FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 2377  de  M.   Outin Bernard ( Communiste - Loire ) QG
Ministère interrogé :  agriculture et pêche
Ministère attributaire :  agriculture et pêche
Question publiée au JO le :  08/11/2000  page :  8068
Réponse publiée au JO le :  08/11/2000  page :  8068
Rubrique :  santé
Tête d'analyse :  maladie de Creutzfeldt-Jakob
Analyse :  contamination par la viande bovine. lutte et prévention
DEBAT : M. le président. La parole est à M. Bernard Outin.
M. Bernard Outin. Monsieur le ministre de l'agriculture et de la pêche, plusieurs collègues l'ont dit, les scandales se multiplient. Chaque jour, on apprend que de nouvelles grandes surfaces sur l'ensemble du territoire ont vendu des produits à risque. Le boeuf est en première ligne de ces denrées, mais il y en a d'autres. Dans le même temps, les médias ont diffusé des images difficilement supportables d'enfants victimes de la terrible maladie de Creutzfeldt-Jakob. Il faut le reconnaître, la peur gagne notre pays. C'était inévitable. De nombreux maires ont décidé - et je l'ai fait en tant que maire de Firminy - par précaution et pour répondre à cette peur, voire cette panique, d'interdire la viande de boeuf dans les cantines scolaires.
Ayons le courage de désigner les vrais coupables. Ne vous semble-t-il pas, monsieur le ministre, que le seul et unique coupable des intoxications soit d'abord la course au profit au nom de laquelle, sans vergogne, de nombreux pays - et je pense notamment à la Grande-Bretagne de la très libérale Mme Thatcher - n'ont pas hésité à brader la santé des enfants ?
Le Président de la République vient de demander la suppression totale de toute farine animale.
M. Renaud Donnedieu de Vabres. Il a raison !
M. Bernard Outin. Quelle est votre position ? Qu'en pense l'AFSSA ? Quelles mesures urgentes envisagez-vous de prendre pour rassurer la population ? Quelles autres mesures pourraient être prises pour refuser toute entrée de produits douteux sur notre territoire et renforcer la sécurité des farines animales ?
Notre production de soja est contingentée par les accords commerciaux passés notamment sous la coupe des Etats-Unis d'Amérique. Allons-nous remplacer ces farines animales dangereuses par des organismes génétiquement modifiés en provenance des USA ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe communiste.)
Enfin, monsieur le ministre, pouvez-vous nous assurer que la France, qui préside l'Union européenne, saura faire preuve de fermeté pour faire avancer ces questions de sécurité alimentaire ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et sur divers bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le député, s'agissant des farines animales...
M. Pierre Lellouche. Qu'est-ce que vous préconisez ? Et que faites-vous des stocks ?
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. ... et de l'ensemble du dispositif arrêté par le Gouvernement, il me semble que le Premier ministre s'est exprimé très clairement tout à l'heure et qu'il n'est pas nécessaire d'y revenir. Je m'attacherai à répondre plus précisément à deux points de votre question.
Pour ce qui est des responsabilités de cette crise, je crois pouvoir dire, sans déclencher de polémique internationale ou diplomatique, que la cause de cette épidémie en France et en Europe est clairement l'importation de farines animales anglaises («Thatcher !» sur plusieurs bancs du groupe socialiste), il y a de cela une dizaine d'années. Personne ne conteste cette réalité objective qui nous a exposés et placés dans la situation où nous sommes. Dans la recherche des responsabilités, un certain nombre d'instances judiciaires ont été engagées, soit par des organisations de consommateurs ou des organisations de professionnels, soit, à la suite de contrôles effectués par les services de l'Etat, par la brigade nationale d'enquêtes vétérinaires, la direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes ou la gendarmerie nationale. J'espère que la justice suivra son cours et qu'elle fera preuve, dans ce domaine, d'une extrême sévérité pour réprimer les fraudes, s'il y en a eu.
M. Jacques Fleury. Qu'elle se dépêche !
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. Il reste que, aujourd'hui, nous nous trouvons dans une situation de psychose collective qui suscite l'annonce, un peu partout, de mesures, notamment par des élus. C'est pour cela que nous rencontrons, dès demain matin, Jack Lang, Dominique Gillot, François Patriat, qui l'a dit à l'instant, et moi-même, les organisations de parents d'élèves afin de faire le point avec elles. Je voudrais que les choses soient claires entre nous. S'il y avait le moindre risque connu, scientifique et évalué concernant la consommation de viande bovine - je dis bien de viande -, telle qu'elle est distribuée dans les réseaux de commercialisation en France, que ce soit les grandes surfaces ou la boucherie de détail, le Gouvernement l'aurait interdite depuis longtemps dans notre pays.
Nous avons pris toutes les mesures possibles pour sécuriser cette viande.
Je rappelle que la viande rouge n'est pas contaminante, que jamais aucun scientifique au monde n'a trouvé le moindre prion dans les muscles de viande rouge tels qu'ils sont commercialisés.
Mme Odette Grzegrzulka. C'est vrai !
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. C'est pourquoi cette viande est encore autorisée à la consommation dans notre pays. Il me semble donc que céder à la psychose en allant au-delà des mesures de santé publique qui sont prises par les trois ministères concernés sur la recommandation des scientifiques, c'est sans doute alimenter la psychose, alors qu'il faut savoir raison garder. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe socialiste et sur quelques bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
COM 11 REP_PUB Rhône-Alpes O