FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 1873  de  M.   Quilès Paul ( Socialiste - Tarn ) QG
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  23/02/2000  page :  1093
Réponse publiée au JO le :  23/02/2000  page :  1093
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  Kosovo
Analyse :  plan de paix. application
DEBAT : M. le président. La parole est à M. Paul Quilès.
M. Paul Quilès. Monsieur le ministre des affaires étrangères, la situation au Kosovo s'est profondément dégradée au cours de ces derniers jours, au point que l'on peut craindre que les exactions et les affrontements de Mitrovica ne viennent remettre en cause l'objectif de faire vivre ensemble les différentes communautés.
L'apprentissage de cette cohabitation est pourtant un préalable au rétablissement de la paix dans la région et, plus largement, au retour de la sécurité dans les Balkans, aux frontières de l'Union européenne.
Aujourd'hui, certains s'interrogent sur la pertinence de la résolution 1244 de l'ONU, qui pose le principe d'un Kosovo multi-ethnique, se demandant même si elle ne serait pas à l'origine d'un malentendu. Nous avons toujours été conscients que la fin des bombardements de l'OTAN et le retrait des troupes serbes ne suffiraient pas à rétablir une vie normale au Kosovo. Pour la communauté internationale, il s'agissait moins, je crois qu'il faut le rappeler, de gagner une guerre que de réussir la paix civile.
Je souhaite donc savoir, monsieur le ministre, de quelle manière vous envisagez un règlement durable de la situation à Mitrovica et, plus généralement, au Kosovo.
On voit mal en particulier comment les élections à venir pourraient se dérouler, dans un climat où les tensions et les haines ne seraient pas apaisées, et où elles risqueraient de faire le jeu des extrémismes.
Le Kosovo ne suscite malheureusement pas, y compris dans cet hémicycle, le même intérêt, qu'il y a un an à pareille époque. Mais nous ne devons pas oublier - et je suis sûr, monsieur le ministre, que vous en êtes conscient - que c'est un dossier dont les enjeux sont essentiels pour l'avenir de l'Europe et pour sa crédibilité. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur quelques bancs du groupe communiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, l'engagement qu'avaient pris tous les membres de l'Alliance atlantique, tous les Européens membres de l'Alliance et tous les voisins de l'ex-Yougoslavie favorables à la démarche était sérieux, réfléchi, et ne tenait pas simplement à la conjoncture. Nous savions qu'il serait très difficile, d'abord sur le plan militaire, d'arrêter la machine de guerre serbo-yougoslave, et ensuite de construire la paix. Nous ne nourrissions pas d'illusions excessives, pas d'optimisme prématuré, mais étions animés d'une détermination politique et démocratique.
Nous savions ce qu'étaient les Balkans et quelle était la vie du Kosovo depuis longtemps. Nous savions qu'il ne s'agissait pas de rétablir un état de coexistence ou de démocratie qui n'avait jamais existé.
Nous sommes maintenant engagés durablement avec 4 000 soldats, mais aussi beaucoup de civils. Nous avons envoyé et des gendarmes et des policiers, ne l'oublions pas: il faut éviter de ne comparer la France qu'avec des pays qui ne peuvent envoyer que des policiers.
L'effort que nous menons est résumé par la résolution 1244, qui a exprimé, à un moment donné - fait très important pour nous tous ici - l'accord des membres permanents du Conseil de sécurité. Nous devons garder ce fil.
Dans un premier temps, il fallait rétablir les conditions d'une coexistence possible entre les uns et les autres. Il n'est pas étonnant qu'à Mitrovica, où se trouvent concentrés la moitié des Serbes restés au Kosovo - quelque 40 000 -, il y ait un maximum de tension et que les extrémistes des deux bords qui veulent faire capoter l'action de la communauté internationale s'attachent à faire jaillir un incident de cette poudrière. Nous voudrions justement en reprendre le contrôle. C'est ce à quoi s'emploient les hommes de la KFOR, les soldats français, dont les responsables de toutes nationalités ont salué le courage.
Il fallait s'attendre à ce que ce soit là que les tensions aient lieu. Il y a des provocations, il faut y résister. A ce stade, la priorité absolue, c'est de tenir bon et d'exprimer notre soutien, de toutes les façons, à la KFOR et à la Minuk.
M. Pierre Lellouche. Mais que faites-vous ?
M. le ministre des affaires étrangères. Dès que les conditions propices seront réunies, l'organisation d'élections locales constituera une étape nécessaire dans la préparation de l'avenir du Kosovo, un premier pas vers une démocratie qui devra se construire petit à petit.
Il appartiendra aux membres permanents du Conseil de sécurité d'indiquer quelle est la bonne marche à suivre pour les étapes suivantes. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Pierre Lellouche. Que dit la France ? Rien !
SOC 11 REP_PUB Midi-Pyrénées O