FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 1637  de  Mme   Mathieu-Obadia Jacqueline ( Rassemblement pour la République - Alpes-Maritimes ) QG
Ministère interrogé :  intérieur
Ministère attributaire :  intérieur
Question publiée au JO le :  11/11/1999  page :  9176
Réponse publiée au JO le :  11/11/1999  page :  9176
Rubrique :  sécurité publique
Tête d'analyse :  sécurité des biens et des personnes
Analyse :  police. effectifs de personnel. région parisienne
DEBAT : M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Mathieu-Obadia.
Mme Jacqueline Mathieu-Obadia. Monsieur le ministre de l'intérieur, vous avez répondu, il y a quelques semaines, à ma collègue Françoise de Panafieu, inquiète de l'augmentation de la délinquance en région parisienne, qu'elle était due «à l'accroissement des vols de portables». J'aimerais à mon tour appeler votre attention sur des faits qui se produisent quotidiennement.
A Grigny dans l'Essonne: incendie d'un commissariat, quatre policiers blessés. Nous rendons d'ailleurs hommage à tous ces policiers qui assument leur mission dans des conditions particulièrement difficiles. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Dans le Val-de-Marne, un bus a été pris en embuscade. C'est, selon la police de l'endroit, le présage d'une explosion de violence urbaine. A Lille et à Nantes, il a fallu mettre en place une vidéo-surveillance dans les réseaux de transports en commun. Avenue Trudaine à Paris, quatre voitures ont été incendiées. Monsieur le ministre, comment entendez-vous répondre à cette insécurité ?
Mais je vous en prie, ne nous dites pas que vous allez affecter des agents de sécurité dans ces zones sensibles. Vous savez, en effet, que ces emplois-jeunes ne peuvent se substituer à des postes de policiers effectifs.
M. Didier Boulaud. Ressuscitez Médecin !
Mme Jacqueline Mathieu-Obadia. Ne nous dites pas non plus que les compagnies républicaines de sécurité vont permettre un îlotage musclé. Elles existent déjà dans certaines zones et ce n'est pas leur mission.
Ma question n'est pas du tout politicienne. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Elle est celle d'une élue ordinaire quotidiennement confrontée à l'angoisse de ses concitoyens.
M. Didier Boulaud. Rendez-nous Médecin ! (Rires sur les bancs du groupe socialiste.)
Mme Jacqueline Mathieu-Obadia. En revanche, c'est vraiment une question politique, car c'est la qualité de vie de nos administrés et la liberté de nos concitoyens d'aller et venir en paix qui sont en cause. Nous attendons, monsieur le ministre, une réponse adéquate. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Madame la députée, je ne veux pas vous répondre en vous jetant des statistiques à la figure (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), cela n'aurait pas grand sens ! Mais si vous en voulez quand même, sachez qu'à Paris, au mois de septembre, la délinquance a baissé de 0,80 % (Mêmes mouvements) et de plus de 3 % en zone de sécurité publique. Mais naturellement ce n'est que sur une longue période que l'on peut voir comment elle évolue. De ce point de vue, sur la base de l'indice 100 en 1990, à partir du même état 4001, nous sommes aujourd'hui, en 1998, à l'indice 102,7. (Mêmes mouvements.)
Je ne nie nullement que certains phénomènes soient préoccupants - j'ai souvent eu l'occasion de le dire devant vous -, notamment les violences urbaines, et la délinquance des mineurs. Mais je vois aussi que la délinquance de voie publique régresse, que les vols diminuent. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Si les vols avec violence augmentent, cela est dû exclusivement aux vols de portable qui représentent 40 % de cette rubrique. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Il y a maintenant 15 millions de portables en France. («C'est ridicule !» sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Ce qui est ridicule, c'est de nier le fait qu'il existe un rapport entre l'évolution de la technique et du mode de vie et celle de la délinquance. Ainsi, aujourd'hui, la moitié des délits se rapportent à des vols d'automobiles ou à des vols à la roulotte.
Maintenant, je voudrais vous répondre plus sérieusement. («Ah ! Enfin !» sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Au-delà de quelques statistiques que l'on peut toujours se jeter à la figure, le colloque de Villepinte a défini trois principes.
En premier lieu, la citoyenneté est le socle de la sûreté.
En deuxième lieu, il n'y a pas de politique qui vaille si elle n'associe pas étroitement la prévention, la sanction et bien sûr la réinsertion.
M. Jean-Michel Ferrand. C'est du baratin tout ça !
M. le ministre de l'intérieur. En troisième lieu, l'accent doit être mis sur la proximité.
De nombreuses mesures sont prises - je ne veux pas y revenir -, y compris dans le département des Alpes-Maritimes, madame la députée, où une compagnie de CRS vient d'être fidélisée et où vous disposez de plus d'effectifs que vous n'en avez jamais eu, sans parler des adjoints de sécurité. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. Rudy Salles. C'est faux !
M. le ministre de l'intérieur. C'est parfaitement exact. Sur ces questions de sécurité, il est temps, mesdames, messieurs les députés, de s'exprimer avec un peu d'esprit de responsabilité. (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Il y a deux démagogies: la démagogie laxiste et la démagogie catastrophiste. Je les combats toutes les deux ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
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