Texte de la QUESTION :
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M. André Lajoinie attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la situation préoccupante du groupe pétrolier Elf au moment où sa direction s'apprête, pour donner des gages aux marchés boursiers, à supprimer 2 000 emplois au sein de sa division exploration-production. Dans un contexte international marqué par un mouvement de concentration, comme en témoigne la série de fusions-acquisitions qui agite le secteur des hydrocarbures, les responsables d'Elf mettent en oeuvre, sous la pression de fonds d'investissement étrangers majoritaires dans le capital, une gestion orientée exclusivement sur la valorisation financière des actifs au détriment de la croissance industrielle. Jusqu'alors, la firme, malgré une taille modeste en comparaison des majors compagnies anglo-saxonnes, a su tirer profit de ses capacités d'innovation et de la mise en synergie de ses diverses activités. Cependant, le président Philippe Jaffré, en fixant à son entreprise pour seul objectif de délivrer durablement un retour sur capitaux employés (ROCE) de 13 % dès 2002, contre 8 % en 1998, veut imposer à Elf un programme de restriction des coûts et des investissements qui risque d'affaiblir les potentialités et le savoir-faire intégré du groupe. Depuis 1994, toutes branches confondues, Elf a déjà pourtant réalisé en moyenne 2 milliards de francs d'économies par an. La « satellisation » de Sanofi, qui vient de fusionner avec la société pharmaceutique Synthelabo, a relégué le secteur santé au rôle de réserve de valeur à croissance très rapide, susceptible d'être cédée pour financer d'éventuelles acquisitions. Au demeurant, la rentabilité d'Elf n'est pas menacée : en dépit d'un prix du pétrole déprimé en 1998, le groupe a réalisé un bénéfice net de 8 milliards de francs et le redressement du cours du baril en ce printemps laisse augurer, de l'avis des experts, des perspectives de gains à la hausse. Ainsi, le cabinet Merill Lynch s'attend à ce que les profits par action des 10 principales compagnies européennes augmentent de 10 % en 1999 puis de 29 % en 2000. Mais la politique de restructuration conduite actuellement par les dirigeants d'Elf, loin de garantir le devenir et l'indépendance de la société, fragilise son assise et renforce les dangers d'OPA ou d'OPE de la part de concurrents plus puissants. En conséquence, il lui demande quelles dispositions compte prendre l'Etat, représenté au conseil d'administration du groupe et toujours en possession d'une « action spécifique » permettant de faire entendre sa voix, afin de préserver l'avenir d'Elf et des 43 200 salariés qu'il emploie en France.
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Texte de la REPONSE :
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Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie souhaite promouvoir une vision industrielle où la compétitivité des entreprises et de l'économie est avant tout assise sur le plein épanouissement de toutes les capacités humaines, notamment à travers l'emploi et la formation. Le Gouvernement a bien noté l'annonce par la direction du groupe Elf, le 24 juillet dernier, du retrait du plan dit « de performance » de réorganisation de la branche Elf Exploration. Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, tout comme l'ensemble du Gouvernement, restera particulièrement vigilant à la poursuite de l'action de reconversion que le groupe Elf a entamé depuis plusieurs années dans le Béarn. Ainsi, la mission confiée à MM. P. Boisson et J.-P. Aubert en avril 1999 afin d'éclairer les pouvoirs publics sur les potentiels et les attentes du Béarn en matière de diversification a rencontré dans un climat très constructif l'ensemble des acteurs locaux concernés. Cette mission, dont les conclusions ont été publiées le 8 juillet, a rappelé l'important tissu industriel implanté en Béarn, et l'existence de plusieurs filières d'excellence fortes et structurées. Elle a mis en évidence notamment le fort potentiel de la filière chimique ou des filières nouvelles comme l'environnement ou les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Le comité interministériel pour l'aménagement et le développement du territoire (CIADT) du 23 juillet a été l'occasion de présenter les décisions du Gouvernement dans ce domaine et les pistes ainsi identifiées procureront aux acteurs publics et privés une base efficace pour élaborer leurs actions à venir. Enfin, le Gouvernement a pris bonne note du récent rapprochement entre Elf et TotalFina et se félicite que cette opération ait pu être conclue sur un pied d'égalité entre les deux entreprises, conformément à son souhait. La conclusion d'un accord, de façon amicale, et s'appuyant de manière équilibrée sur les compétences des équipes des deux groupes, apparaît positive pour assurer le succès de cette opération industrielle, avec un nouveau groupe qui occupera le 4e rang mondial. Le Gouvernement restera particulièrement attentif aux conditions sociales de l'opération.
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