Texte de la QUESTION :
|
M. Georges Sarre attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les travaux du colloque « Alimentation mondiale 2050 » qui s'est tenu à Paris au début du mois de décembre 1998. Ce colloque a notamment mis en évidence une équation simple ; sachant que pour assurer une nutrition correcte aux 6 milliards d'habitants de la planète, il faut leur fournir au moins de 2 200 à 2 400 calories par jour et par personne (dont 600 à 700 calories d'origine animale), et donc trouver 5 milliards de tonnes d'équivalent grains (TEG), il sera en conséquence indispensable en 2050 de fournir 7,5 milliards de TEG - ce implique une multiplication par 2,5 de la production agricole mondiale actuelle - pour satisfaire les besoins nutritionnels des 8,9 milliards de personnes que comptera alors la planète. Si l'on se souvient que deux milliards d'êtres humains ne mangent pas actuellement à leur faim - dont plus de 800 millions, vivant dans les pays en développement, sont chroniquement sous-alimentés -, que l'écart en disponibilités énergétiques alimentaires entre pays industriels et pays moins avancés s'est encore creusé selon la FAO entre 1994 et 1996, et que, en 2050, 8,9 milliards de personnes vivront sur seulement 10 % des terres - ce qui accentuera inéluctablement les effets pervers d'une urbanisation galopante à l'échelle mondiale et pourrait bien transformer la pauvreté et la famine en une menace géopolitique majeure -, on mesure aisément l'ampleur du défi que présente, et présentera durablement, la lutte contre la malnutrition à l'échelle mondiale. Or, confrontés à un tel défi, l'ensemble des Etats ne sauraient, comme l'indiquait Hubert Curien lors de ce colloque, « se satisfaire de l'affirmation rassurante selon laquelle les progrès de l'agriculture devraient être suffisants pour nourrir tous les hommes dans cinquante ans ». Vaincre la malnutrition à l'horizon 2050 implique en fait de mener dès maintenant « une politique de recherche concertée et concernée » autour de cinq grands axes de travail : la maîtrise de l'eau, la protection des sols, la biodiversité, le développement de produits d'origine animale dans les pays en voie de développement, ainsi que le transfert vers ces pays de technologies agricoles et de biotechnologies. De fait, comme l'a résumé si justement un des intervenants du colloque, il ne s'agit rien moins pour les pays industriels que de « mettre en oeuvre un gigantesque plan Marshall de la pauvreté ». En conséquence, il lui demande donc de lui indiquer la position du Gouvernement sur ce dossier, ainsi que les initiatives internationales que la France a proposées ou entend proposer à ses partenaires, dans le cadre de l'Union européenne comme au sein des institutions onusiennes, en matière de lutte contre la malnutrition à l'échelle mondiale.
|
Texte de la REPONSE :
|
Le colloque « Alimentation mondiale 2050 » qui s'est tenu à Paris en décembre 1998 a mis en évidence le défi que représentait la lutte contre la malnutrition au niveau mondial. Relever ce défi nécessite et nécessitera des politiques dynamiques, notamment dans le domaine de la recherche agronomique et zootechnique. La France contribue activement aux actions de recherche sur les axes de travail identifiés lors de ce colloque, en mobilisant l'appareil public de recherche : INRA, CEMAGREF, ORSTOM, CIRAD et CNEVA. La France participe également aux travaux et actions de l'Organisation pour l'agriculture et l'alimentation, ainsi qu'au Conseil de la sécurité alimentaire mondiale et au programme alimentaire mondial. Elle a d'ailleurs présenté à cette occasion un plan d'action très complet que le ministère de l'agriculture et de la pêche tient à la disposition de l'honorable parlementaire.
|