FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 1658  de  M.   Marsaudon Jean ( Rassemblement pour la République - Essonne ) QG
Ministère interrogé :  intérieur
Ministère attributaire :  intérieur
Question publiée au JO le :  18/11/1999  page :  9515
Réponse publiée au JO le :  18/11/1999  page :  9515
Rubrique :  sécurité publique
Tête d'analyse :  sécurité des biens et des personnes
Analyse :  délinquance. Lutte et prévention
DEBAT : M. le président. La parole est à M. Jean Marsaudon.
M. Jean Marsaudon. Monsieur le Premier ministre, vous affirmiez, il y a deux ans, à Villepinte: «La sécurité est la priorité de mon gouvernement.»
Plusieurs députés du groupe socialiste. C'est vrai !
M. Jean Marsaudon. Voilà quelques jours, vous avez tenu le même discours en Essonne, dans les transports en commun et les commissariats de police. («Très bien !» sur les bancs du groupe socialiste.) Mais pendant tout ce temps, que s'est-il réellement passé ?
Le nombre des mineurs délinquants a augmenté de 11 % l'année dernière et, en deux ans, on a décompté 30 % d'actes de délinquance sexuelle de plus.
Dans nos transports urbains, que vous venez de découvrir, monsieur le Premier ministre, on déplore une augmentation des crimes et délits de 15 % et, dans nos autobus, de 27 %. Dans les trains, les atteintes aux voyageurs ont augmenté en un an de 33 %, et les violences contre les agents de la SNCF de 25 %.
Dans la région Ile-de-France, les vols avec violence ont augmenté, pendant les seuls huit premiers mois de l'année en cours, de 40 %.
Ainsi se résument, monsieur le Premier ministre, vos deux ans d'actions contre l'insécurité ! Dans ces conditions, comment vous croire quand dans les transports publics, protégé par les forces de l'ordre, vous nous assurez que la sécurité est l'affaire de l'Etat et votre priorité ? (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Le temps des discours est terminé. Les Français veulent aujourd'hui des actes, de véritables mesures pour enrayer l'explosion de la délinquance.
Quand allez-vous, enfin, répondre aux attentes légitimes des Français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le député, je ne sais pas très bien si vous évoquez l'insécurité en général ou celle dans les transports en commun. Quoi qu'il en soit, le Gouvernement a fait de la lutte contre l'insécurité sa deuxième priorité, après la lutte contre le chômage. («Bravo !» sur les bancs du groupe socialiste.)
Plusieurs députés du groupe du Rassemblement pour la République. C'est faux !
M. le ministre de l'intérieur. M. le Premier ministre, que j'accompagnais, s'est rendu dans l'Essonne il y a deux jours. Il a pu constater de visu ce qui était fait au niveau de la RATP, de la SNCF, de la police aux frontières, responsable de la brigade des chemins de fer, et au niveau de la préfecture de police, pour canaliser ces phénomènes de violence qui, malheureusement, ne sont que trop réels.
J'ai beaucoup de peine à vous convaincre, et ce n'est pas la première fois, du fait que l'insécurité est aujourd'hui contenue dans notre pays. (Exclamations sur des bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Charles Cova. Vous nous faites rire !
M. le ministre de l'intérieur. Vous vous désolez des chiffres réputés mauvais pour les premiers mois de cette année. Mais je suis sûr que vous allez vous réjouir des derniers chiffres du mois d'octobre, qui montrent une baisse de 5,77 % des faits constatés...
M. Jean-Michel Ferrand. Vous êtes le seul à le croire !
M. le ministre de l'intérieur. ... et une baisse de 10,56 % de la délinquance de voie publique. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Bien entendu, je n'ai pas la religion des chiffres et je vous ai toujours dit, hier comme aujourd'hui et comme je le ferai encore demain, qu'on ne doit pas interpréter les statistiques sur une période trop longue. Il n'en reste pas moins que, sur les dix premiers mois de l'année, la délinquance générale ne progresse que de 0,62 % et que la délinquance de masse, de voie publique, celle dont souffre le plus nos concitoyens, régresse quant elle de 2,30 %. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Si vous voulez considérer les choses sur un plus long terme, je vous répondrai que, de la base 100 en 1990, nous sommes arrivés, pour les dix premiers mois de cette année, à l'indice 102,5 pour la délinquance générale et à l'indice 103,8 pour la délinquance de voie publique. J'observerai aussi que les vols ont diminé puisqu'ils ont baissé ce mois-ci de 7,42 % par rapport au même mois de l'an dernier.
Tout cela signifie que l'effort réalisé dans le cadre des contrats locaux de sécurité par la police nationale, à laquelle je rends hommage car sa tâche est rude et ingrate, ainsi que par tous les acteurs de sécurité, y compris les élus locaux qui s'investissent dans cette tâche, commencent à porter leurs fruits ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Nous avons engagé un effort de longue haleine. M. le Premier ministre et tous ceux qui l'accompagnaient, et ils étaient nombreux, ont pu mesurer la très grande motivation de la police et de l'ensemble des acteurs concernés pour venir au secours de nos concitoyens qui éprouvent, dans beaucoup de nos quartiers, des sentiments de détresse compréhensibles.
Mais, de grâce, ne redoublez pas ce sentiment d'abandon contre lequel nous luttons ! Chaque fois que je vous apporte des chiffres satisfaisants qui devraient vous réjouir, je constate au contraire qu'ils vous désolent ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert, du groupe socialiste et du groupe communiste. - Vives exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Jean-Michel Ferrand. Zéro !
RPR 11 REP_PUB Ile-de-France O