Rubrique :
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politique extérieure
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Tête d'analyse :
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Bosnie-Herzégovine
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Analyse :
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réfugiés. retour. attitude de la France
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Texte de la QUESTION :
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M. Pierre Brana appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation alimentaire et sanitaire dans les camps de Bosnie-Herzégovine, en particulier dans la région de Tuzla. Des membres de l'association Soutien aux survivants de la vallée de Drina-Srebrenica (SSVD-S) se sont rendus dans cette zone où sont regroupés les survivants des massacres perpétrés il y a trois ans dans l'enclave de Srebrenica. La situation de ces réfugiés est plus que catastrophique. Les gens ont faim, manquent de médicaments, survivent souvent entassés dans des baraquements ou des lieux délabrés. Des familles composées de personnes âgées ou de très jeunes enfants sont confrontées à des conditions dramatiques, tant sur le plan matériel que psychologique. Désespérées, certaines personnes sont disséminées dans des endroits isolés, victimes de discriminations, écartées des aides et secours humanitaires. L'association recense l'ensemble des camps, dresse un état des besoins et organise programmes et actions les plus urgents. Elle a visité seize camps sur une quarantaine existants. Dans ces camps s'entassent entre 15 000 et 20 000 personnes, et des réfugiés arrivent tous les jours. Les conditions sont contrastées selon les camps, mais dans la majorité d'entre eux, les rations de la CICR et du HCR ne sont plus distribuées. Simultanément à la stratégie des ONG, qui misent en particulier sur l'aide au développement, la SSVD-S appelle à travailler ensemble à la fois sur les aides de première urgence, les aides au développement, les aides juridiques. Elle souhaite privilégier le recours aux ressources régionales, mettre en place des programmes de distribution personnalisée d'aliments de base avec les entreprises agro-alimentaires locales, favoriser les initiatives sur place. Malgré un potentiel important de compétences, une volonté de s'en sortir par eux-mêmes (agriculture, petits élevages... mais également école, formation), les populations ont besoin d'un minimum vital, de vêtements, de chaussures, de matériel scolaire ou de pompes pour s'approvisionner en eau. Rapidement, avec peu de moyens, il paraît possible de pallier un certain nombre de carences alimentaires, de soigner de nombreuses maladies, d'améliorer les conditions d'hygiène. Cependant l'association ne peut plus financer ni acheminer des convois. Très concrètement, la SSVD-S a ciblé un projet d'aide alimentaire en produits protéiques frais (viande et lait). En conséquence, il lui demande, dans un premier temps, de faciliter cette intervention via le service d'action humanitaire du ministère. Parallèlement, il lui demande de tout mettre en oeuvre, à la fois aux niveaux national et international, pour que le retour des réfugiés puisse se faire dans des conditions humaines, dans l'esprit et le respect des accords de Dayton.
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Texte de la REPONSE :
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La question des réfugiés et des personnes déplacées en Bosnie est suivie avec la plus grande attention par la France qui, consciente de l'ampleur du drame vécu par ces populations, a continué en 1998, comme en 1997, à placer la Bosnie parmi les priorités de son action humanitaire. En 1997, un effort très important avait déjà été réalisé en faveur de ce pays avec quinze programmes d'aide humanitaire pour un montant total de 5,385 millions de francs (soit près de 10 % des crédits d'intervention du service de l'action humanitaire) ce qui a fait de la Bosnie un des plus importants bénéficiaires de notre action humanitaire sans parler des programmes de développement ou de coopération destinés à ce pays. La diminution des crédits du fonds d'urgence humanitaire et les nombreuses sollicitations dont il a été l'objet pour répondre cette année à la multiplication des catastrophes naturelles et des situations de crise (Soudan, Chine, RDC, Amérique centrale) n'a, il est vrai, pas permis en 1998 de maintenir l'effort consenti en faveur de la Bosnie au même niveau que les années précédentes. La Bosnie est néanmoins restée une destination prioritaire de notre aide humanitaire. En effet, même si les crédits qui lui ont été consacrés ont dû être ramenés à 1,8 million de francs, cette aide place ce pays, dans le contexte actuel, parmi ceux qui ont reçu le soutien le plus élevé. La récente visite du ministre délégué à la coopération et à la francophonie, succédant à celle du Président de la République, en début d'année, temoignent, sil en était besoin, de l'attention que la France continue de porter à l'évolution de la situation en Bosnie. En ce qui concerne plus particulièrement la question des réfugiés et personnes déplacées, question qui a pris, en 1998, une importance primordiale en raison de la mise en place d'un plan pour le retour et la réinsertion, il convient de souligner que l'essentiel de cette action est du ressort notamment du HCR et du CICR et que, bien entendu, la France ne saurait, à elle seule, se substituer à l'organisation des secours apportés par les organisations internationales auxquelles notre pays participe pour une large part par ses importantes contributions financières (18 %, soit 555 MF, du budget d'ECHO - l'office humanitaire européen - 48 MF pour le HCR, 31 MF pour le CICR). Pour ce qui regarde la demande de l'association « Soutien aux survivants de la vallée de Drina-Srebrenica » (SSVD-S), sur laquelle vous avez bien voulu appeler mon attention, le projet détaillé et chiffré, permettant d'étudier la mise en place d'une éventuelle subvention, a été soumis au service compétent de mon département seulement début novembre. Celui-ci ne manquera pas d'examiner avec le plus grand soin les possibilités de contribuer à la réalisation du projet ainsi présenté en fonction de ses ressources et de ses priorités d'action.
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