NUISANCES SONORES DUES AU TRAFIC AÉRIEN
DANS LE VAL-DE-MARNE
M. le président.
M. Henri Plagnol a présenté une question, n° 1715, ainsi rédigée :
« M. Henri Plagnol souhaite
interroger M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement
sur les craintes des habitants des communes environnantes de l'aéroport d'Orly
concernant le risque d'une aggravation des nuisances sonores. A l'initiative des
élus des communes riveraines et du Val-de-Marne, des engagements fermes ont été
pris concernant les perspectives du trafic d'Orly. Or, récemment, des
inquiétudes sont apparues concernant le respect par les autorités gestionnaires
de l'aéroport d'Orly des engagements pris vis-à-vis des riverains. Notamment le
retard pris dans la décision d'implanter un 3e aéroport en Ile-de-France a
conduit les compagnies aériennes et les autorités aéroportuaires à évoquer la
question d'un relèvement du plafond du nombre de vols annuels. Une telle
perspective serait intolérable pour les populations concernées. Il lui demande
quelles mesures sont envisagées. »
La parole est à M. Henri
Plagnol, pour exposer sa question.
M. Henri Plagnol. Les
habitants des communes environnant l'aéroport d'Orly craignent l'aggravation des
nuisances sonores.
A
l'initiative, notamment, des élus des communes riveraines et du Val-de-Marne à
l'Assemblée nationale, des engagements fermes ont été pris s'agissant des
perspectives de trafic à Orly. Il a été ainsi décidé que le nombre de vols
serait strictement plafonné chaque année. En outre, la loi a créé une autorité
de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires, chargée de veiller au respect
des normes et de mettre en oeuvre toutes les dispositions réglementaires
permettant de limiter le fléau que représente le bruit des avions pour les
populations urbaines avoisinantes.
La limitation stricte du vol de
nuit et les restrictions d'utilisation des couloirs aériens et de certains types
d'appareils par les compagnies aériennes sont des points particulièrement
sensibles. En effet, le bruit peut varier considérablement selon les procédures
de décollage et d'atterrissage suivies et selon le degré d'optimisation des
équipements aéronautiques.
De
nombreux progrès techniques ont été faits par les constructeurs pour diminuer le
bruit des avions et donc tout ce qui incite à la modernisation des flottes
aéronautiques va dans le bon sens.
Or des inquiétudes sont récemment
apparues concernant le respect, par les autorités gestionnaires de l'aéroport
d'Orly, des engagements pris vis-à-vis des riverains. Notamment, le retard pris
dans la décision d'implanter un troisième aéroport en Ile-de-France a conduit
les compagnies aériennes et les autorités aéroportuaires à évoquer la question
d'un relèvement du plafond du nombre de vols annuels. Une telle perspective est
intolérable pour les populations concernées. Plusieurs communes, notamment, dans
le Val-de-Marne, celles de Villeneuve-le-Roi et Saint-Maur-des-Fossés, ont émis
des voeux pour que les projets d'extension de l'aéroport d'Orly soient
abandonnés.
Monsieur le ministre
de l'équipement, des transports et du logement, pouvez-vous confirmer à la
représentation nationale qu'il n'y aura pas de relèvement du plafond fixant le
nombre maximal de vols à Orly ?
Pouvez-vous confirmer que les
restrictions de procédures de décollage et d'atterrissage la nuit recommandées
par l'organisation internationale indépendante Eurocontrol seront suivies par
les pouvoirs publics et qu'il n'y aura pas d'ouverture de couloirs aériens
conduisant, par exemple, au survol de la boucle de la Marne et des communes de
Bonneuil, Créteil et Saint-Maur-des-Fossés ?
Pouvez-vous accélérer la mise en
oeuvre des mesures réglementaires arrêtées en concertation avec les élus locaux
par l'autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires ?
