FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 26230  de  M.   Sarre Georges ( Radical, Citoyen et Vert - Paris ) QE
Ministère interrogé :  affaires étrangères
Ministère attributaire :  affaires étrangères
Question publiée au JO le :  08/03/1999  page :  1311
Réponse publiée au JO le :  07/06/1999  page :  3435
Rubrique :  politiques communautaires
Tête d'analyse :  coopération et développement
Analyse :  dégâts causés par l'ouragan Mitch. Honduras
Texte de la QUESTION : M. Georges Sarre attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation du Honduras, près de quatre mois après le passage de l'ouragan Mitch. A cet égard, il relève en particulier les critiques formulées par le président du Parlement européen, lors de son récent déplacement sur place, à l'encontre du gouvernement hondurien en matière d'élaboration des plans de reconstruction du pays. « Les Honduriens ont pris du retard, les Nicaraguayens sont plus en avance en matière de reconstruction », a-t-il ainsi déclaré, avant de rappeler que la présentation de tels projets est précisément la condition clé du déblocage de l'aide financière consacrée par l'Union européenne aux pays d'Amérique centrale touchés par l'ouragan Mitch au début du mois de novembre 1998. Observant que cette question de la définition de projets de reconstruction figure précisément au premier rang des demandes adressées par les autorités honduriennes à leurs partenaires occidentaux, il relève cependant que les Etats membres de l'Union européenne ne semblent pas, pour l'heure, avoir fait preuve d'initiative dans ce domaine. « Deux pays seulement nous ont proposé des projets finalisés, le Japon et la Suède », déclarait ainsi récemment le ministre hondurien de la Coopération en charge du comité interministériel de reconstruction. Rappelant, près de quatre mois après le passage de l'ouragan Mitch, l'urgent besoin d'aides et de projets du Honduras, épicentre de la catastrophe et confronté au plus grand cataclysme de son histoire. Il lui demande donc de lui préciser les initiatives envisagées par la France, au niveau national comme à l'échelle de l'Union européenne, afin de répondre à cette demande pressante des autorités honduriennes.
Texte de la REPONSE : L'honorable parlementaire a bien voulu me faire part de ses inquiétudes concernant la situation du Honduras après le passage de l'ouragan Mitch. Ce pays a effectivement été très gravement touché : près de 6 000 morts et 1,4 million de sinistrés, dommages considérables aux infrastructures (ponts et routes, écoles, centres de soins) et aux cultures (70 % des récoltes de bananes et de melons et 25 % de la récolte de café détruites) ; la croissance économique pour 1998 a chuté (de 5 % à 2 %) et le déficit commercial s'est accru. Face à ce désastre, la France a été un des premiers pays à apporter son aide. Au titre de l'aide publique d'urgence - évaluée à 85 MF pour les quatre pays concernés - nous avons envoyé au Honduras une équipe de 80 hommes (sécurité civile et SAMU), 150 tonnes de vivres et de vêtements ont été acheminés. S'ajoutent les contributions, nombreuses, des ONG, entreprises et collectivités locales françaises. La visite sur place du Président de la République en novembre dernier et l'annonce de l'annulation de nos créances bilatérales d'aide publique (144 MF en ce qui concerne le Honduras) ont illustré notre solidarité. Enfin, un comité de coordination, auquel participent ONG et administrations ayant contribué à l'aide d'urgence et concernées par les projets de reconstruction, est réuni régulièrement à Paris au sein de la Commission coopération et développement du ministère délégué à la coopération et à la francophonie, et un site Internet a été créé afin d'assurer la plus grande transparence et l'échange d'informations entre les différents donateurs français (http://www.handicap-international.org/mitch). La communauté internationale s'est également mobilisée : au groupe consultatif réuni en décembre à Washington, les différents donateurs (bi et multilatéraux) ont annoncé 6 milliards de dollars d'aide et, à l'initiative de la France, les créanciers du Club de Paris ont accepté, pour les trois années à venir, de différer le remboursement de la dette du Honduras, du Nicaragua, du Guatemala et du Salvador. L'Union européenne a également apporté une aide d'urgence à la suite du passage du cyclone Mitch : aide humanitaire de 6,8 millions d'euros, débloquée dès le 9 novembre 1998 et distribuée aux ONG avec pour principales priorités les produits de première nécessité, l'assistance médicale, l'alimentation, l'eau et les activités sanitaires ; une seconde intervention de 9,5 millions d'euros a été décidée le 18 décembre dernier, permettant à des ONG de développer des programmes d'urgence visant essentiellement à rétablir l'approvisionnement en eau potable, à prévenir les épidémies liées à la pollution des eaux et à remettre en état les habitations afin d'éviter une migration massive vers les zones urbaines. Concernant les programmes de reconstruction, chaque pays en a fait une première présentation à l'occasion de l'assemblée générale de la BID qui s'est tenue à Paris en mars dernier et le ministre délégué à la coopération et à la francophonie a reçu à cette occasion les représentants des quatre pays touchés par le cyclone, afin de faire avec eux le point des procédures en cours pour organiser la reconstruction. En ce qui concerne la France, et comme l'a souhaité le Parlement, nous avons demandé que les sommes dégagées par l'annulation de la dette bilatérale soient affectées à la reconstruction. En tant que contributeur à l'aide européenne à l'Amérique centrale (pour environ 18 %), la France suit naturellement de près l'élaboration du Plan de reconstruction régionale à l'Amérique centrale (PRRAC). L'aide communautaire devrait se concentrer prioritairement sur les domaines sociaux, éducation et santé, précisément prioritaires au Honduras. Une mission d'experts européens s'est rendue sur les lieux en février et, sur la base de leur rapport, la commission devrait soumettre, en avril ou mai, au Conseil et au Parlement européen une « communication » exposant les grandes lignes de ce plan et les moyens correspondants. Cette communication, si elle est approuvée, sera présentée lors de la réunion du groupe consultatif d'urgence, organisée par la Banque interaméricaine de développement (BID) avec le FMI et la Banque mondiale, qui doit se tenir à Stockholm, les 25-28 mai prochain.
RCV 11 REP_PUB Ile-de-France O