EFFECTIFS DE PERSONNEL
DE LA MAISON D'ARRÊT DE NIORT
Mme la présidente. Mme
Geneviève Perrin-Gaillard a présenté une question, n° 1678, ainsi rédigée
:
« Mme Geneviève Perrin-Gaillard
souhaite attirer l'attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la
justice, sur l'état de carence de plus en plus inquiétant de notre système
pénitentiaire. La maison d'arrêt de Niort, établissement situé au centre ville
inscrit à l'inventaire des Monuments historiques auquel il est impossible
d'apporter des modifications lourdes, ne fait pas exception sur la liste des
établissements pénitentiaires fonctionnant avec un sous-effectif et une
surpopulation. La pénurie de personnels a une incidence non seulement sur la
prise en charge de détenus, mais également sur la santé psychologique des
surveillants, comme en témoigne la multiplication des arrêts maladie au
demeurant non remplacés. A la veille du passage aux 35 heures, les
personnels de la maison de Niort s'inquiètent. Aussi lui demande-t-elle quelles
sont les mesures prévues en matière de recrutement à la maison d'arrêt de Niort,
en particulier en ce qui concerne le passage aux 35 heures, et si une
campagne de communication afin de présenter aux jeunes les professions de
l'administration pénitentiaire est envisagée. »
La parole est à Mme Geneviève
Perrin-Gaillard, pour exposer sa question.
Mme Geneviève
Perrin-Gaillard. Madame la garde des sceaux, je souhaite appeler de
nouveau votre attention sur la situation de la maison d'arrêt de Niort. Enclavé
dans la ville et inscrit à l'inventaire des Monuments historiques, cet
établissement en demi-cercle avec système d'entrée sur plusieurs niveaux et dont
les mains courantes sont très petites ne peut faire l'objet d'importants
travaux.
Aussi, si comme dans de
nombreuses maisons d'arrêt, le niveau des effectifs est statistiquement bon, du
fait de cette particularité architecturale, les personnels ne peuvent toutefois
effectuer leur travail de surveillance dans de bonnes conditions. En outre, le
passage aux trente-cinq heures génère des difficultés supplémentaires en dépit
de tous les efforts déjà consentis. Par ailleurs, la prévention en matière de
santé et de suicide laisse à désirer. Les personnels sont donc inquiets et
insatisfaits. Quant aux détenus, ils ne bénéficient pas toujours des mesures
auxquelles ils ont droit.
Madame
la garde des sceaux, entendez-vous prendre en compte l'architecture particulière
de la maison d'arrêt de Niort ? Prévoyez-vous de recruter du personnel
supplémentaire, y compris dans le cadre du passage aux trente-cinq heures ?
Enfin, nous le savons, le métier de
surveillant est difficile et attire peu de jeunes. Comptez-vous engager des
actions d'information et de communication qui permettront de le rendre plus
attrayant et donc de gonfler les rangs des surveillants ?
Mme la présidente. La
parole est à Mme la garde des sceaux, ministre de la justice.
Mme
Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Madame
la députée, la maison d'arêté de Niort rencontre des difficultés spécifiques
liées à son architecture et à sa vétustée comme beaucoup d'autres d'ailleurs en
France. Souvent, nos centres de détention ne sont pas adaptés à la pratique
moderne de la privation de liberté qui doit aussi avoir pour objectif la lutte
contre la récidive. C'est l'un de nos problèmes.
Bien sûr, les effectifs de
références ne peuvent tenir compte partout des caractéristiques des bâtiments,
d'autant qu'à l'exception d'une dizaine d'établissements, ils sont tous très
anciens. Le taux de couverture est actuellement d'environ 97 %, sachant que
la population pénale est de soixante-quatorze pour un nombre de places de
soixante. C'est souvent là que se situe le problème. Les personnes mises en
détention provisoire sont de plus en plus nombreuses, en effet. Mais quant on
lit les chiffres relatifs à la délinquance, il semble logique de recourir à ce
type de mesure - n'est-ce pas, monsieur le ministre de
l'intérieur ?
