OUVERTURE D'UN MAGASIN D'USINES
DANS LE CALAISIS
M. le président.
M. Franck Dhersin a présenté une question, n° 1631, ainsi rédigée :
« M. Franck Dhersin souhaite
attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux petites et moyennes
entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation sur les
conséquences du nouveau projet d'installation dans le Calaisis, et plus
précisément, sur la zone du terminal français de l'entrée du tunnel sous la
Manche, du magasin d'usines Marques Avenues. Ce type de commerce, par son fort
effet attractif, causera un préjudice irrémédiable aux petits commerçants de
centre-ville de Dunkerque et entraînera la dévitalisation de quartiers entiers.
Lorsque l'on sait que plus de 1 000 commerces à Dunkerque génèrent plus de
3 500 emplois directs et font vivre plus de 5 000 familles, et que ce
type de magasin ne créera qu'environ 350 emplois, on peut se demander l'utilité
d'un tel projet qui va à l'encontre des efforts déployés par le commerce
traditionnel de centre-ville. Que vont alors devenir tous les commerçants privés
d'activités lorsque 40 à 50 % des commerces indépendants, soit près de 1
500 emplois vont disparaître, à l'image de la région de Troyes, comme l'a
démontré l'étude de l'INSEE sur l'impact de Marques Avenues sur les
circonscriptions des CCI de Boulogne, Montreuil, Calais, Saint-Omer, Saint-Pol
et Dunkerque ? En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui indiquer sa
position sur l'implantation de ce type de commerce, et s'il ne conviendrait pas
de n'autoriser l'implantation de tels commerces qu'à proximité d'unités de
production. »
La parole est à
M. Franck Dhersin, pour exposer sa question.
M. Franck Dhersin.
Monsieur le secrétaire d'Etat au commerce extérieur, ma question porte sur les
conséquences du nouveau projet d'installation dans le Calaisis, et plus
précisément sur la zone du terminal français de l'entrée du tunnel sous la
Manche, du magasin d'usines « Avenue des marques ».
Ce type de commerce, par son fort
effet attractif, causera un préjudice irrémédiable aux petits commerçants du
centre-ville de Dunkerque et entraînera la dévitalisation de quartiers
entiers.
Lorsque l'on sait que
plus de 1 000 commerces à Dunkerque génèrent plus de 3 500 emplois
directs et font vivre plus de 5 000 familles, et que ce type de magasin ne
créera qu'environ 350 emplois, on peut se demander l'utilité d'un tel
projet qui va à l'encontre des efforts déployés par le commerce traditionnel de
centre-ville.
Que vont devenir
tous les commerçants, privés d'activités, lorsque 40 à 50 % des commerces
indépendants, soit près de 1 500 emplois, vont disparaître, à l'image de ce
qui s'est passé dans la région de Troyes, comme l'a démontré l'étude de l'INSEE
sur l'impact de « Avenue des marques » sur les circonscriptions des chambres de
commerce et d'industrie de Boulogne, Montreuil, Calais, Saint-Omer, Saint-Pol et
Dunkerque ?
A l'heure où l'on
parle de mettre en place des structures et des politiques communes aux CCI et
aux chambres de commerce de Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer, il est
incroyable qu'une décision concernant ces trois arrondissements puisse être
prise sans l'avis et au détriment des autres villes concernées.
C'est pourquoi je vous demande,
monsieur le secrétaire d'Etat, de bien vouloir m'indiquer la position du
Gouvernement sur l'implantation de ce type de commerce, compte tenu des
conséquences évoquées.
M. le président. La
parole est à M. le secrétaire d'Etat au commerce extérieur.
M. François Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur.
Monsieur le député, l'article 1er de la loi n° 73-1193 du
27 décembre 1973 d'orientation du commerce et de l'artisanat précise
que la liberté et la volonté d'entreprendre sont les fondements des activités
commerciales et artisanales. Celles-ci s'exercent dans le cadre d'une
concurrence claire et loyale.
A
la lecture de ces principes, il n'appartient manifestement pas à l'Etat
d'imposer un cadre géographique strict au développement des différentes formes
de commerce. Conformément aux dispositions législatives, chaque porteur de
projet détermine librement l'implantation de celui-ci, dans le respect des
dispositions d'urbanisme.
Toutefois, l'article 1er
indique également que les pouvoirs publics veillent à un développement équilibré
et harmonieux de toutes les formes de commerce en évitant le gaspillage des
équipements commerciaux. Dans ce contexte, plusieurs mesures ont été mises en
oeuvre afin d'accompagner le développement rapide et le succès des magasins
d'usine depuis le début des années 80.
Il s'agissait, d'une part, d'éviter
les dérapages liés notamment à une utilisation abusive de cette dénomination,
d'autre part, d'exercer un contrôle économique sur les créations de magasins
d'usine.
Sur le premier point,
l'article 30 de la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 est venu
préciser la notion : « l'appellation "magasins d'usines ou "dépôts d'usines ne
peut être utilisée que par les producteurs vendant directement au public la
partie de leur production non écoulée dans les circuits de distribution ou
faisant l'objet de retours. Ces ventes directes concernent exclusivement les
productions de la saison antérieure de commercialisation, justifiant ainsi une
vente à prix minoré ».
Cette
définition s'ajoute aux dispositions générales du code de la consommation. A cet
égard, il convient de rappeler le rôle des services locaux de la direction
générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
qui veillent par leurs contrôles sur site à ce que les dénominations abusives
soient sanctionnées.
Sur le
second point, la création et le développement des magasins d'usine sont soumis à
la réglementation applicable aux commerces de détail de plus de 300 mètres
carrés, qui impose notamment la délivrance d'une autorisation préalable par les
commissions départementales d'équipement commercial. Celles-ci se prononcent sur
des critères objectifs de concurrence, de densité, d'impact sur l'emploi et de
respect des grands équilibres commerciaux. Une commission nationale, autorité
administrative indépendante, constitue l'instance de recours des décisions
locales.
Au final, et dans le
respect des principes posés par la loi de 1973 précitée, si les magasins d'usine
ne sauraient être contraints quant à leur implantation, leur réalisation
effective est strictement encadrée afin de garantir une concurrence loyale et
l'information objective des consommateurs, et de prendre en compte les efforts
publics et privés consentis en faveur des centres-villes.
Dans le cas particulier, le projet
présenté par « Marques-Avenues » ne comporte plus la mention de « magasins
d'usine ». Il sera donc apprécié par la CDEC du Pas-de-Calais comme un projet de
centre commercial constitué de boutiques d'équipement de la personne, et jugé à
l'aune de l'ensemble des critères de la loi.
Telles sont, monsieur le député,
les précisions que je voulais vous apporter en lieu et place de François
Patriat.
M. le président. La
parole est à M. Franck Dhersin.
M. Franck Dhersin.
Monsieur le secrétaire d'Etat, j'ai bien noté vos propos sur la liberté
d'entreprendre mais aussi sur le développement équilibré et harmonieux.
Ce projet s'appelait « Marques
Avenue » il y a trois ans, il s'appelle « Avenue des Marques » aujourd'hui.
A l'époque, j'étais intervenu auprès de Mme Lebranchu, qui était la
ministre en charge du dossier. A la suite de mon intervention et de bien
d'autres, Mme Lebranchu avait demandé au préfet d'exercer un recours devant
la CNEC, ce qu'il avait fait, et je l'en avais remerciée. J'espère simplement
que, si ce projet « bonnet blanc et blanc bonnet » est accepté, le Gouvernement
demandera de nouveau au préfet d'exercer un recours.