INDEMNISATION DES MALADIES
PROFESSIONNELLES
DES GARAGISTES
M. le président.
Mme Michèle Rivasi a présenté une question, n° 1630, ainsi rédigée :
« Mme Michèle Rivasi interroge
M. le ministre délégué à la santé sur les 400 000 personnes qui
travaillent aujourd'hui dans les garages (réparation, vente, entretien,
ravitaillement, dépannage). Par inhalation ou par contact cutané, un certain
nombre d'entre eux absorbent en permanence des produits cancérogènes. Le
benzène, contenu dans l'essence sans plomb, a une toxicité hématologique bien
connue. Les solvants utilisés peuvent provoquer des hépatites, des atteintes
rénales et des cancers. La pollution de la circulation routière est mesurée aux
carrefours des villes. Elle est rarement évaluée dans les garages et sur les
chaînes de fabrication automobile. Or, elle est nettement plus élevée dans ces
espaces confinés. Suite à une première étude de la direction de l'animation de
la recherche, des études et des statistiques (DARES) rattachée au ministère de
l'emploi et de la solidarité sur les risques dus à l'exposition des mécaniciens
à des produits comme les huiles minérales et le benzène, publiée en juillet
1998, la fédération patronale des garages (CNPA) a lancé, en 1999, un "travail
exploratoire destiné à faire un état des lieux de la situation et à tracer les
lignes directrices d'une politique d'hygiène et de sécurité à moyen terme, qui
pourrait constituer le plan de sécurité du CNPA. De plus, une étude de l'INRS
fait apparaître une sous-estimation de reconnaissance de maladie professionnelle
liée à l'amiante dans les garages et confirme l'utilisation de pièces mécaniques
comportant de l'amiante là où il y a frictions, freins, embrayages, tout en
mettant en évidence des procédures de travail où le monde opératoire rend
l'inhalation et le contact avec l'amiante permanent. Il est maintenant urgent
que ce dossier soit pris en compte et elle lui demande quelles réponses vont
être apportées. »
La parole est
à Mme Michèle Rivasi, pour exposer sa question.
Mme Michèle Rivasi.
Ma question s'adresse à M. le ministre délégué à la santé.
Plus de 400 000 personnes
travaillent aujourd'hui dans les garages, que ce soit pour l'entretien, les
réparations, le ravitaillement ou le dépannage. Par inhalation ou par contact
cutané, un certain nombre d'entre elles absorbent en permanence des produits
cancérigènes.
Le benzène,
contenu dans l'essence sans plomb, a une toxicité hématologique. Les solvants
utilisés peuvent provoquer des hépatites, des atteintes rénales ou des cancers.
La pollution due aux moteurs est mesurée aux carrefours des villes, mais
rarement dans les garages et sur les chaînes de fabrication automobile. Or elle
est nettement plus élevée dans les espaces confinés.
Parmi plusieurs études, l'une a été
effectuée par la DARES - direction de l'animation de la recherche, des
études et des statistiques, rattachée au ministère de l'emploi et de la
solidarité - sur les risques dus à l'exposition des mécaniciens à des
produits comme les huiles minérales et le benzène et publiée en
juillet 1998. La fédération patronale des garages a lancé quant à elle, en
1999, un travail exploratoire destiné à faire un état des lieux de la situation
et de tracer les lignes directrices d'une politique d'hygiène et de sécurité à
moyen terme, qui pourrait constituer le plan de sécurité du CNPA. Enfin, une
étude de l'INRS a fait apparaître une sous-estimation de la reconnaissance des
maladies professionnelles liées à l'amiante dans les garages ; elle confirme
l'utilisation de pièces mécaniques comportant de l'amiante là où il y a
frictions, freins, embrayages, tout en mettant en évidence des procédures de
travail ou de modes opératoires rendant l'inhalation et le contact avec
l'amiante permanents. Ces observations confirment une nouvelle fois que le
crisotile, constituant l'essentiel des matériaux de friction amiantés, est
responsable de mésothéliome, comme toutes les variétés de fibre d'amiante.
Depuis lors, pas de nouvelle d'une
politique d'hygiène et de sécurité dans les garages ! Les salariés des garages
sont pourtant très sensibles à cette question, d'où sa médiatisation récente au
travers de la presse écrite et audiovisuelle.
Ce décalage entre l'exigence
légitime des salariés à obtenir réparation pour un préjudice qu'ils ont subi et
le manque de réactivité des services du ministère de la santé nous préoccupe. Il
est donc urgent que ce dossier soit pris en compte à l'aune de la gravité de la
situation. Je souhaite instamment que des réponses soient apportées sur ce
dossier.
M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'économie solidaire.
M. Guy Hascoët, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire.
Madame la députée, votre question est précise et je vais m'efforcer d'y répondre
tout aussi précisément en rappelant d'abord brièvement les mesures de prévention
des risques liés à l'exposition à des produits cancérogènes applicables aux
salariés des garages.
Des
mesures de prévention ont été prises concernant les produits chimiques
cancérogènes.
