FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 19225  de  Mme   Feidt Nicole ( Socialiste - Meurthe-et-Moselle ) QE
Ministère interrogé :  économie
Ministère attributaire :  économie
Question publiée au JO le :  21/09/1998  page :  5141
Réponse publiée au JO le :  11/01/1999  page :  199
Rubrique :  politique économique
Tête d'analyse :  marchés financiers
Analyse :  crises. lutte et prévention. euro. mise en place
Texte de la QUESTION : Mme Nicole Feidt rappelle à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie qu'il a récemment déclaré que les économies française et européennes étaient protégées des turbulences résultant des crises asiatique, russe et latino-américaine par la décision de créer l'euro et lui demande de bien vouloir préciser sa pensée en la matière en indiquant quelles mesures concrètes résultant de la mise en place de l'euro protègent les économies française et européennes.
Texte de la REPONSE : Il serait évidemment exagéré de prétendre que la prochaine mise en place de l'euro protège totalement les onze économies de la zone des effets de la crise internationale. La France et ses partenaires ont en effet des entreprises et des institutions financières présentes sur tous les marchés mondiaux, sont des pays largement ouverts sur l'extérieur et exercent collectivement une responsabilité éminente au plan international en matière économique, monétaire et financière, caractéristiques qui ne peuvent que les rendre sensibles à une dégradation de la conjoncture économique mondiale. En outre, l'interdépendance croissante entre les différentes régions du monde accélère la transmission des crises financières, auxquelles les pays européens ne peuvent complètement échapper. La perspective de l'euro les rend cependant beaucoup moins vulnérables à l'instabilité extérieure. D'ores et déjà, cette seule perspective limite en effet les fluctuations entre les monnaies des pays de la zone. Il n'est besoin pour s'en convaincre que d'observer les mouvements relatifs de ces monnaies et de les comparer sur les derniers mois à ceux des monnaies de l'Union européenne qui ne participeront pas à l'euro. Ainsi, aucune des monnaies appelées à se fondre dans l'euro n'a connu une variation de plus de 0,60 % vis-à-vis du mark ou du franc depuis mars, alors que face aux mêmes monnaies la livre sterling et la couronne suédoise se sont dépréciées de 10 % environ entre le début du mois de juillet et la mi-novembre. Pour les investissements à long terme, les pays de la zone euro apparaissent également comme un pôle de stabilité. Ainsi, alors que la plupart des pays émergents et plusieurs pays industrialisés ont souffert d'abondantes sorties de capitaux au cours des derniers mois, qui ont porté les taux d'intérêt à des niveaux très élevés, les taux d'intérêt à long terme dans la zone euro ont décrû de plus de un point en moyenne entre juin et novembre. L'euro a dès maintenant un effet stabilisateur sur nos économies pour des raisons presque mécaniques. Premièrement, le haut degré de convergence économique des pays membres et la coopération interne en matière monétaire ont affermi la crédibilité de l'Union économique et monétaire (UEM) et permis un ancrage solide des monnaies de la zone. Les dévaluations compétitives entre Etats membres, qui ont pu dans le passé amplifier la contagion financière venue de l'extérieur, ont été interdites pendant la phase de préparation de l'UEM et l'euro supprimera par construction toute possibilité d'y recourir au sein de la zone. Une telle stabilité monétaire améliore la capacité des agents économiques à prévoir l'avenir, protège les échanges internes qui représentent l'essentiel des échanges commerciaux des pays membres et favorise ainsi l'investissement, la consommation et la croissance. A contrario, l'affaiblissement des monnaies asiatiques depuis l'été 1997, la contraction des échanges régionaux et la récession qui ont suivi montrent les effets préjudiciables de mouvements monétaires incontrôlés. Deuxièmement, le niveau élevé des échanges entre pays de la zone euro permet de limiter les effets de l'instabilité financière internationale. Les échanges extérieurs de la zone euro représentent en effet moins de 12 % de son produit intérieur brut, ce qui permet de comprendre pourquoi le taux de change de l'euro sera moins important à l'avenir pour chaque pays que ne l'est aujourd'hui le taux de change de la monnaie nationale. Troisièmement, la création d'une monnaie unique et le cadre fixé pour le fonctionnement de l'UEM doteront la zone euro d'atouts macro-économiques importants : la discipline budgétaire que se sont engagés à respecter les Etats de la zone, la crédibilité du système européen de banques centrales, ainsi que la volonté des Gouvernements de coordonner étroitement leurs politiques économiques font que cette Union repose sur des bases extrêmement solides. Ce contexte est propice au maintien de taux d'intérêt bas et à un contrôle rigoureux de l'inflation, dont le développement de nos économies et la situation de l'emploi ne peuvent que bénéficier. Enfin, cette Union fera à l'avenir de l'euro la principale monnaie de référence alternative au dollar. La zone euro représentera près de 20 % du produit intérieur brut mondial, et réalisera 17 % des transactions commerciales internationales. Si l'on ajoute à ces paramètres un marché intérieur de l'ordre de 300 millions de consommateurs, on comprend que l'euro, soutenu par d'importantes réserves de change et par une position extérieure saine, sera moins sensible que les devises d'entités moins importantes aux fluctuations externes. A l'avenir, l'euro permettra de faire profiter l'économie mondiale de la stabilité économique et financière des pays de la zone et rééquilibrera le système monétaire international en favorisant une coopération entra la zone et ses principaux partenaires, notamment les Etats-Unis et le Japon, et en constituant pour les pays tiers une nouvelle monnaie de référence internationale qui sera à la fois un instrument de réserve, d'échanges et d'ancrage.
SOC 11 REP_PUB Lorraine O