situation des salariés de
moulinex
M. le président. M.
Yves Deniaud a présenté une question, n° 1736, ainsi rédigée :
« A la suite des démarches du
groupe américain Conair qui affirme pouvoir reprendre la totalité des salariés,
le comité central d'entreprise de Moulinex a décidé de faire appel du jugement
du tribunal de commerce de Nanterre accordant à SEB une reprise partielle de
l'entreprise. Sans préjuger de la décision de justice à intervenir, M. Yves
Deniaud demande à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie quelle position le
Gouvernement, après avoir ardemment soutenu la candidature de SEB, prendrait si
une autre solution s'avérait juridiquement possible. Par ailleurs il lui demande
de lui indiquer dans quels délais l'intégralité des indemnisations annoncées
seront mises en place non seulement pour Moulinex mais aussi pour les salariés
non repris de Déal et Marbo qui attendent encore la concrétisation des
engagements du délégué interministériel sur un traitement proche de celui des
salariés de Moulinex. »
La
parole est à M. Yves Deniaud, pour exposer sa question.
M. Yves Deniaud. A la
suite des démarches du groupe américain Conair qui affirme pouvoir reprendre la
totalité des salariés sur l'ensemble des sites, le comité central de Moulinex a
décidé, à l'unanimité, de faire appel du jugement du tribunal de commerce de
Nanterre qui a attribué à SEB une reprise partielle de l'entreprise Moulinex.
Sans préjuger la décision de
justice à intervenir, je voudrais savoir comment le Gouvernement réagirait,
alors qu'il a ardemment soutenu jusqu'à maintenant la candidature de SEB, si une
décision différente était prise par la justice et si une voie nouvelle
s'offrait, plus profitable au maintien des emplois.
Par ailleurs, je souhaiterais que
vous nous indiquiez où en sont les règlements des indemnisations ? Actuellement,
les salariés de Moulinex qui n'ont pas été repris connaissent une situation
financière difficile dans l'attente des versements qui auraient dû intervenir,
de même que le salariés de Déal et de Marbo, entreprises sous-traitantes de
Moulinex qui lui étaient très directement pour ne pas dire totalement liées, qui
attendent toujours le règlement des promesses que le délégué interministériel
leur avait faites lors de ses visites.
M. le président. la
parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Vous me
donnez l'occasion, monsieur Deniaud, de revenir sur le dossier de Moulinex et
ainsi de mettre les points sur les « i ». Le Gouvernement n'a jamais soutenu a priori telle solution plutôt que telle autre. Il s'en
est remis, comme le veut la loi, aux décisions du tribunal de commerce. C'est
seulement après que le Gouvernement a mis en oeuvre tout un ensemble de moyens
pour faciliter la résolution de cette crise à la fois économique, territoriale,
industrielle et sociale.
Depuis
début janvier, la société américaine Conair dénonce dans la presse, avec force
actions médiatiques, la reprise de Moulinex par SEB et prétend être en mesure de
reprendre tout le groupe.
Je
tiens à préciser que le projet de reprise de Conair qui a été transmis au
tribunal de commerce visait la seule société Krups, filiale de Moulinex, et
excluait toute reprise des établissements Moulinex en France - il faut dire la
vérité à l'opinion publique, en particulier, aux travailleurs de Moulinex. A
aucun moment dans le déroulement de la procédure de redressement judiciaire les
dirigeants de Conair n'ont contacté mes services pour présenter ou préciser leur
projet de reprise.
Je rappelle
enfin qu'il était de la seule compétence du tribunal de commerce de Nanterre de
désigner un repreneur dans le cadre de la procédure de règlement judiciaire de
Moulinex. En choisissant SEB, le tribunal n'a fait que retenir la seule offre
- je dis bien la « seule » - qui proposait la poursuite de l'activité
d'établissements industriels situés en France et qui disposait des garanties de
financement indispensables au succès, je l'espère dans la durée, de cette
opération de reprise.
Votre
question, monsieur le député, me paraît légitime - je vous ai d'ailleurs écrit
pour préciser la position du Gouvernement mais la diffusion de fausses nouvelles
ou d'informations erronées, monsieur le député, me paraît aller à l'encontre de
l'intérêt collectif, et surtout de celui des salariés qui sont frappés par le
dépôt de bilan de Moulinex.
Face
aux difficultés industrielles, sociales et humaines que connaît la
Basse-Normandie, il était nécessaire d'agir avec efficacité et responsabilité.
Je l'ai fait en concertation avec les élus nationaux et locaux, dont vous êtes,
monsieur Deniaud. L'Etat et les collectivités territoriales ont uni leurs
efforts. Nous avons décidé ensemble d'une mobilisation tout à fait
exceptionnelle et dans la durée : plus de 1,2 milliard de francs, sur trois
ans.
Un plan social d'envergure
a été négocié avec les partenaires sociaux. Ce plan est mis en oeuvre selon le
calendrier prévu par le délégué interministériel nommé par le Gouvernement,
M. Bove, qui est également chargé de veiller à la situation très difficile
des sous-traitants.
Je pense que
ensemble, en concertation permanente, nous avons pris les bonnes décisions. Il
faut cesser d'utiliser des opérations médiatiques pour prendre les salariés de
Moulinex en otage. Si les propositions de la société Conair avaient été
sérieuses, elles auraient été présentées en temps utile au tribunal de commerce
qui a pris seul les décisions qui s'imposaient en fonction du droit commercial
et du droit des sociétés.
M. le président. La parole
est à M. Yves Deniaud.
M. Yves Deniaud. Je suis
désolé de le dire, mais vous ne m'avez pas répondu sur les points qui
m'intéressaient, à savoir, d'une part, ce que le Gouvernement ferait si, à la
suite de l'appel déposé par le comité central d'entreprise, la justice décidait
de ne pas confirmer le jugement du tribunal de commerce de Nanterre, donc
d'annuler la reprise confiée à SEB, et, d'autre part, ce qu'il en est du
versement des indemnités annoncées aux salariés de Moulinex, de Déal et de
Marbo.
Je sais bien que la
justice est indépendante, mais j'observe qu'elle a eu très peu de temps pour se
décider. D'ailleurs, pour les salariés, qui sont les premiers concernés, une
suspicion pèse sur la manière dont le dossier a été traité par le
groupe Moulinex. A leur avis, la précipitation a été organisée pour que
l'affaire ne puisse pas échapper à l'entreprise SEB et de curieuses nominations
sont intervenues dans le groupe à la suite de cette affaire.