Le code du travail
prévoit qu'une évaluation des risques doit être réalisée dans chaque entreprise
ou des produits cancérogènes sont utilisés. Les garages sont concernés
puisqu'ils utilisent de l'essence, différents solvants et des lubrifiants. Des
mesures de protection adaptées, proportionnelles au risque ainsi évalué, doivent
être mises en oeuvre : les produits dangereux doivent être remplacés par de
moins dangereux ; la priorité doit être donnée aux mesures de protection
collectives ; les ventilations doivent être efficaces, et certains travaux, tels
que les décapages et peintures de carrosseries automobiles, doivent être
effectués en système clos ; des équipements de protection individuelle doivent
être fournis si les mesures de protection collective ne peuvent être mises en
place.
Par ailleurs, en
application des réglementations européennes relatives aux carburants, la teneur
en benzène de l'essence est limitée à 1 % depuis deux ans, et la présence
de plomb est interdite.
La
protection des travailleurs exposés au benzène a encore été renforcée par le
décret du 1er janvier 2001, relatif à la prévention des risques
cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction, qui abaisse notamment
à 1 ppm - partie par million - les valeurs limites d'exposition à
cette substance. Je rappelle qu'en application de la loi de modernisation
sociale, les dépassements réitérés de cette valeur limite pourront entraîner un
arrêt de l'activité dangereuse par l'inspection du travail.
La prévention des risques dus à
l'amiante a été développée. La protection des travailleurs a été renforcée en
1996 à la suite de l'expertise collective menée par l'INSERM qui a établi
l'existence d'un effet cancérogène de l'ensemble des fibres d'amiante, même à de
très faibles doses.
Ses
conclusions ont conduit à l'interdiction générale de mise sur le marché
en 1996 de tout produit contenant de l'amiante. Un délai de mise en
application dérogatoire de cinq ans été décidé à l'époque pour de rares process
à haute technologie pour lesquels il n'existait pas encore de produit de
substitution donnant des garanties de sécurité équivalentes ainsi que pour la
revente, en seconde main, des véhicules automobiles mis sur le marché avant
1997. Il est cependant apparu nécessaire de prolonger d'un an ce délai afin
d'élaborer, en concertation avec les professionnels et les syndicats de salariés
des garages, les mesures les mieux adaptées pour appliquer le principe général
d'interdiction de l'amiante, tout en évitant d'accroître les risques pour les
salariés des garages. Ces mesures seront fondées sur une expertise des risques
engendrés par les pièces de véhicules automobiles encore susceptibles de
contenir de l'amiante - plaquettes de frein, embrayages, alternateurs,
joints.
Le système de réparation
du préjudice vient d'être amélioré et fait l'objet de réflexions pour aboutir à
une réparation intégrale.
S'agissant de la réparation des
affections dues aux produits auxquels sont exposés les salariés des garages, je
tiens à préciser que les affections dues aux divers polluants rencontrés dans
les activités professionnelles de réparation automobile sont prises en compte au
titre de plusieurs tableaux de maladies professionnelles, notamment les tableaux
n°s 4 et 4 bis en ce qui concerne les
affections dues au benzène, les tableaux n°s 12 et 84 concernant
respectivement les expositions aux solvants halogénés et aux solvants organiques
à usage professionnel.
Pour ce
qui est de l'exposition à l'amiante, compte tenu de l'ampleur de l'utilisation
passée de l'amiante en France et de l'impact sanitaire qu'elle a eu auprès des
travailleurs, une mesure de réparation collective, la cessation anticipée
d'activité des travailleurs de l'amiante, exceptionnelle par son ampleur, a été
mise en place en 1999.
Le droit
à la cessation anticipée d'activité est ouverte depuis 1999 à tout salarié
atteint d'une pathologie grave liée à l'amiante. Mais, depuis le
7 décembre 2001 - arrêté du 3 décembre -, ce droit a été
étendu, dans un souci de justice sociale, à tout travailleur atteint de plaques
pleurales qui constituent le plus souvent une pathologie bénigne, mais liée à
l'amiante. Ces mesures bénéficient naturellement aux salariés concernés des
garages.
Enfin, madame la
députée, un important travail d'expertise est en cours pour étudier les
conditions dans lesquelles notre système de réparation pourra assurer une
réparation intégrale des maladies liées aux risques professionnels. Ce travail
devrait déboucher dans le courant de cette année.
M. le président. La
parole est à Mme Michèle Rivasi.
Mme Michèle Rivasi.
Je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat. Je tiens
toutefois à souligner que les salariés qui ont manipulé des éléments contenant
de l'amiante demandent souvent à bénéficier d'une retraite anticipée sans être
pour autant déjà atteints de plaques au niveau des poumons. Il serait peut être
intéressant d'envisager de faire bénéficier les salariés qui ont travaillé plus
de quarante ans dans les garages, de la retraite anticipée, puisqu'ils ont été
exposés à l'amiante à une époque où l'on n'était pas sensibilisé à de tels
risques.