FICHE QUESTION
11ème législature
Question N° : 29576  de  M.   Maurer Gilbert ( Socialiste - Moselle ) QE
Ministère interrogé :  santé et action sociale
Ministère attributaire :  santé et action sociale
Question publiée au JO le :  10/05/1999  page :  2793
Réponse publiée au JO le :  05/07/1999  page :  4191
Rubrique :  santé
Tête d'analyse :  politique de la santé
Analyse :  classification des drogues
Texte de la QUESTION : M. Gilbert Maurer souhaite attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur la volonté du Gouvernement d'inclure les vins et spiritueux dans les compétences de la mission interministérielle à la lutte contre la drogue et la toxicomanie. Cet amalgame inquiète fortement les producteurs et restaurateurs et semble particulièrement dangereux. Si les effets physiques et psychologiques de l'alcool se révèlent effectivement destructeurs en cas de consommation excessive et régulière, les boissons alcoolisées - dont les professionnels se sont astreints à réduire très nettement la production en volume pour en augmenter la qualité - constituent une richesse culturelle particulièrement appréciée en France comme à l'étranger sans pour autant que cela ne pose de problème de dépendance. Il souhaiterait donc connaître les intentions du Gouvernement sur les mesures qu'il compte engager en faveur de la lutte contre l'alcoolisme, maladie qu'il faut s'attacher à combattre vivement en repérant les causes justes, sans cependant diaboliser un secteur économique sérieux et dynamique.
Texte de la REPONSE : Le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale tient à assurer à l'honorable parlementaire qu'il n'a jamais été question de modifier le statut juridique de l'alcool, ni de l'assimiler à une drogue dure, notion qui n'existe pas dans le droit français. La réflexion actuellement menée, dans le prolongement des différents rapports consacrés à cette question, ne vise en aucune manière à créer un amalgame entre l'alcool et les substances illicites. Il ne s'agit pas, en effet, de nier que la consommation d'alcool, et de vin en particulier, fait partie intégrante du patrimoine culturel et social de notre pays, et que, associée à un certain art de vivre, elle s'inscrit dans la modération pour la majorité des consommateurs. Mais ce constat ne saurait faire oublier que l'abus d'alcool est à l'origine d'un grand nombre de décès, d'accidents ou de comportements violents à l'intérieur et à l'extérieur de la famille. Ainsi on estime que la mortalité imputable à l'alcool est de 40 000 à 50 000 morts par an, dont la moitié due à des causes indirectes, 20 % des personnes hospitalisées, quelle que soit la cause, ont un problème de consommation excessive d'alcool. Chez les jeunes, la consommation d'alcool fort a doublé entre 1991 et 1995, et cette tendance, malheureusement, se poursuit. Les enquêtes épidémiologiques les plus récentes mettent en évidence des nouveaux modes de consommation des jeunes, qui associent drogues illicites, tabac et médicaments. L'ensemble de ces éléments a conduit le Gouvernement à construire une politique de prévention fondée sur le comportement du consommateur, ses motivations à consommer, les facteurs de risque et de protection de la santé. Cette approche, aujourd'hui mise en oeuvre dans la plupart des pays européens, a pour objectif d'éviter le passage d'un usage occasionnel ou sans danger à un usage nocif pour la santé des personnes ou pour leur entourage social et familial. Il apparaît d'ailleurs important de relever que cette distinction entre usage, usage nocif et dépendance n'est pas en contradiction avec le message de modération développé depuis de nombreuses années par la filière viticole.
SOC 11 REP_PUB Lorraine O