FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 2011  de  M.   Carassus Pierre ( Radical, Citoyen et Vert - Seine-et-Marne ) QG
Ministère interrogé :  industrie
Ministère attributaire :  industrie
Question publiée au JO le :  06/04/2000  page :  3100
Réponse publiée au JO le :  06/04/2000  page :  3100
Rubrique :  industrie
Tête d'analyse :  pharmacie
Analyse :  Cooper. acquisition par Rhône-Poulenc. conséquences
DEBAT : M. le président. La parole est à M. Pierre Carassus.
M. Pierre Carassus. Monsieur le secrétaire d'Etat à l'industrie, votre politique pour l'emploi est confrontée aux stratégies libérales et sauvages de groupes multinationaux, qui vident nos entreprises de leur substance industrielle. L'exemple du groupe pharmaceutique Cooper, implanté à Melun, est édifiant.
En 1994, cette entreprise familiale, alors en pleine prospérité, est rachetée par Rhône-Poulenc. La valeur de l'action passe de 280 à 2 500 francs. Et c'est là que commencent les malheurs du personnel. Même la presse locale se révolte: elle évoque une mise à mort programmée, l'abandon de gammes de production florissantes, et dénonce une volonté évidente de liquider l'emploi pour ne conserver que le réseau commercial.
Le nombre de salariés est en effet passé de 1 730 à moins de 800, et on s'attend maintenant à des centaines de licenciements supplémentaires pour favoriser la vente de l'entreprise à des acquéreurs dont on tait le nom aux salariés. C'est toute une agglomération de 100 000 habitants qui va être sinistrée.
Monsieur le secrétaire d'Etat, l'économie ne peut être à ce point à la remorque de la spéculation et de la finance. L'Etat ne peut laisser ainsi tuer l'emploi sans réagir, sans intervenir. Quelles mesures entendez-vous prendre pour mettre fin à ces licenciements abusifs ? Ne faut-il pas obliger Rhône-Poulenc, dont on connaît l'excellente santé financière, à assumer ses responsabilités dans la lutte pour l'emploi et à renoncer à cette liquidation industrielle ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Monsieur le député, je partage totalement votre préoccupation. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Il faut que nous maîtrisions collectivement les conséquences des stratégies des groupes multinationaux.
En 1994, lorsque Rhône-Poulenc, devenue depuis Aventis, a racheté Cooper, c'était pour obtenir un accès direct au marché des officines, sans l'entremise des répartiteurs pharmaceutiques. Aujourd'hui, Aventis recentre ses activités sur la production de médicaments et semble estimer - c'était le sens de votre question - que son intérêt stratégique n'est plus de conserver dans son sein l'entreprise Cooper. Elle a annoncé récemment sa volonté de la céder à un tiers.
Je souhaite très clairement que la recherche de repreneurs de Cooper soit menée avec le maximum d'intensité et avec le plus grand soin.
Je souhaite aussi, et c'est une exigence fondamentale, que les salariés de l'entreprise soient informés et consultés et que cette recherche soit placée sous l'empire de la plus grande transparence, avec un maximum de discussions préalables et de dialogue social dans l'entreprise. (Exclamations sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
La reprise de l'entreprise, avez-vous dit, se discute aujourd'hui sur des bases financières. Il convient qu'elle soit assise sur des bases strictement industrielles, avec des objectifs de préservation ou de développement de l'emploi industriel. Le plus grand soin doit être apporté à la situation de l'emploi dans l'entreprise ainsi qu'à celle des salariés et à leurs conditions de travail.
Comme pour les autres restructurations en cours dans le groupe Aventis, la direction doit préalablement informer les instances représentatives prévues par la loi, donner aux salariés des perspectives claires sur leur avenir, discuter avec eux et mettre en oeuvre toute stratégie - le groupe en a en effet les moyens - pour préserverl'emploi.
C'est une exigence forte. Le Gouvernement ne cédera pas sur cet objectif fondamental. (Exclamations et rires sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Bien entendu, nous sommes prêts à en discuter avec vous, pour préserver au maximum l'avenir de l'emploi dans votre région. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
RCV 11 REP_PUB Ile-de-France O