FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 2468  de  M.   Mangin René ( Socialiste - Meurthe-et-Moselle ) QG
Ministère interrogé :  coopération
Ministère attributaire :  coopération
Question publiée au JO le :  07/12/2000  page :  9868
Réponse publiée au JO le :  07/12/2000  page :  9868
Rubrique :  politique extérieure
Tête d'analyse :  Côte d'Ivoire
Analyse :  situation politique
DEBAT : M. le président. La parole est à M. René Mangin.
M. René Mangin. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères. A la veille des élections législatives du 10 décembre, la Cour suprême de la Côte d'Ivoire a invalidé la candidature d'Alassane Ouattara, président du Rassemblement des Républicains, parti qui incarne depuis plusieurs années, avec le Front populaire ivoirien, l'aspiration démocratique du peuple ivoirien.
La Côte d'Ivoire vit, depuis hier, en état d'urgence. Les partisans du candidat empêché ont manifesté un mécontentement d'autant plus vif qu'Alassane Ouattara avait été interdit de candidature aux élections présidentielles. Des affrontements ont opposé des Ivoiriens de différentes tendances politiques. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées.
Les Nations unies et l'Union européenne viennent d'annoncer le retrait de leurs observateurs, considérant que la consultation avait perdu toute légitimité faute d'enjeux. L'éventualité d'un report a été évoqué. Celui-ci permettrait d'apaiser les esprits. Il aurait le mérite de remettre le processus électoral sur les rails de la normalité démocratique.
La France a accompagné, ces dernières années, les évolutions démocratiques souhaitées par une majorité d'Ivoiriens. Ces évolutions ne vont pas de soi. Elles sont difficiles et parfois même chaotiques. Afin d'éviter une aggravation de la situation, monsieur le ministre, comment la France envisage-t-elle d'aider le Président Laurent Gbagbo à remettre sur la bonne voie un processus de réconciliation nationale toujours aussi nécessaire ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le député, la situation en Côte d'Ivoire est bien telle que vous l'avez décrite.
La décision de la Cour suprême écartant la candidature d'Alassane Ouattara aux élections législatives a, en effet, déclenché un enchaînement de violences - je rappelle que cette décision a été prise au motif que sa nationalité ivoirienne serait insuffisamment démontrée. Ces violences se sont concentrées pour l'essentiel à Abidjan. Elles se sont déjà traduites par plusieurs dizaines de morts, un nombre indéterminé de blessés et d'importants dégâts matériels. Elles ont surtout libéré, à un degré jamais atteint en Côte d'Ivoire, les mauvais démons des clivages ethniques et religieux.
La France a immédiatement déploré ce qui est une amputation du choix des Ivoiriens, alors même que ces élections législatives doivent être l'occasion de démontrer que la Côte d'Ivoire mène à bien un processus démocratique engagé dans des conditions difficiles par les élections présidentielles.
C'est d'autant plus important, nous l'avons rappelé, que du bon déroulement de ces élections dépendrait la reprise de la coopération française, celle de la coopération européenne, mais aussi celle des institutions financières internationales, dont la Côte d'Ivoire a un urgent besoin.
Depuis hier, des négociations ont été engagées entre les représentants du RDR, Rassemblement des Républicains, et le Gouvernement pour rechercher une solution. La France, évidemment, appuie une telle démarche et le président de l'OUA est intervenu dans le même sens. Nous avons fait passer à tous les acteurs ivoiriens, et en tout premier lieu au Président Gbagbo, ce message de recherche d'une solution pour sortir de cette situation.
Telle est l'attitude de la France au moment où la Côte d'Ivoire traverse une passe singulièrement difficile. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
SOC 11 REP_PUB Lorraine O