La question
que vous posez, madame la députée, porte aussi sur la nécesisté de veiller au
niveau de recrutement. Vous souhaitez notamment qu'on redonne aux métiers de la
pénitentiaire une image qu'ils auraient perdue. A cet égard, le Gouvernement a
pris la mesure de cette exigence puisque, au cours de la législatutre, 2
716 emplois ont été créés, dont 989 emplois de personnels de
surveillance. Pour la seule année 2002, le budget que vous avez voté a prévu 1
525 emplois au sein de l'administration pénitentiaire, comprenant 1
221 personnels de surveillance, 118 personnels d'insertion et de
probation - cela a été réclamé par les personnels de surveillance qui ont
besoins de ces équipes pluridisciplinaires - et 186 personnels
administratifs et techniques. Comme dans d'autres fonctions, les surveilants se
plaignent en effet souvent et fort justement de devoir accomplir des tâches
administratives et techniques qui les empêchent de se consacrer à leur tâche
essentielle. Au total, le nombre de personnels pénitentiaires sera porté cette
année à 27 755 agents, niveau jamais atteint
Concernant l'aménagement et la
réduction du temps de travail, ces créations prévoient qu'une première tranche
de 700 agents va être recrutée au cours de l'année 2002 pour compenser
les besoins de fonctionnement qui pourraient apparaître du fait de la mise en
place des 35 heures. Malheureusement et c'est toujours la difficulté, il y
aura un décalage entre le moment où toutes les décisions ont été prises et celui
où les personnels arriveront sur place.
Nous avons décidé d'organiser une
campagne de communication au niveau national pour permettre de meilleurs
recrutements. J'ai constaté avec les syndicats professionnels et
l'administration pénitentiaire que, en dépit de nos campagnes de recrutement,
nous n'avons pas eu l'an passé autant de candidats qu'il aurait fallu. C'est un
sujet d'inquiétude.
Je peux donc
vous annoncer qu'une grande campagne de communication sur l'image des métiers
pénitenciaires, avec un vaste volet « recrutement » se déroulera au cours du
second semestre 2002. Cela passera par la diffusion de spots à la
télévision, d'insertions dans la presse, par la participation à des salons, à
des actions d'information auprès d'organismes relais - ANPE, CIO, missions
locales - et d'une campagne de relations presse. C'est la première fois que
l'administration pénitentiaire lance une campagne d'une telle ampleur : le
budget consacré à cette communication est de près de 2,5 millions
d'euros.
L'ensemble des
partenaires des relais de recrutement - enseignement technique et
professionnel, ANPE, missions locales - pensent rarement aux métiers de la
pénitentiaire. Or il faut cesser d'organiser pour la pénitentiaire un concours «
tous recrutements confondus » peut-être trop proche de ceux nécessaires pour
entrer dans la gendarmerie ou la police. Les candidats se présentent à tous les
concours et s'arrêtent au premier auquel ils ont été reçus. Il faudrait
peut-être rendre le nôtre plus spécifique. Il faudrait essayer de recruter au
niveau des sections de BEP, dans les lycées professionnels, les lycées
techniques. Il faudrait rechercher davantage les personnes qui ont envie de
faire ces métiers, d'apporter une compétence à la fois humaine et
technique - aide aux ateliers, à la réinsertion, motivation des plus jeunes
vers les métiers de la main, etc. C'est un enjeu intéressant et je m'engage à
faire le maximum pour que cette campagne soit de qualité.
Grâce aux 10 milliards de
francs prévus à cet effet, nous allons boucler la campagne de reconstruction et
les locaux seront de bien meilleure qualité. Mais c'est au niveau de la
formation des professionnels et de la prise en charge de la violence à
l'intérieur des établissements que nous devons relever les plus grands défis.
C'est là que réside surtout l'inquiétude des personnels pénitentiaires.
Mme la présidente. La
parole est à Mme Geneviève Perrin-Gaillard.
Mme Geneviève
Perrin-Gaillard. Je vous remercie, madame la garde des sceaux, pour
cette réponse très large. Les chiffres que vous avez cités témoignent de
l'intérêt du Gouvernement : plus de 27 000 emplois supplémentaires, jamais
aucun gouvernement n'était allé aussi loin. Comme la maison d'arrêt de Niort ne
pourra pas bénéficier d'aménagements lourds en matière de locaux, ne serait-il
pas possible de compenser ce handicap par des effectifs supplémentaires ? Le
personnel de surveillance et administratif vit en effet, aujourd'hui, une
situation extrêmement difficile et nous devons ensemble les aider.
S'agissant de la campagne de
communication à propos des métiers de la pénitentiaire, j'espère que ce que vous
mettez en place sera couronné de succès.
Mme la garde des
sceaux. Cela va marcher !