aides à l'embauche de saisonniers
pour les vendanges
M. le président. M.
Philippe Martin a présenté une question, n° 1737, ainsi rédigée :
« M. Philippe Martin appelle
l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur le
problème du recrutement des saisonniers pour la réalisation des vendanges. Le
législateur, conscient de la nécessité de faire évoluer positivement cette
situation, a adopté, dans le cadre de la loi de financement de la sécurité
sociale pour 2002, un nouveau type de contrat de travail à durée
déterminée, le contrat vendanges. Ce contrat a pour objet la réalisation des
vendanges, il a une durée limitée d'un mois et est ouvert aux salariés en congés
payés, fonctionnaires et agents publics. Par ailleurs, ce contrat institue une
exonération des cotisations d'assurance sociale à la charge du salarié. Ce
contrat constitue sans nul doute la pierre angulaire du processus de
redynamisation des vendanges et sa mise en oeuvre est urgente. Il souhaiterait
en conséquence savoir si les différentes administrations et organismes sociaux
concernés auront reçu les instructions techniques pour une bonne application du
dispositif avant les prochaines vendanges. »
La parole est à M. Philippe
Martin, pour exposer sa question.
M. Philippe Martin.
Monsieur le ministre de l'agriculture et de la pêche, le vendanges constituent
une étape primordiale dans le processus d'élaboration des vins. L'exploitant
viticole met en jeu la quantité et la qualité de sa future production sur une
période très courte d'environ quinze jours. Près de 250 000 emplois sont
alors à pourvoir chaque année. Ces emplois sont multiples et variés :
cueilleurs, porteurs, chauffeurs, avec les personnes au pressoir, à la cuverie
des salariés saisonniers au sens premier du terme.
J'ai interpellé à plusieurs
reprises le Gouvernement sur ces questions, notamment parce que les dates de
rentrée universitaire empêchent les étudiants d'aller aux vendanges, eux qui y
participaient activement il y a quelques années ; le ministre de l'éducation
nationale n'a malheureusement pas souhaité y regarder de plus près. Mais les
problèmes de main-d'oeuvre ne s'arrêtent pas là, puisque la législation et la
réglementation interdisent aux salariés ainsi qu'aux fonctionnaires et agents
publics en congé d'avoir une activité rémunérée.
Les parlementaires, conscients de
la nécessité de faire évoluer positivement cette situation, se sont fortement
mobilisés. Je tiens à cette occasion à saluer le travail de concertation mené
avec les professionnels - notamment la CNAOC - et avec l'ANEV, qui a
rassemblé au-delà des clivages politiques, et contre la volonté du Gouvernement,
les parlementaires qui avaient bien compris qu'il était urgent d'agir.
C'est dans le cadre de la loi de
financement de la sécurité sociale pour 2002 que nous avons, avec mes
collègues, institué le contrat vendanges. Celui-ci a pour objet la réalisation
des vendanges sur une période déterminée ; il est ouvert aux salariés en congé
payé, notamment aux fonctionnaires et agents publics. Le dispositif s'accompagne
d'une exonération des cotisations sociales à la charge du salarié.
Ce contrat est très important et sa
mise en oeuvre et urgente, monsieur le ministre. Je voudrais m'assurer, au nom
de tous les parlementaires des régions viticoles et de tous les viticulteurs qui
souhaitent recourir au contrat vendanges, que le Gouvernement a effectivement
pris acte de la volonté du législateur et que les différentes administrations et
organismes sociaux concernés ont bien reçu les instructions techniques
nécessaires à une application rapide du dispositif.
Monsieur le ministre, pouvez-vous
me confirmer que tout sera fait pour que ce contrat soit effectif dès les
prochaines vendanges ?
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche.
Monsieur le député, c'est vrai, l'article 8 qui a été introduit par voie
d'amendement parlementaire dans la loi du 21 décembre 2001 de
financement de la sécurité sociale pour 2002 a créé un nouveau type de
contrat de travail à durée déterminée intitulé « contrat vendanges ». Ce
contrat, ouvert notamment aux fonctionnaires et agents publics ainsi qu'aux
salariés du secteur privé en congés payés, est assorti d'une exonération de la
part salariale des cotisations sociale, qui augmente d'autant le salaire net de
ceux qui en bénéficient.
M. Charles
de Courson. C'est un très bon produit !