Enfin, pouvez-vous veiller à ce
que, en cas d'infraction à la législation sur le bruit ou au non-respect des
couloirs aériens définis, la commission nationale de prévention des nuisances
sonores soit saisie pour prendre les sanctions nécessaires ?
M. le
président. La parole est à M. le ministre de l'équipement, des
transports et du logement.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du
logement. Monsieur le député, permettez-moi d'abord, de relever une erreur
fréquente : le troisième aéroport ne se situerait pas en Ile-de-France, mais en
Picardie. A ma connaissance, la Picardie n'est pas en Ile-de-France. C'est le
grand bassin parisien.
Monsieur
le député, je serais tenté de répondre « oui », tout simplement, à vos
questions, mais je vais argumenter davantage.
Afin de favoriser l'insertion de
l'aéroport d'Orly dans son environnement, j'ai proposé, lors des tables rondes
que j'ai présidées en décembre 1998 et en mai 1999, vingt mesures
destinées à améliorer la qualité de l'environnement sonore des populations
riveraines, à favoriser l'emploi et le développement économique et à renforcer
les accès terrestres de la plate-forme.
Ainsi que je m'y suis engagé, j'ai
plafonné, par arrêté du 29 septembre 1999, le nombre annuel de
mouvements susceptibles d'être effectués par chaque compagnie aérienne avec des
avions dits de « chapitre deux », c'est-à-dire les plus anciens et les plus
bruyants. Avec moins de 5 % des mouvements, la part de ces avions est
aujourd'hui très minoritaire ; ils seront même interdits à partir du
1er avril prochain.
Le
nombre de créneaux attribuables chaque année à Orly a été fixé à 250 000 par
l'arrêté du 6 octobre 1994. Je tiens à vous assurer que ni cette
limitation ni le couvre-feu appliqué la nuit depuis plus de trente ans sur
cette plate-forme ne seront remis en cause.
De même, l'utilisation de la
piste n° 4 - qui peut conduire à des survols des communes de Bonneuil,
Créteil et Saint-Maur - est et restera très exceptionnelle. Il n'y est fait
recours que dans trois cas : premièrement, pour des atterrissages en
configuration face à l'ouest pour certains vols effectués dans le cadre de
voyages officiels ; deuxièmement, en cas de problèmes techniques sur la
piste n° 3 ; troisièmement, enfin, pour des décollages en configuration
face à l'est d'avions gros porteurs, longs courriers, par temps chaud. Ces
mouvements représentent moins de 0,1 % du trafic global.
En ce qui concerne la mise en
oeuvre des couloirs aériens en région parisienne, j'ai retenu la proposition de
l'organisme indépendant Eurocontrol. Elle prendra effet le 21 mars
prochain. Je rappelle que je me suis engagé à définir dans les prochaines
semaines, conformément à la recommandation de l'ACNUSA, autorité que nous avons
mise en place par la loi, les volumes dans lesquels, sauf cas de force majeure,
les avions seront maintenus, sous peine de sanctions.
En tout état de cause, les
infractions commises par les compagnies aériennes à la réglementation relative
au bruit et au respect des couloirs aériens sont sanctionnées par des amendes
administratives, maintenant prononcées par l'ACNUSA ; leur montant peut
atteindre 12 000 euros. Depuis 1999, soixante-deux manquements aux
procédures imposées afin de limiter les nuisances sonores ont été sanctionnés,
pour un montant total de 490 000 euros. Vous voyez que le non-respect des
règles coûte cher aux compagnies.
M. le président. La
parole est à M. Henri Plagnol.
M. Henri Plagnol.
Merci, monsieur le ministre, de toutes ces précisions sur une question
fondamentale pour la tranquillité des riverains et des habitants des zones
urbaines avoisinantes. J'ai retenu qu'il n'y aura, en aucun cas, de remise en
cause ni du plafond ni du couvre-feu, et que les utilisations de la
piste n° 4 resteront très exceptionnelles.
M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement. Oui : très exceptionnelles
!