsieur le député, comme vous le disiez, le site du fort
de Vaujours a abrité un centre d'études du CEA qui effectuait des essais
pyrotechniques dans le cadre de programmes de défense nationale. Il est vrai
que, lors de ces expériences, le site a été légèrement contaminé par de
l'uranium appauvri et par des traces d'explosifs.
La direction générale de la santé a
fixé en 1998 les valeurs de référence à retenir pour rendre le site accessible
au public et à d'éventuelles activités. Ces valeurs sont les suivantes :
A l'extérieur des bâtiments, cinq
becquerels d'uranium par gramme de terre et un débit de dose de un microgray par
heure ;
A l'intérieur des
bâtiments susceptibles d'être réoccupés, un becquerel d'uranium par gramme de
matière et un débit de dose de deux dixièmes de microgray par heure.
Les opérations d'assainissement ont
été menées jusqu'à atteindre ces seuils. Les vérifications opérées par l'Office
de protection contre les rayonnements ionisants ont confirmé que ces niveaux de
référence étaient respectés. L'absence de risques pour la santé et pour
l'environnement était donc établie pour la surface du site. Cependant
l'inspecteur de l'armement pour les poudres et explosifs avait indiqué que les
moyens de détection ne sont pas capables de garantir l'absence de munitions à
une profondeur supérieure à quelques décimètres. Par précaution, il a été décidé
d'instituer des servitudes sur ce site pour imposer des vérifications lors
d'éventuelles fouilles ou creusements, par exemple, pour construire les
fondations de futurs bâtiments.
Ces servitudes ont été soumises à
enquête publique du 9 mai au 10 juin 2000 et ont donné
lieu à un avis favorable du commissaire enquêteur. Mais cette enquête a fait
apparaître de nombreuses interrogations de la part des habitants des communes
riveraines du site. Vous vous en faites l'écho, je m'en félicite.
Pour répondre à ces interrogations,
les préfets de Seine-et-Marne et de Seine-Saint-Denis ont institué une
commission de suivi qui a été installée en janvier 2001. Elle comprend des
représentants des services de l'Etat mais aussi des élus et des associations.
La commission de suivi a approuvé,
le 29 mars 2001, le lancement d'une étude hydrogéologique et
radiologique par un collège d'experts sous l'autorité de Robert Guillaumont,
professeur honoraire de l'université de Paris-Sud Orsay, assisté de Jean-Pierre
Adolf, radiochimiste à l'université de Strasbourg, et Laurent Dever,
hydrogéologue à l'université de Paris-Sud Orsay.
L'étude a débuté dans la seconde
quinzaine d'avril et devrait durer environ un an. Dans quelques mois, j'espère
donc que nous pourrons prendre en compte les différents niveaux des eaux en
hiver et en été.
Quels que
soient les éventuels travaux supplémentaires qui pourraient être entrepris, dans
le cas où l'étude en cours révélerait des zones contaminées en profondeur, il
sera nécessaire de maintenir certaines servitudes d'usage sur le site. En effet,
sur tous les sites où une activité industrielle passée peut laisser suspecter
une contamination en profondeur, le principe de précaution, cher à mon coeur et
au vôtre sans doute, doit conduire à réserver le site à des usages industriels
et à construire ailleurs des établissements sensibles, comme des écoles. Nous
avons connu le problème à Vincennes ; il ne s'agit pas de le reproduire ici !
Des précautions sont également nécessaires en cas de creusement ou de fouilles
sur ces sites.
M. le président. La
parole est à M. Alain Calmat.
M. Alain Calmat. Je
vous remercie, monsieur le ministre, de toutes ces précisions. Bien sûr, nous
attendons avec impatience le résultat de l'étude qui a été menée sur le plan
hydrogéologique. Et j'espère que tous ceux qui auront à intervenir sur le site
auront, comme vous et moi, à coeur de faire respecter le principe de
précaution.