FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 1756  de  M.   Guyard Jacques ( Socialiste - Essonne ) QG
Ministère interrogé :  éducation nationale, recherche et technologie
Ministère attributaire :  éducation nationale, recherche et technologie
Question publiée au JO le :  16/12/1999  page :  10958
Réponse publiée au JO le :  16/12/1999  page :  10958
Rubrique :  enseignement supérieur
Tête d'analyse :  universités
Analyse :  plan U 3 M. mise en oeuvre
DEBAT : M. le président. La parole est à M. Jacques Guyard.
M. Jacques Guyard. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Vous avez, monsieur le ministre, avec le plan Université 2000, mis à niveau l'enseignement supérieur français après la très forte montée des effectifs que nous avons connue dans les années quatre-vingt.
M. Yves Fromion. Qui a payé ?
M. Jacques Guyard. Toute la nation, monsieur Fromion !
Aujourd'hui, la population étudiante est stabilisée, mais notre enseignement supérieur est confronté à une très forte demande de formation, une formation renouvelée, modernisée, en prise sur l'évolution de la société et sur la demande des employeurs. C'est ce à quoi doit répondre le plan U3M, Université du troisième millénaire.
Je vous demande aujourd'hui de préciser à la représentation nationale où en est la préparation de ce plan. Quels sont les crédits que l'Etat mobilisera à cette fin, et avec quels objectifs ? Quel aménagement du territoire dessine ce plan U3M ? Car nous savons bien qu'avec la demande croissante de formation, initiale et permanente, la carte des formations supérieures correspond dans une large mesure à ce que sera demain la carte de l'aménagement du territoire.
Je souhaite aussi que vous fassiez le point des échanges que vous avez avec les collectivités territoriales sur ce plan. Quelles sont leurs demandes ? Quels aménagements apportent-elles à la carte universitaire que vous proposez ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le député, le plan Université 2000 a été l'occasion, au travers des contrats Etats-régions, d'un premier investissement en ce qui concerne le secteur universitaire, qui avait été ignoré pendant quinze ans. Cette démarche a été poursuivie, malgré les changements de majorité.
Le plan U3M, lui, se place dans un contexte différent, qui n'est plus celui d'une croissance galopante des effectifs étudiants. Après avoir réussi le pari de la quantité, il faut maintenant axer tout notre effort sur la qualité, au moment où nous entrons dans l'Europe et dans la compétition internationale. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Ce plan est encore en cours de discussion dans les régions, mais je veux en indiquer quelques grandes lignes. L'Etat a déjà consacré 1 milliard de francs pour le plan préparatoire et prévu 7 milliards de francs pour la mise à niveau de la sécurité - celle-ci ne sera donc pas du tout à la charge des régions - et pour un certain nombre d'opérations, dont le désamiantage de Jussieu.
Mme Yvette Roudy. Ce n'est pas rien.
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. L'effort consenti par l'Etat sera de 18,5 milliards de francs, et je crois pouvoir dire, les discussions étant largement avancées, que les régions feront un effort à peu près équivalent. Au total, donc, 45 milliards de francs auront été consacrés à la remise à niveau.
Mme Odette Grzegrzulka. Très bien.
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Quelles sont les grandes priorités de ce plan ? D'abord, rattraper les inégalités entre régions, qui sont encore considérables dans ce pays, et à l'intérieur d'une même région. Cela veut dire avantager ceux qui ont moins et qui pourtant ne déméritent pas, c'est-à-dire, par exemple, le Nord et l'Ouest.
M. Yves Fromion. Et le Centre ?
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Deuxièmement, à l'intérieur de la région parisienne, il faut rééquilibrer l'offre de formation supérieure et de recherche en faveur de la partie nord et du département de Seine-Saint-Denis.
Mme Véronique Neiertz. Bravo !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Comment se feront ces répartitions ? Un quart des crédits sont consacrés à la situation étudiante: logement, restauration, salle de travail, équipements sportifs et culturels.
Mme Yvette Roudy. Très bien !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Il faut aussi améliorer la situation des bibliothèques universitaires: 15 % des crédits y seront consacrés, avec un certain nombre d'opérations qui seront d'ailleurs assez spectaculaires ici ou là.
Ensuite, un effort particulier sera fait dans les villes moyennes. Les créations de nouveaux départements d'IUT leur seront exclusivement réservées,...
Mme Odette Grzegrzulka. Excellent !
M. Yves Rome. Très bien !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. ... car on s'aperçoit qu'ils ont dans ces villes un réel impact sur l'économie, alors que dans les grandes villes ce sont des premiers cycles de luxe.
M. Yves Fromion. Cela fait déjà trois gaffes !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. D'autre part, la mise en place des plates-formes technologiques dans les villes moyennes permettront une coopération entre le secteur des IUT-BTS et les petites et moyennes entreprises.
M. Yves Fromion. Arrêtez-le !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Il y a aussi des villes universitaires où il est nécessaire de reconstruire des facultés de médecine et de lettres.
M. Yves Nicolin. Fadaises !
M. Lucien Degauchy. Il ne sait pas compter !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Le développement de la technologie est également un axe important: des universités de technologie seront créées dans six sites et les départements de technologie seront développés dans les universités existantes.
Ensuite, une coopération étroite est nécessaire, dans le domaine de la recherche, entre les entreprises et les universités. Dans vingt villes de France seront créés des centres nationaux de recherche technologique, associant les centres de recherche des grandes entreprises, les universités, les grandes écoles et les organismes de recherche.
Des équipements communs seront mis en place sur tout le territoire. Ce sont d'abord les autoroutes de l'information: de 155 millions de bits par seconde, elles passeront progressivement à deux gigabits.
M. Yves Nicolin. Fadaises !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Ce sont aussi des centres communs pour l'analyse des matériaux et pour l'imagerie médicale.
C'est donc à une mise à niveau de l'université que nous procéderons.
M. Yves Fromion. Cela fait deux ans que vous êtes là !
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Il y a dans l'opposition des gens qui ne s'y intéressent pas, mais c'est leur problème. S'ils avaient fait les efforts qui s'imposaient, nous n'aurions pas à les faire. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Pour conclure, il me semble que ce plan permettra à l'université et à la recherche françaises d'être au niveau de la compétition européenne. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
SOC 11 REP_PUB Ile-de-France O