M. le ministre de
l'agriculture et de la pêche. Certes. Mais très difficile à mettre en
oeuvre. Le Gouvernement avait d'ailleurs exprimé ses réserves lors de la
discussion au Parlement. Mais telle était la volonté du législateur, que le
Gouvernement se doit d'appliquer scrupuleusement...
Premier problème : le principe,
selon lequel les fonctionnaires consacrent l'intégralité de leur activité
professionnelle aux tâches qui leur sont confiées, est toujours inscrit dans le
statut de la fonction publique.
M. Charles
de Courson. Ils participent aux vendanges pendant leurs congés,
monsieur le ministre !
M. le ministre de
l'agriculture et de la pêche. Si l'interdiction de cumul d'emplois
faite aux fonctionnaires a été récemment assouplie par la loi du
3 janvier 2001 relative à la résorption de l'emploi précaire et à la
modernisation du recrutement dans la fonction publique, ce n'est qu'au profit de
certaines catégories de personnel occupant un emploi à temps non complet, et
dans la mesure où ce cumul ne nuit pas à l'efficacité et à la continuité du
service public.
M. Charles
de Courson. Encore une fois, c'est pendant leurs congés.
M. le ministre de
l'agriculture et de la pêche. En effet mais cela déroge aux satuts !
Second problème : la loi du
21 décembre 2001 a prévu de compenser la perte de recettes résultant,
pour les régimes sociaux, de l'exonération de la part salariale des cotisations
sociales, par la création d'une taxe sur le chiffre d'affaires de la Française
des jeux,...
M. Philippe Martin.
Tout à fait !
M. le ministre de
l'agriculture et de la pêche. ... mais sans en préciser ni le taux ni
les modalités de recouvrement.
Mes services ont engagé une
concertation au niveau interministériel pour préciser les conditions dans
lesquelles ce nouveau dispositif pourra se mettre en place.
Malgré ces deux difficultés,
monsieur le député, je vous confirme que le Gouvernement se conformera à la
volonté du législateur et fera tout pour appliquer ce nouveau dispositif le plus
rapidement possible.
M. le président. La
parole est à M. Philippe Martin.
M. Philippe Martin.
Ces difficultés ne sont pas insurmontables.
Les cumuls d'emplois pour les
fonctionnaires ne sont pas aussi difficiles à obtenir que vous voudriez bien
nous le faire croire. De nombreuses dérogations existent. En particulier,
l'instruction ministérielle du 15 juin 1937, autorise un agent public
à exploiter, à titre accessoire, un domaine agricole familial. Nous sommes au
coeur du sujet !
Convenez-en,
monsieur le ministre, l'application du contrat vendanges aux fonctionnaires ne
serait pas une révolution. Nous attendons donc que l'ensemble du dispositif voté
dans le cadre du PLFSS soit appliqué le plus rapidement possible. Je sais que
vous le ferez et je compte sur votre détermination.
Quant aux compensations, je ne
pense pas qu'il s'agisse d'un gros problème et vous saurez trouver rapidement
une solution.
Monsieur le
ministre, vous défendez la viticulture française, dont vous dites bien connaître
les problèmes. Sachez que nous défendons aussi des régions qui n'ont pas voulu
faire de leurs vins des produits industriels, mais des produits agricoles. C'est
pourquoi nous vous demandons de faire le maximum pour que nous puissions
continuer à leur trouver des débouchés, afin d'éviter certains problèmes qui se
posent ailleurs.
M. le président. La
parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. le ministre de
l'agriculture et de la pêche. Monsieur le député, vous évoquez une
circulaire de 1937 donnant la possibilité à des fonctionnaires de participer à
des vendanges sur le domaine ou l'exploitation familiale, en affirmant que nous
sommes au coeur du sujet. Non, nous n'y sommes pas, sinon ce serait extrêmement
simple.
Je suis moi-même
viticulteur, et j'exploite avec d'autres personnes une petite vigne de
45 ares. Je suis « assimilé » fonctionnaire. Rien ne m'empêche de faire la
vendange pendant un week-end. Le cas que vous évoquez est différent et ne
saurait être réglé par la circulaire de 1937. Il concerne en effet des
fonctionnaires qui se proposent, pendant leurs congés payés et contre
rémunération, d'aller faire les vendanges dans les exploitations d'autrui.
La situation est donc un peu plus
compliquée que ce que vous dites. Mais j'y travaille et nous trouverons des
solutions.