Rubrique :
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politique extérieure
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Tête d'analyse :
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transports aériens
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Analyse :
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air Afrique. équilibre financier. attitude de la France
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Texte de la QUESTION :
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M. Georges Hage attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation et le devenir de la compagnie aérienne Air Afrique. Cette compagnie née en 1961 regroupe onze Etats africains francophones et connaît aujourd'hui de graves difficultés financières consécutives d'un endettement très lourd. Cette dette estimée à deux milliards de francs trouve son origine dans le renouvellement de la flotte, en 1990, initiée par son PDG Yves Roland Billecart. Il apparaît que ce dernier aurait amené Air Afrique à reprendre des commandes d'Airbus A 310-300 annulées par des compagnies aériennes françaises et cela sans prendre en compte suffisamment les capacités de remboursement de la compagnie aérienne africaine. N'ayant pu honorer sa dette, le règlement des arriérés - de quelque 300 millions de francs - Air Afrique s'est vu contraint le 7 juillet 1998, à restituer quatre Airbus A 310-320 aux assureurs-crédits, qui viennent d'engager une procédure d'assignation auprès du tribunal de commerce de Paris. L'opinion publique africaine, en particulier celle des Etats membres, s'est fortement émue de cette décision qui peut avoir comme conséquence de placer Air Afrique dans une situation de cessation d'activité. Les comités d'Air Afrique demandent aujourd'hui une enquête publique sur une gestion qui a manifestement discrédité la France et son expertise. Cette réalité et la nécessité pour notre pays d'être en cohérence avec son souci affirmé de développer une nouvelle politique de coopération avec les pays africains justifieraient pleinement qu'il donne l'exemple en diligentant une enquête permettant de faire toute la lumière sur l'utilisation entre 1989 et 1996 des soutiens financiers accordés par la France à Air Afrique. Si les Etats africains, en dépit de leurs difficultés financières, ont décidé de s'impliquer davantage en réunissant une somme de 110 millions de francs correspondant au montant de leur participation au capital de la société de patrimoine, le soutien financier de notre pays demeure décisif pour assurer la pérennité et le redressement d'Air Afrique. Il y va de l'avenir de milliers d'emplois, mais ce serait aussi maintenir et développer l'un des rares exemples de l'intégration africaine et un outil essentiel des relations franco-africaines. La mise en place d'un véritable partenariat entre Air Afrique et Air France, prenant appui sur le savoir-faire de ses personnels et sa maîtrise des technologies, ne pourrait que servir les intérêts de notre compagnie nationale en favorisant de nouveaux rapports entre les deux entreprises. Cette voie permettrait de rejeter une privatisation présentée trop souvent comme la seule solution d'avenir pour Air Afrique alors qu'elle risque de mettre à mal la mission de service public, en mettant en cause du même pas, l'esprit de solidarité entre les Etats signataires des accords de Yaoundé. Il lui demande en conséquence de lui indiquer quelles dispositions entend prendre le Gouvernement afin d'assurer en coopération avec les pays africains partenaires de la France le sauvetage de la compagnie aérienne Air Afrique.
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Texte de la REPONSE :
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La France a soutenu Air Afrique depuis 1989 en lui apportant des financements importants. Entre 1989 et 1996, c'est 1,2 milliard de FF environ qui ont été ainsi mobilisés pour éviter la liquidation de la compagnie. Il n'y a aucune incertitude sur l'affectation des fonds publics français dont l'utilisation par la compagnie a été parfaitement contrôlée par l'administration française. L'acquisition de quatre avions Airbus en 1990 répondait à un besoin de la compagnie à l'époque et a été approuvée par le gouvernement français. Il faut rechercher la cause des difficultés financières de la compagnie, à partir de 1992, dans la guerre du Golfe qui a provoqué un effondrement du trafic à un niveau mondial. La dévaluation du franc CFA en 1994, en amputant le pouvoir d'achat de la clientèle africaine, n'a pas permis à la compagnie de se redresser. Lors du dernier financement, en 1996, le Président de la République française avait indiqué aux chefs d'Etats africains membres d'Air Afrique les conditions qui devaient permettre un redressement durable de la compagnie. Ces conditions portaient sur : un plan de restructuration conduisant en particulier à redéfinir le réseau et les moyens afin de réduire les coûts, un accord renforcé avec la compagnie Air France, afin de mieux coordonner les services et obtenir des économies d'échelle, l'appel à des capitaux nouveaux en provenance notamment de partenaires privés. Après avoir beaucoup tergiversé, la compagnie Air Afrique semble désormais acquise à ces orientations et disposée à les mettre en oeuvre. A ce jour, le gouvernement français n'envisage pas de nouvelles mobilisations de fonds publics au bénéfice d'Air Afrique, dont l'expérience a d'ailleurs montré qu'ils pouvaient aussi avoir pour effet de retarder certaines mesures d'ajustement nécessaires.
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