Question N° :
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Question publiée au JO le :
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Réponse publiée au JO le :
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Analyse : |
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DEBAT : |
M. André Lebrun. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué à la ville. Le 9 novembre dernier il vous a été remis, monsieur le ministre, le rapport Souffrance et violence à l'adolescence, que vous aviez commandé à l'INSERM. Ce rapport, réalisé par cinq chercheurs, souligne que l'on parle le plus souvent de la violence des jeunes sans relier l'effet à la cause, c'est-à-dire sans évoquer leur souffrance. Or les cinq chercheurs l'affirment également: il n'y a jamais de violence gratuite. Toute souffrance est une violence subie. Avoir mal, faire mal, mettre à mal, sont trois actes indissociables, ce qui oblige à penser autrement que dans des rapports binaires la santé ou l'éducation d'un côté, la prévention de l'autre. La commande de ce rapport est importante, car elle permet de focaliser l'attention sur les souffrances subies par les jeunes, de les révéler dans toute leur vérité et leur ampleur. Cela doit nous conduire à une prise de conscience collective, préalable indispensable à la préparation des actions à mettre en place. Il n'y a ni fatalité, ni hasard, et l'action collective est le meilleur rempart à une spirale qui va de la souffrance à la violence. Ce rapport fait des propositions pour une prévention globale de ces souffrances et de ces violences. Certaines ont déjà été mises en oeuvre par le Gouvernement. Pouvez-vous, monsieur le ministre, nous dire quelles autres propositions vous avez l'intention de mettre en place ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à la ville. M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le député, permettez-moi, au moment de répondre à votre question, d'avoir une pensée pour le jeune Romuald, qui a été enterré ce matin, une pensée pour sa famille et tous les habitants de Courcouronnes. Je sais à quel point ce drame a pu les traumatiser. Et c'est aussi pour éviter ce genre de violences que j'ai commandé le rapport dont vous avez fait état. Car il est quand même bon que l'ensemble de la représentation nationale, sans tomber dans la recherche d'excuses psychologiques ou pédagogiques, se pose collectivement la question de savoir comment nous pouvons, les uns et les autres, réagir pour que ce ne soit pas toujours la police et la justice qui aient sur les bras ce problème de la violence. Ces chercheurs ont pris un risque: après s'être demandé si la violence n'existait que dans les banlieues - et ils ont constaté que non, car l'ensemble du pays est touché, zones urbaines et zones rurales -, ils ont décidé de nous aider en faisant cent propositions. Bien entendu, il n'y a pas de recette miracle, et s'il y en avait une, nous l'aurions toutes et tous trouvée. Mais ils ont voulu mettre en avant qu'il y avait souvent un lien entre souffrances et violences. Bien souvent, un certain nombre de jeunes qui commettent des actes violents ont eu à connaître dans leur vie des violences de toutes sortes, notamment sexuelles, qui les prédisposent quelquefois et les amènent à connaître ces situations d'échec qui posent tant de problèmes à la société. Je vous le disais, il n'y a pas de recette miracle. Mais il y a certainement la nécessité d'établir une chaîne éducative entre les parents, l'éducation nationale et l'ensemble de la société. Bien entendu, un certain nombre d'actions sont d'ores et déjà mises en place, et le Gouvernement a soutenu le programme TRACE pour ramener un certain nombre de ces jeunes vers l'emploi; la rénovation pédagogique, pour que l'éducation nationale puisse éviter l'échec scolaire; et puis le soutien aux parents, notamment dans le cadre du programme de 10 000 adultes-relais, qui doit permettre à un certain nombre de parents de renouer avec leur devoir de parentalité. Nous avons décidé d'aider les villes qui souhaiteraient se lancer dans cette veille éducative, en leur donnant les moyens de repérer ces jeunes qui pourraient être en difficulté et d'établir une chaîne éducative, pour essayer d'éviter que ces jeunes «tiennent les murs» et aient l'impression qu'après l'âge de l'école, pour eux, c'est l'âge du vide. Il faut qu'ils puissent voir l'ensemble de la collectivité remplir, après le devoir d'instruction, un devoir d'éducation pour leur permettre de retrouver le plus vite possible le chemin de l'emploi, le chemin de la réinsertion sociale. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.) |